La route meurtrière : cinq morts en une semaine

La route a encore une fois tué.  Cette semaine, cinq personnes y ont laissé leur vie. A ce jour, la route a fait 92 victimes dans 86 accidents fatals.

À Mare Tabac : deux mères pleurent la mort de leurs fils

Kamla Dhunoopa (52 ans) et Sharmila Ghoojooa (46 ans) pleurent la mort de leurs fils qui avaient toute la vie devant eux et des projets pleins la tête.  Un violent accident de la route a mis fin aux rêves de leurs enfants. Keshav Dhunoopa (25 ans) et son cousin Nilesh Ghoojooa (20 ans) ont été tués dans un accident de la route mardi après-midi à Mare Tabac lorsque la moto à bord de laquelle ils se trouvaient est entrée en collision avec une fourgonnette. Keshav Dhunoopa et Nilesh Ghoojooa sont morts sur le coup.  Les deux jeunes hommes laissent derrière eux une mère et une soeur inconsolables. « Ce jour-là, il venait de rentrer du travail.  Je lui avais dit de ne pas sortir et de se reposer mais il m'a dit qu'il voulait faire un tour » se lamente Kamla Dhunoopa.  Keshav Dhunoopa était un entrepreneur de la fabrication des articles en aluminium. 

« Il travaillait très dur même si c'était jour férié mardi, il a décidé d'aller travailler.   C'est triste  qu'il soit mort le jour de la fête de Ganesh Chaturthi.  A chaque fois qu'il y aura ces célébrations nous allons penser à lui tristement. » relate Raj Dowlut l'oncle de Keshav Dhunoopa. 
À New Grove au domicile de Nilesh Ghoojooa  règne une atmosphère lourde et pesante.  Les dernières paroles que Nilesh Ghoojooa a lancées à sa mère ne cessent de résonner dans sa tête. « Avant de prendre sa moto, il m’a dit qu’il reviendrait tout de suite. Il m’a demandé de lui préparer du vermicelle. Il n’a pas dit où il allait  », relate Sharmila Ghoojooa les larmes aux yeux. Cette dernière, dont l’époux a succombé à la maladie il y a six mois, perd à présent son fils dans des circonstances tragiques.

Nilesh Ghoojooa gagnait sa vie comme ébéniste.  Depuis le décès de son père, il était devenu le pilier de la maison. Nilesh Ghoojooa caressait le rêve de construire une maison car il louait celle où il habitait.  Il aimait s'occuper de sa moto et voulait en acheter une autre.  « Il voulait s'acheter une autre moto.  Je lui ai dit de prendre patience on ne peut pas avoir tout rapidement dans la vie » poursuit Sharmila Ghoojooa. « Il laisse un grand vide. C'est lui qui veillait sur moi et ma fille qui est âgée de 18 ans depuis la mort de mon époux » soutient Sharmila Ghoojooa.  Les deux cousins étaient très proches. « Li alé vini ici.  li ti pe reste tout » confie une tante de Nilesh Ghoojooa. 

Le conducteur du véhicule, un habitant de Plein-Bois l’Escalier âgé de 43 ans, est provisoirement inculpé d'homicide involontaire. Il a retrouvé la liberté conditionnelle après avoir fourni une caution. 

Dans sa déposition, le quadragénaire a expliqué qu’il se dirigeait vers Mare-Tabac lorsque la motocyclette qui se dirigeait en sens inverse l’a percuté. Le chauffeur de la fourgonnette a subi un alcotest qui s’est révélé négatif. L’autopsie pratiquée par les médecins légistes, les Dr Maxwell Monvoisin et Shaila Jankee Prasad, attribue le décès de Nilesh Ghoojooa et Keshav Dhunoopa à leurs multiples blessures.

Mélina, la fiancée de Keshav : « il est parti trop tôt »

Mélina Arnachellum essaie tant bien que mal de prendre courage après ce triste sort du destin. « Nous avions planifié beaucoup de choses. Il voulait agrandir sa maison et lancer son business dans la musique qui était sa passion. Il était Disc Jockey (DJ) dans les mariages » confie tristement Mélina Arnachellum. Keshav et Mélina projetaient de se marier l'année prochaine. « Nous devions nous marier religieusement. Je le connais depuis huit ans. Il était très gentil est attentionné » relate Mélina Arnachellum qui devra désormais envisager la vie sans  cet homme qui était son complice.

Un sexagénaire victime d'un délit de fuite

Le corps inerte de Somun Dooknah (68 ans) gisait sur l'asphalte à Beau Plateau Road Goodlands aux petites heures du matin mercredi.  La police de Goodlands, qui a été mandé sur les lieux soupçonne que le sexagénaire a été victime d'un délit de fuite.  Des débris ont été retrouvés à proximité d’elle.  Somun Dooknah vivait chez Imteeaz Damree un garagiste de la localité depuis le décès de son épouse. Il se rendait chez Imteeaz Damree pour dormir lorsqu'il a été renversé par un véhicule. 

