La polémique enfle autour du projet de ferme d’élevage de singes à Le Val

Jeudi, une vingtaine d’officiers de différents ministères (Santé, Environnement,…), et autres autorités comme du conseil de district, se sont rendus à Le Val dans le cadre des procédures pour l’obtention ou le rejet de la demande de permis EIA (Environment Impact Assessment) de Hammerhead International Ltd.

Cette dernière projette d’établir une ferme d’élevage de primates, soit des macaques à longue queue, sur quatre emplacements éparpillés sur un terrain de 100 arpents de Rose-Belle Sugar Estate, compagnie sucrière appartenant au gouvernement. Le promoteur souhaite y élever jusqu’à 12 000 singes pour exportation vers des laboratoires de recherche.

Or, des voix s’élèvent contre ce projet. Parmi, des ONG locales et internationales, mais aussi des membres de l’opposition.

À la confusion s’est ajoutée Rose Belle Sugar Estate qui a émis un communiqué jeudi à 15h24 sur sa page Facebook alors que des officiers ont tenu une réunion le même jour pour examiner la demande de permis EIA. « Suite à certains commentaires infondés qui sont actuellement propagés sur les réseaux sociaux, la direction de Rose Belle Sugar Estate tient à informer le public qu’elle n’a accordé aucun bail (Lease of land) à Le Val ou à qui que ce soit pour l’élevage de singes », peut-on y lire.

Joanna Bérenger, députée du MMM, s’étonne de cette visite sur les lieux. « Rose Belle Sugar Estate a dit qu’il n’y a pas de bail. Donc, comment est-ce qu’autant d’officiers peuvent se déplacer pour participer à une réunion à Le Val et comment est-ce que le ministère de l’Environnement peut considérer une demande de permis EIA pour un projet qui n’a pas de terrain. Le problème est qu’il y a des irrégularités au niveau des actions des autorités. Si ce ne sont pas des faveurs accordées, alors je ne sais pas ce que c’est. Comment le promoteur peut-il dire sur Facebook que personne ne peut l’empêcher d’avoir un permis ? Les autorités doivent répondre », dit-elle.

Pour rappel, le 14 novembre dernier, au Parlement, Vikram Hurdoyal, alors ministre de l’Agro-industrie, devait dire que « le bail d'une durée d'un an a expiré depuis la délivrance de la lettre d'intention à Hammerhead International Ltd concernant la location de 234,32 hectares de terrain à Le Val, assortie de diverses conditions. Suite à un avis juridique, le conseil d'administration ne procédera pas à l'octroi du bail à Hammerhead International Ltd ».

Mais Shafeek Jhummun, directeur de Hammerhead International Ltd, manifeste son désaccord. Il soutient être dans son plein droit. Le 21 août 2021, il a obtenu une « letter of intent » du ministère de l’Agro-industrie. Depuis, dit le promoteur, il a investi Rs 65 millions, dont Rs 25 millions uniquement pour le terrain du Val. Le 22 septembre 2022, Shafeek Jhummun recoit la « letter of award » de Rose Belle Sugar Estate pour le bail dudit terrain. « Le 28 septembre 2022, j’ai déboursé Rs 4 millions pour la première année de location. Le pre-lease agreement a été signé le même jour avec la condition que le bail soit signé dans un laps de temps d’un an. Mais, ce n’est que fin juin 2023 que je reçois mon plan du site, c’est-à-dire neuf mois après. Cela a tout ralenti. Ce n’est qu’à partir de là que j’ai pu commencer à travailler sur le dossier de demande d’EIA que j’ai soumis en décembre », affirme-t-il.

Mais, le 5 février dernier, Rose Belle Sugar Estate indique dans une lettre ne pas vouloir aller de l’avant avec la signature du bail sous prétexte, selon le promoteur, que « c’est un projet controversé ». Le directeur de Hammerhead International Ltd soutient que la compagnie sucrière lui donne jusqu’au 6 mars pour évacuer le terrain. « Valeur du jour, je peux toujours occuper le terrain. Je ne suis donc pas en situation illégale. Puis, j’ai fait appel auprès de Rose Belle Sugar Estate et tant que je n’ai pas de réponse finale suite à cet appel, l’accord de départ tient toujours », lance-t-il tout en menaçant d’aller en Cour si son appel est rejeté. « Rose-Belle Sugar Estate n’a pas le droit d’annuler le bail car le ministère de l’Agro-industrie a donné une letter of intent me permettant d’aller de l’avant avec mon projet », précise-t-il.

Shafeek Jhummun accuse « des politiciens de tout bord de jouer le jeu des compagnies qui font de l’élevage de singes pour l’exportation ».