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La résistance s’amplifie contre le  réenregistrement des cartes SIM  

Tous les moyens sont bons pour contester le réenregistrement des cartes SIM. Si certains ont décidé de boycotter cet exercice, d’autres font entendre leur voix sur les réseaux sociaux ou portent l’affaire en Cour.

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La lutte contre le réenregistrement des cartes SIM ne faiblit pas. Pour rappel, cet exercice lancé le 31 octobre dernier doit prendre fin le 30 avril 2024. Il a pour but d’empêcher des trafiquants de drogues et d’autres  criminels  d’utiliser des cartes SIM qui ne sont pas enregistrées à leur nom à des fins illicites. Les cartes SIM de touristes ayant quitté l’île Maurice ou de personnes décédées sont particulièrement plébiscitées par les malfaiteurs pour brouiller les pistes. Toutefois, de nombreuses voix s’élèvent contre cet exercice et plus spécialement contre l’obligation d'inclure une photo autoportrait (selfie) afin que les préposés puissent vérifier qu’elle correspond à la photo de la carte d’identité de l’abonné. 

« Je refuse catégoriquement de me soumettre à un exercice de prise de photo à des fins de comparaison biométrique. À ce que je comprends, pour se réenregistrer, il faut qu'on soumette une photo. En ce qu'il s'agit de l'enregistrement en ligne, je peux éventuellement accepter, car l'abonné n'est pas devant l'opérateur. Mais qu'est-ce qui empêcherait un trafiquant de drogue de donner la photo d'une autre personne ? J'avoue avoir du mal à comprendre comment, dans une ère où nous avons WhatsApp, Facebook, Messenger, Skype, Zoom et une myriade de moyens de communication non enregistrés et anonymes, comment peut-on venir nous baratiner en nous disant que cet enregistrement va combattre le trafic de drogue ? Le trafiquant est-il si bête qu'il va contacter son cartel par téléphone ou SMS afin qu'il soit facilement repéré par les autorités ? Dans la tête de qui cela a-t-il un sens ? », indique Reuben Pillay, activiste, dans une déclaration au Défi Plus. 

Il se demande comment un tel exercice peut avoir lieu alors que la Cour suprême avait jugé la collecte de données biométriques anticonstitutionnelle dans le cadre  de  la  carte  d’identité. Reuben  Pillay  craint  que  les autorités soient en train de créer une base de données biométriques  afin  d’identifier et suivre les citoyens à travers le système de vidéosurveillance intelligent Safe City. « Le danger avec cette base de données de photos, c'est bien entendu l'utilisation de nos données biométriques avec les caméras Safe City. Ce système est assez sophistiqué pour identifier les gens qui marchent en chemin et  savoir  qui  était  où,  quand, avec qui, et durant combien de temps. Une source qui rencontre un journaliste pour dénoncer une  pratique  malsaine  n'a soudainement plus d'anonymat. Si un politicien signale une certaine condition d'emploi au sein du gouvernement, le pouvoir en place a les moyens, à travers ce système, de savoir quel fonctionnaire l’a rencontré pour que des sanctions suivent », prévient-il.

Pour leur part, les opérateurs de télécommunications doublent d’efforts  pour  encourager leurs abonnés à réenregistrer leurs cartes SIM avant la date butoir. D’ailleurs, l’un d’eux tient actuellement une campagne sur les réseaux sociaux. Dans l’une de ses publications, cette compagnie indique « re enrezistre ou SIM avan tro tard ». Un message qui déplait fortement aux internautes. « Pa faire nanien, cancel sim la, mo jette portable la dan salete », commente l’un d’eux. « ‘Avan tro tard’, c’est enn menas pou nou sa ? », se demande un autre.  « Sorry mais mo pas pense pu reenrezistre mo sim card aussi tot. Parski mo pas envi rent dans sa piez la », a indiqué un abonné en réponse au message de l’opérateur de télécommunications.  « Kifer zot pe force population vite couma. Ki ena de si urgent ? Akoz elections », clame haut et fort un internaute. 

Outre Internet, de nombreux contestataires se tournent vers la  justice,  à  l’instar  de  Rama Valayden. L’avocat a déposé une première plainte constitutionnelle en Cour suprême le 21 novembre 2023, suivie par celle du juriste Ivor Tan Yan. Le 6 février dernier, une autre plainte a été déposée par l’avoué Pazhany Rangasamy. Lui aussi cible particulièrement la photo et son stockage comme donnée biométrique. 

Au vendredi 9 février 2024, plus de 423 000 cartes SIM ont été réenregistrées selon l'Information and Communication Technologies Authority (ICTA). Cela alors que, selon Statistics Mauritius, au 31 décembre 2022, le pays comptait 2 096 800 cartes SIM en circulation.

« Big brother is watching », declare Arvin Booell

L'exercice de réenregistrement des cartes SIM continue à faire des vagues. Cette fois, c’est au tour du député Arvin Boolell de monter au créneau. Lors d'une conférence de presse le vendredi 9 février, à Ollier, le chef de file du PTr au parlement a déclaré : « Big Brother is watching. Pourquoi les enregistrements des cartes SIMs se termineraient-ils à la veille du meeting du 1er mai ? ». Il a également fait remarquer que cet exercice contribue à l'augmentation de la base de données sur chaque Mauricien. « Est-ce que cela a été fait avec leur consentement ? », se demande-t-il, tout en s'interrogeant sur l'absence de débats parlementaires sur un tel projet. Le député de la circonscription No. 18 (Belle-Rose/Quatre-Bornes) a déclaré qu’un profond sentiment d'inquiétude règne parmi les Mauriciens de tous bords au sujet de cet exercice. Ensuite, il a félicité l'activiste Ivor Tan Yan, ainsi que l'avoué Pazhany Rangasamy pour les démarches qu'ils ont entreprises en vue de contester la légalité du réenregistrement des cartes SIM. Dans le même souffle, Arvin Boolell lance un appel : « Je demande au MSM de rester loin du judiciaire ».Le député rouge a aussi commenté l’actualité gouvernementale, en particulier le désaccord entre la PPS Tania Diolle avec le maire de Quatre-Bornes à la suite du cyclone Belal, provoquant notamment un nouvel effondrement de mur au cimetière de Saint-Jean. « D’après mes sources, une décision a déjà été prise indiquant que Tania Diolle ne sera pas candidate aux prochaines élections. De plus, si Alan Ganoo continue de réclamer un ticket pour sa protégée, il pourrait également se retrouver sans ticket aux prochaines élections générales », a-t-il ajouté. Il a aussi parlé du leader du Muvman Liberater (ML), Ivan Collendavelloo. Ce dernier, selon lui, a confié à ses proches qu'il se sentait abandonné par Pravind Jugnauth, alors qu'il attendait de réintégrer le conseil des ministres.

 

 

 

 

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