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La police indienne perquisitionne les domiciles de journalistes et de militants

Source: BBC

Les autorités indiennes ont perquisitionné les domiciles de journalistes et de militants tôt mardi, suscitant de vives inquiétudes dans ce pays qui a dégringolé dans les classements évaluant l'état de la liberté d'expression et de la presse.

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Les journalistes perquisitionnés sont notamment des collaborateurs du site d'information en langue anglaise NewsClick. Les autorités indiennes ont déposé une plainte en 2021 alléguant que le média recevait des fonds de l'étranger.

En août, le New York Times avait rapporté que NewsClick était financé par le millionnaire américain Neville Roy Singham qui "émaillait sa couverture de points de vue du gouvernement chinois", affirmation que l'intéressé a démentie.

Aritry Das, une journaliste de NewsClick, a raconté que la police avait fait irruption à son domicile, mardi vers 6 heures du matin,  et l'avait interrogée sur ses reportages.

"La police de Delhi a débarqué chez moi. Ils ont pris mon ordinateur portable, mon téléphone, mes disques durs", a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter).

Selon elle, la perquisition semble liée à une procédure engagée contre NewsClick en vertu de l'Unlawful Activities Prevention Act (UAPA), une loi antiterroriste très stricte qui rend pratiquement impossible l'obtention d'une libération sous caution.

Plusieurs perquisitions ont eu lieu dans la capitale New Delhi et à Bombay.

Les domiciles des journalistes Aunindyo Chakravarty, Prabir Purkayastha, Bhasha Singh et Paranjoy Guha Thakurta, de l'humoriste Sanjay Rajoura et du militant Teesta Setalvad ont été perquisitionnés, selon la presse locale.

L'historien et militant Sohail Hashmi, aussi perquisitionné mardi, a dû remettre aux autorités son ordinateur portable, son téléphone et des disques durs contenant plus d'une décennie de ses écrits.

- "intimidation et répression" -
"D'après le mandat qu'ils m'ont montré à contrecœur, la descente à mon domicile était liée à une enquête sur NewsClick", a déclaré à l'AFP M. Hashmi, estimant qu'il s'agissait d'une "combinaison d'intimidation et de répression de la liberté de la presse et de la liberté d'expression".

La police n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP.

Interrogé sur ces perquisitions par des journalistes, le ministre indien de l'Information et la Radiodiffusion, a déclaré "je n'ai pas besoin de me justifier".

"Si quelqu'un a commis des actes répréhensibles, les agences sont libres de mener des enquêtes", a-t-il poursuivi, cité par la chaîne NDTV.

Dans un communiqué, le Club de la presse de Bombay a exprimé sa "profonde inquiétude" indiquant que "plusieurs journalistes affiliés à NewsClick ont fait l'objet de perquisitions".

Le Club a demandé à la police de cesser "ce qui est perçu comme une campagne de harcèlement ciblée contre ces journalistes".

L'organisation des professionnelles des médias, Network of Women in Media, a jugé "choquantes" ces perquisitions ciblant "d'éminentes voix dissidentes".

A l'arrivée du gouvernement nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi en 2014, l'Inde figurait au 140e rang sur 180 pays du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF). En 2023, le pays se classe au 161e rang, soit un recul de 21 places en neuf ans, dont 11 depuis l'an dernier.

Les journalistes critiques du gouvernement disent subir un harcèlement accru, y compris sur les réseaux sociaux - où le parti au pouvoir de M. Modi est très actif.

En examinant scrupuleusement les finances et limitant les financements étrangers des défenseurs des droits, le gouvernement de M. Modi exerce une pression sur leurs activités, affirment-ils.

© Agence France-Presse

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