La Status of the Artist Act a été votée à l’Assemblée nationale le jeudi 13 juillet 2023. Bien que cette loi soit globalement bien accueillie par les artistes, certains expriment néanmoins quelques réserves au sujet du Professional in the Arts Council.
Près de sept ans après des consultations, incluant deux ateliers de travail menés par des experts de l’UNESCO à Maurice, l’amélioration des conditions et du statut professionnel des artistes est désormais une réalité. Cette loi vise à établir le Professional in the Arts Council et à accorder un statut aux artistes qui y adhèrent.
Dans son résumé, le ministre des Arts et du patrimoine culturel, Avinash Teeluck, a expliqué que ce conseil n’a rien à voir avec le Board de la défunte MASA (Mauritius Society of Authors ; NdlR). Il a ajouté avoir également tenu compte de certains éléments des consultants de l’UNESCO. Selon lui, la loi prévoit des dispositions pour les artistes occasionnels. Le ministre a ajouté que l’installation d’une branche du conseil à Rodrigues pourrait être envisagée.
Cette loi apporte des avantages pour les artistes, notamment la possibilité d’obtenir des prêts bancaires et de bénéficier d’une pension. Cette nouvelle a certainement réjoui les principaux concernés. Cependant, certains restent sceptiques quant au fonctionnement du conseil.
Nirveda Alleck, plasticienne professionnelle avec 26 ans d’expérience, se dit satisfaite que la loi ait été votée. « Nous l’attendions depuis longtemps. D’ailleurs, j’ai été partie prenante des rencontres quand les experts de l’UNESCO sont venus à Maurice. Nous allons dans la bonne direction », souligne Nirveda Alleck.
Cependant, elle précise que quelques points restent flous, notamment au sujet des prêts bancaires. Elle s’interroge si les banques ont adhéré à cette proposition et quelle est la marche à suivre. Pour ce qui est de la pension, Nirveda Alleck estime que la somme de Rs 20 millions qui sera injectée n’est pas adéquate.
Le conseil n’est pas indépendant. C’est une succursale du ministère"
La composition du Board du Professional in the Arts Council est un autre sujet qui fait sourciller la plasticienne. « Je pense qu’il faudra mettre en place un secrétariat qui fera la liaison entre le conseil et les ministères. Car je crois que la composition du Board avec des nommés du ministère n’est pas idéale. On se retrouvera comme avec la MASA. Un Board indépendant avec une équipe d’artistes de divers secteurs permettra de développer la politique de la culture et de réfléchir sur la direction que nous souhaitons prendre », précise Nirveda Alleck.
Zanzak Arjoon, artiste et président de l’Association des auteurs et compositeurs mauriciens (AACM), abonde dans son sens. Il est en faveur de la mise sur pied d’un Board indépendant du Conseil professionnel des arts.
« Le conseil n’est pas indépendant. C’est une succursale du ministère. La composition du Board aurait dû être votée et être réalisée par des artistes indépendants issus de divers secteurs artistiques et culturels. Les diverses sensibilités au sein de ce Board sont essentielles pour réfléchir sur l’industrie de l’art et de la culture », indique Zanzak Arjoon.
En ce qui concerne la pension des artistes, il souligne que le mécanisme qui sera adopté n’est pas encore connu. « J’aurais bien aimé savoir d’où viendra l’argent », ajoute-t-il.
Eswaree Chellygadoo, danseuse de Karagam Attam, est, quant à elle, satisfaite de la concrétisation du Statut de l’artiste. « C’est une bonne nouvelle, car les artistes sont confrontés à plusieurs difficultés en l’absence d’un statut officiel jusqu’à présent, notamment lorsqu’il s’agit de demander des prêts aux banques. Je suis très contente », dit-elle. Toutefois, elle exprime le besoin que les dispositions concernant la pension et le fonctionnement du conseil soient bien expliquées.
C’est le 29 mars 2006 que Maurice a ratifié la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO. Une des recommandations de cette convention est la reconnaissance, la promotion et la protection du statut de l’artiste. Dans le but de soutenir le développement d’une loi en ce sens à Maurice, des experts de l’UNESCO ont mené des consultations en février 2017 et en octobre/novembre 2017. Les dispositions et les mesures ont été mentionnées dans un rapport publié en février 2018.
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