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À la prison de Beau-Bassin - Sameer Jugurnauth, 49 ans, battu à mort en détention

Sameer Jugurnauth, 49 ans, agressé à la prison de Beau-Bassin, a rendu l’âme à l’hôpital de Rose-Belle.
  • Mo mem ti bat sa misier la en premyer dan cell numero 3 ek Gangoo ti bat li plis apre », confie un détenu"

L’enquête autour de la mort de Sameer Jugurnauth progresse. L’agression mortelle dont a été victime le quadragénaire à la prison de Beau-Bassin pourrait être requalifiée en meurtre compte tenu des preuves et des témoignages des divers détenus. Sa famille réclame justice.

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Dans la nuit du lundi 4 mars 2024, vers 22h20, Sameer Jugurnauth, 49 ans, qui avait été admis à l’hôpital J. Nehru, Rose-Belle, la veille, a rendu son dernier souffle. Le rapport de l’autopsie pratiquée hier, mardi 5 mars, par le médecin légiste Dr. Gungadin, indique que son décès est dû à une hémorragie intracrânienne.

Le quadragénaire avait été arrêté par la CID de Terre-Rouge depuis le 22  février 2024 dans le cadre d’une enquête sur une  affaire de vol. Le vendredi 1er mars, il a été transféré à la prison de New Wing à Beau-Bassin, en détention préventive, en attendant que ses proches règlent sa caution. Malheureusement, rien ne s’est passé comme prévu. Le dimanche 3 mars, une plainte a été déposée par un officier de la prison au poste de police de Barkly pour  « alledged serious assault ». Il a relaté aux enquêteurs que ce jour-là, vers 6h50, il était de service dans le Bloc A de la prison pour vérifier et compter les prisonniers en détention préventive.

Toutefois, en arrivant à la cellule No. 3, Landing 1, il a trouvé Sameer Jugurnauth allongé nu sur son matelas. Sans tarder, il a informé son supérieur de la situation et les deux hommes sont ensuite entrés dans la cellule où ils ont trouvé le détenu tremblant et inconscient. Il avait une bosse sur le côté droit de la tête et son oreille droite était enflée. Le médecin de la prison est intervenu et l’a référé à l’hôpital J. Nehru, Rose-Belle. 

Six déténus  interrogés

Le lundi 4 et le mardi 5 mars, le CI Moorghen et son équipe de la police Barkly se sont rendus à la prison de Beau-Bassin pour mener l’enquête. Un exercice de reconstitution a eu lieu dans la cellule du détenu, en compagnie de l’officier de prison et d’un témoin oculaire. Il s’agit d’un prisonnier bangladais, Minhaj Uddin, 37 ans, qui a désigné plusieurs endroits aux enquêteurs. Le photographe et le dessinateur de la police, ainsi que des officiers du Scene of Crime Office et Forensic Science Laboratory (SOCO) et le FSO, entre autres, ont été mandés sur place.  Plusieurs échantillons de sang ont été prélevés sur un matelas en éponge et sécurisés à des fins d’examen. 

De plus, le CI Moorghen a interrogé six détenus qui se trouvaient aussi dans la cellule où Sameer Jugurnauth a été agressé. Parmi, Hans Varun Gangoo, âgé de 31 ans, un policier détenu pour un cas d’importation de drogue. Il a indiqué qu’il était présent lors de l’incident, mais qu’il fournirait sa déposition en présence de son avocat. « Oui ti ena ene incidan dan cell numero 3 landing 1 block a kot mo ti ete aven me mo pou done mo lenquete en presence mo avocat », a-t-il déclaré.

Ensuite, une fois informé des procédures de l’enquête et du fait que la police avait des raisons valables de penser que sa paire de sandales, de couleur marron, qu’il possédait, aurait pu être utilisée pour agresser la victime, il a décidé de remettre volontairement l’objet qui a été sécurisé en tant que pièce à conviction.

Le détenu Visham Parasamudu, âgé de 35 ans, a été également entendu. Il a déclaré aux enquêteurs :  « Mo mem ti bat sa misier la en premyer dan cell numero 3 ek Gangoo ti bat li plis apre. Mo daccor pou donne mo lenkete par mo mem ». Pour sa part, Neerish Sooroopsing,  42 ans, qui se trouvait aussi en détention préventive, a avoué aux policiers : « Gangoo ek parasamudu fine bat sa misier la coup pied, mo daccord pou donne lenket ». Le CI Moorghen a également interrogé le détenu Jean Adriano Keil, âgé de 26 ans, qui a déclaré : « Ene misier ti gagne vertige dan casso  numero 3 landing 1 block A kot mo ti ete asoir ek gramatin mo fine trouve li emba lor matela, mo pou donne mo lenket avec avoka ».

L’enquête se poursuit. Il est très probable que l’affaire sera traitée comme un cas de meurtre. Entretemps, les proches de Sameer Jugurnauth sont remontés et réclament justice. Le quadragénaire avait passé une semaine en cellule policière, avant d’être traduit le vendredi 1er mars dernier en cour de Pamplemousses où  la police n’avait pas objecté à sa remise en liberté conditionnelle.  «  Kan mo ti alle guete li dans cellule lapolis Terre Rouge, li dir moi, mama fini rode cash tire moi lor caution aven ramadan. Li dir moi ene fauss charge ki fine met lor li jamais li kokin li  », confie la mère du défunt.

La cour avait fixé une caution de Rs 25 000, malheureusement, ses proches ne disposaient pas de cet argent. De surcroît, il était déjà trop tard, car la caisse de la cour était déjà fermé. C’est ainsi que le quadragénaire a été renvoyé en détention préventive à la prison de New Wing à Beau-Bassin. Il était censé y passer le week-end jusqu’au lundi 4 mars, date à laquelle ses proches avaient fait une demande pour un « court order » afin de le conduire au tribunal, où sa mère devait payer sa caution. 

Un des proches de Sameer Jugurnauth nous explique que lundi, ils se sont rendus en cour et attendaient son arrivée pour entamer les procédures de sa liberté conditionnelle. Toutefois, il n’est jamais venu. « Nou ti bizin telefon la prison pou demande poukwa zot pa ti amenn li kot lakour pou apran kin lin admi dan ICU hopital Nehru depi dimans swar parski linn gagn bate. Pourtan li sou responsabilite prison. Kote bann ofisie la ti ete ? », indique un proche de la famille. 

 

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