Une équipe de la police de Goodlands et les limiers de la Criminal Investigation Division ont visionné les cameras de surveillance d'un magasin de pièces détachées pour véhicules qui se trouve près du lieu de l'accident jeudi mais n'ont rien trouvé.  L'enquête se poursuit.  Son ami Imteeaz Damree (52 ans) un habitant de Goodlands peine à croire  que l'homme qu'il hébergeait depuis cinq ans a perdu la vie dans des circonstances tragiques.  « Je pense qu'il venait chez lui lorsqu'il a eu cet accident. Il sortait très tôt pour faire des petits boulots dans la localité ensuite il rentrait le soir.  » relate Imteeaz Damree.  Ce dernier explique que Somun Dooknah habitait chez lui depuis le décès de sa femme.  

« Je ne pouvais pas  l'abandonner lorsqu'il m'avait dit qu'il n'avait plus personne » poursuit Imteeaz Damree.  Il explique qu'il connaissait Somun Dooknah car ce dernier avait déjà effectué  des travaux de gardiennage chez lui lorsque sa maison était en construction.  « Je le connaissais car c'était un habitant de la localité. Je m'occupais de toutes ses démarches et je l'emmenais à hôpital quand il était malade.  Toute ma famille a été triste en apprenant qu'il est décédé » confie Imteeaz Damree. 

À La Flora : un octogénaire renversé par un 4x4

Fin tragique pour Louis Francis Lafontaine (84 ans) un habitant de Camp Diable.  L'octogénaire traversait la route à la jonction de Savanne Road et La Flora lorsqu'il a été heurté par un 4x4 mercredi après-midi.  Il a été traîné de plusieurs mètres sur l'asphalte.  Son fils Jean Denis Lafontaine était avec lui au moment de l'accident n'a pu rien faire.

« Il s'en est fallu de peu pour que moi aussi je me fasse heurter par le véhicule qui ne s'est même pas arrêté après l'accident. Heureusement qu'un volontaire a accepté de transporter mon père à l'hôpital » relate Jean Denis Lafontaine.  Ce dernier explique qu'il sortait de son rendez vous à l'hôpital  quand cet accident est survenu vers 13h 30. Son père l'avait accompagné et ils rentraient chez eux au moment du drame. 

Louis Francis Lafontaine a été admis à l'hôpital Nehru à Rose-Belle où il a rendu l'âme quelques heures après.   Le conducteur du véhicule un habitant de Quatre-Bornes âgé de 36 ans s'est présenté au poste de police de Grand Bois vers 17h 30 pour dire qu'il a renversé un piéton. Il avait comparu en cour jeudi ou une accusation provisoire d'homicide involontaire a été logée contre lui.  Il a retrouvé la liberté conditionnelle après avoir fourni une caution de Rs 10 000.  Interrogé par les enquêteurs le trentenaire a expliqué qu'il roulait à 50km/h lorsque la victime a subitement traversé la rue devant lui.  Il a ralenti et a appliqué ses freins mais n'a pu éviter le piéton. 

À La Preneuse : un sexagénaire meurt au volant de sa voiture

Une violente collision entre une voiture et un autobus à La Preneuse a fait un mort et trois blessés. Purdooman Tatur (68 ans) un entrepreneur dans le domaine de la construction était au volant de sa voiture avec à son bord deux employés lorsqu'il a heurté un autobus de la société Elie and Sons, jeudi après-midi.   L'impact du choc a été d'une rare violence. 

Grièvement blessé Purdooman Tatur un habitant de Vacoas a été transporté à l'hôpital Yves Cantin à Rivière-Noire où les médecins devaient malheureusement constater son décès.    Le conducteur de l'autobus un habitant de Plaisance âgé de 36 ans a subi un alcotest qui s'est révélé négatif. Il a comparu devant le tribunal de Bambous pour homicide involontaire et a retrouvé la liberté conditionnelle contre une caution de Rs 20 000.

Le trentenaire qui s'est confié à l'hebdo/Le Dimanche explique qu'il revenait des funérailles au cimetière de Rivière Noire. Il se rendait à Tamarin pour déposer des personnes lorsque la voiture qui venait en sens inverse l'a heurté.   Il a essayé de serrer un peu vers la gauche mais n'a pu l’éviter. 

PRAT : des gilets fluorescents distribués

Le samedi 3 septembre dernier l’association Prévention routière avant tout (PRAT) a procédé à la distribution de gilets fluorescents à Arsenal pour sensibiliser les piétons et les utilisateurs de deux roues motorisée sur l'importance d'être visibles surtout la nuit.  Ces deux catégories d'usagers de la route sont les plus vulnérables. Pour Alain Jeannot président de PRAT il faut faire encore de la sensibilisation afin de prévenir les accidents.

« Mais il faut aussi améliorer les infrastructures et verbaliser encore plus ceux qui sont coupables d'entorses au code la route. Il y a des gens qui sont très indisciplinés, ils traversent la route n'importe comment » relate Alain Jeannot. « D'autre part il serait souhaitable qu'on augmente les facilités pour eux. Par exemple il y a très peu de passages piétons souterrains à Maurice. Il faut étudier la possibilité de passages souterrains a certains endroits et des passerelles aussi doivent être surveillés afin que les piétons soient encouragés à les utiliser » poursuit Alain Jeannot.

Il explique qu'il faut être intransigeant au niveau de la vitesse. Les « speed cameras » doivent aussi être placées à des endroits résidentiels.  Les usagers de deux-roues aussi doivent être plus disciplinés.