La progression du cancer colorectal inquiète

Un patient souffrant du cancer du colon peut être guéri à condition que la maladie soit dépistée à un stade précoce. C’est ce qu’affirme le Dr Denis Li Kam Wa, gastro-entérologue.

Invité de l’émission Xplik ou K Santé de Radio Plus, le Dr Denis Li Kam Wa dit avoir noté un rajeunissement du cancer du colorectal. Une tendance qui n’est observé non seulement à Maurice, mais aussi dans le monde. Raison : une trop grande consommation de viande rouge et de charcuterie, et pas assez de fruits et légumes qui contiennent beaucoup de fibres.

« Le cancer colorectal est en hausse constante à Maurice comme dans le monde entier. Chaque année, il y a de plus en plus de cas de cancer qui est dépisté », explique le gastro-entérologue. Une situation qui peut aussi s’expliquer par la plus grande prise de conscience de la population qui va ainsi se faire dépister. Mais les chiffres ne trompent pas non plus. « L’augmentation constante est alarmante », affirme le Dr Li Kam Wa.

Le cancer du colorectal a dépassé le cancer de la prostate parmi les types de cancer les plus fréquents chez les hommes avec 9,1 %. Chez les femmes, le cancer du colorectal a détrôné le cancer du col de l’utérus, passant de la troisième à la deuxième places des types de cancer les plus fréquents. Le pourcentage était de 8,8 % en 2015, selon le National Cancer Register.

Le risque d’avoir le cancer du colon peut être minimisé, précise le Dr Li Kam Wa. Quand la maladie n’est pas héréditaire elle peut être due à d’autres facteurs comme les polypes ou le syndrome de lynch qui fait qu’une personne aura tôt ou tard un cancer. Il y a aussi la maladie inflammatoire chronique (Crohn ou le rectocolite hémorragique) qui peut engendrer le cancer du colon si ce n’est pas traité convenablement.

« Il y a aussi les facteurs de risque sur lesquels on peut agir », souligne le gastroentérologue. éviter une trop grande consommation de viande rouge ou produits remaniés, comme les saucisses et burgers, peut diminuer le risque du cancer du colon. Il en est de même du tabac et de l’alcool. Il recommande aussi la consommation de viande blanche, telle que le poisson, des aliments contenant beaucoup  d’antioxydants.

Le Dr Li Kam Wa soutient que nombreux sont ceux qui ont délaissé la cuisine familiale et préfèrent manger du fast-food pour leur déjeuner au travail par exemple. Pour lui, privilégier une cuisine plus « saine » est conseillé au lieu des fast-foods.

Pour prévenir le cancer, il faut aussi combattre le phénomène de l’obésité. « Plus une personne est grosse, plus elle a tendance à développer un cancer. Afin d’éviter cela, nous invitons les personnes à pratiquer une activité physique régulièrement », fait valoir le spécialiste. « La sédentarité a une très grande incidence sur le cancer », affirme le gastroentérologue.

Ce type de cancer touche davantage les hommes que les femmes. Ces derniers sont plus enclins à consommer de la viande que les fruits et légumes. Ils sont des embonpoints également, selon le spécialiste.

Dépistage précoce

Dans les pays développés, il est recommandé de faire une colonoscopie avant l’âge de 50 ans. Il a été noté que la fréquence du cancer du colon débute à cet âge. Mais pour les personnes à risques, c’est-à-dire qui souffrent d’une maladie héréditaire, antécédent de cancer qui s’est développé autour de l’âge de 20 ans, par exemple, à cause du syndrome de lynche ou autre, il est important de pouvoir faire un test de dépistage avant cet âge. Cela est nécessaire afin de dépister un état « précancéreux » ou la présence des polypes.

L’examen par colonoscopie va permettre de les enlever. La colonoscopie doit être faite régulièrement chez ceux qui ont des polypes. Cela s’applique aux personnes qui ont une vie sédentaire et qui consomment régulièrement de la viande rouge. Pour les autres, c’est chaque cinq ans à partir de 50 ans. Ceux qui consomment de la viande blanche, comme le poulet ou le poisson, ont moins de risque d’avoir le cancer du colon.

Guérir ou être en rémission

Le cancer du colon et du rectum concerne le même endroit. Le rectum concerne le début du colon. Les deux entités ont été séparés, le rectum étant beaucoup plus vascularisé, ce qui fait que ce type de cancer est plus dangereux. Il se développe plus vite que celui du colon qui prend plus de temps. Autrement, c’est le même type de cancer, d’où le cancer colorectal. Ce type de cancer est la troisième cause de mortalité parmi ceux atteint de cette maladie. Il est considéré comme un « bon cancer » car si dépisté tôt (au stade 1 ou 2), le malade peut guérir et non être en rémission.

Signes

Des saignements dans les selles ne sont pas à prendre à la légère. La première fois cela peut être bénigne et être dû aux hémorroïdes. Il est toutefois recommandé de suivre la situation de près encore plus quand on atteint l’âge de 40 ans.

Autrement, le cancer colorectal ne présente pas de grands symptômes au début. Mais quelques observations peuvent mettre la puce à l’oreille. Par exemple, une personne qui a l’habitude d’aller plusieurs fois (2 ou 3 fois) à la selle, peut subitement être constipé. Pis, avoir une alternance de constipation et diarrhée ou commence à avoir des diarrhées régulièrement.

Il y a aussi le phénomène de l’envie d’aller aux toilettes. Ces signes doivent être prises en considération. Avoir un avis médical sur la situation est importante. Il ne faut avoir ni honte ni peur d’en parler. Si l’état s’aggrave, d’autres symptômes peuvent apparaître, comme l’anémie, dû à des saignements à répétition, perte de poids et la fatigue.

Colonoscopie

En cas de nécessité, un examen des selles ou encore une colonoscopie peut s’avérer nécessaire. Cet examen n’est pas aussi effrayant qu’il en a l’air rassure le Dr Li Kam Wa. La colonoscopie se fait en deux phases : la préparation et l’examen de l’intestin. Afin de bien voir l’intestin qui doit être propre.

Pour cela, le patient doit boire au moins deux litres d’une solution qui va l’aider à nettoyer son intestin. L’examen se fait au moyen d’un tube muni d’une caméra qui va se promener du rectum au cecum qui représente la terminaison de l’intestin. Dans la majorité des cas, le patient ne ressent aucune douleur ou gêne, étant sous sédation et non une anesthésie générale.

Traitement

À un stade précoce, une intervention chirurgicale est nécessaire. Cela n’aggrave en aucun cas l’état de santé du patient. Pour le Dr Li Kam Wa, il ne peut s’agir du fait que l’opération a été faite trop tardivement et que la maladie a eu le temps de se métastasé, c'est-à-dire de répandre dans le corps : le foie et le poumon, par exemple.

Une personne est considérée guérie si rien n’a été révélé au bout de cinq ans. Au stade précoce de la maladie, le patient n’a même pas besoin de faire une chimiothérapie ou autre traitement. La chirurgie est ainsi le seul traitement. Certain au stade 2 n’ont pas besoin de chimiothérapie mais une fois passé ce cap, ce traitement devient nécessaire. Cette étape est assez contraignante et fatigante, mais contrairement à d’autres cancers, c’est un traitement qui est bien toléré.