À 72 ans, Lisette vit de la charité depuis trois ans. Elle doit aujourd’hui évacuer la maison qu’elle loue depuis 29 ans et lance un appel pour que quelqu’un lui vienne en aide. Elle est consciente qu’il est difficile de trouver une maison à louer quand on est mendiante…
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Ce visage vous dit quelque chose ? Voilà trois ans que Lisette Labonté Clara, âgée de 72 ans, passe ses journées dans les rues de la capitale à demander l’aumône. Elle voit passer des milliers de personnes tous les jours. Certains s’arrêtent pour lui donner quelques roupies, tandis que d’autres l’ignorent. Quand ce ne sont pas les passants qui l’insultent, ce sont les policiers qui la chassent.
La septuagénaire raconte qu’elle travaillait autrefois. « Pendant des années, j’ai travaillé comme cleaner dans un casino. Après la retraite, mon ex-patron m’a chargée de m’occuper de sa mère qui était malade. En tant que garde-malade, je restais à domicile. En sus de mon salaire, je pouvais dormir sur place. Il me donnait à manger et me permettait d’en apporter de temps à autre pour mes enfants. »
Lisette y travaillera jusqu’à ce que la malade décède. Mais comme elle n’est plus dans de bonnes dispositions physiques, elle ne trouve pas de travail. Sa maigre pension suffit à peine à couvrir ses besoins. Elle se rappelle encore du premier jour où elle a commencé à mendier : « C’est difficile d’aller vers quelqu’un et de lui demander de l’argent. Pendant des jours, je suis venue à Port-Louis. Je suis restée debout sans pouvoir parler aux passants. Je priais de rencontrer quelqu’un que je connaissais. »
Un jour, son ex-patron passe devant elle et lui remet Rs 25. « Je savais qu’il devait passer par là. Donc je suis restée toute la journée dans la rue à attendre que sa voiture passe. » Puis un jour, il déménage et n’emprunte plus la même rue.
Lisette se voit alors contrainte de se tourner vers des inconnus. « Depuis trois ans, je suis présente à Port-Louis de 9 h 30 à 15 heures. L’argent que j’obtiens me permet de manger. Parfois je rentre chez moi bredouille. Dans les meilleurs cas, je m’en sors avec Rs 150. Les gens me maltraitent. Certains n’hésitent pas à m’injurier en me lançant : ‘Tou banane ki ena ou pou dimande mem ou’.
À bout de force
D’autres, ajoute-t-elle, lui font des propositions indécentes. « J’ai même été battue par des femmes qui m’ont fait comprendre que cela les dérangeait que je leur quémande de l’argent. Quant aux policiers, ils m’empêchent de rester là et me conduisent aux Casernes centrales. Je comprends car ils ne font que leur métier et ne connaissent pas mes difficultés », souligne-t-elle.
« Le destin a décidé de s’acharner contre moi, car la maison que je louais depuis 29 ans est en ruine. Le propriétaire m’a demandé d’évacuer les lieux. Comme je n’ai pas d’autre endroit où habiter, je suis restée sur place. Il a saisi la justice pour que je m’en aille. Il est vrai que je ne suis pas en sécurité dans cette maison, car elle va bientôt s’écrouler, mais je ne veux pas me retrouver à la rue », relate Lisette, avant de fondre en larmes.
Cela fait plusieurs mois que la septuagénaire recherche une maison. « Je peux payer Rs 2 500 pour la location. Je supplie toutes les personnes qui peuvent me venir en aide de se manifester. Certaines savent que je suis une mendiante et ne veulent pas m’aider, pensant que je ne pourrai pas honorer mes engagements envers le propriétaire. Mais je les rassure : je paierai le loyer avec ma pension. C’est pour le reste de mes dépenses que je mendie. »
Lisette est visiblement à bout de force. Son état de santé se détériore, mais elle garde l’espoir de trouver un logement. Ceux qui veulent lui venir en aide peuvent l’appeler au 5796 0445. Ils peuvent aussi contacter notre rédaction en composant le 207 0666.
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