Si dans le passé, les femmes étaient perçues comme des mères et des épouses avant tout, au fil des années, elles se sont imposées dans le monde du travail.
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C’est au terme d’un long combat mené par des activistes que les femmes ont fait valoir leurs droits, dont celui à l’éducation et au travail. Aujourd’hui, de nombreuses femmes occupent des postes de responsabilité tant dans le secteur public que privé alors que d’autres gèrent avec succès leurs propres entreprises.
Mala, 75 ans, se souvient encore de ces années où les femmes n'avaient aucun droit dans une société patriarcale. « À l’époque, la plus grande injustice, c’était que les filles, surtout celles de la classe laborieuse, ne pouvaient aller au collège après la sixième. L’éducation secondaire était payante et les familles préféraient payer l’éducation des garçons », fait-elle ressortir.
C’est ainsi qu'à l'époque, la plupart des jeunes filles devenaient couturières et femmes de ménage. Les plus chanceuses ouvraient une école préprimaire, connue à l’époque comme ti lekol pour apprendre à lire et à écrire aux plus petits.
Mala, elle, a pris de l’emploi comme laboureur sur une propriété sucrière. Elle se levait très tôt le matin pour prendre le camion afin de se rendre dans les champs. « Nos salaires étaient nettement inférieurs à ceux des hommes et cela, alors que nous travaillions aussi dur qu'eux », confie-t-elle.
De son côté, le président de la Free Democratic Unions Federation, Désiré Guildhary, parle de ces femmes qui ont vaincu les préjugés pour aller travailler dans la zone franche. « Elles ont été à la source du succès de l’industrialisation à Maurice », fait-il ressortir. Il affirme que ces ouvrières ont travaillé dans des conditions très difficiles, parfois à des heures indues, afin d’honorer les commandes des usines. « C’est grâce à leur travail qu’elles ont pu financer avec succès l’éducation de leurs enfants, qui sont aujourd’hui des professionnels dans plusieurs domaines », laisse-t-il entendre.
Le dirigeant syndical a une pensée spéciale pour ces milliers de femmes qui travaillent dans l'hôtellerie, le commerce, l’éducation, la sécurité et plusieurs autres secteurs d’activités qui ont largement contribué à la réussite de l’économie mauricienne.
Un brin d’histoire
La Journée internationale des Femmes est la culmination d’une longue lutte menée par des activistes, certaines au prix de leur vie, pour promouvoir les droits de la Femme dans le monde. Le 18 décembre 1972, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies adopte une résolution proclamant l’année 1975 « Année internationale de la Femme ». En décembre 1977, l’ONU adopte une autre résolution qui proclame le 8 mars comme « Journée des Nations Unies pour les droits de la Femme et la paix internationale ».
La parole à...
Boopa Brizmohun : « Les femmes sont plus nombreuses dans le secteur public »
Fonctionnaire et secrétaire de la Fédération des syndicats du secteur public, Boopa Brizmohun a été témoin de l’évolution de la femme au sein de la Fonction publique au cours de ces dernières années. « De plus en plus de femmes sont recrutées dans le secteur public et plusieurs y occupent des postes de responsabilité. » Elle explique que cette évolution a commencé avec l’éducation gratuite qui a permis la scolarisation des jeunes filles qui sont aujourd’hui aussi qualifiées que les garçons.
« Graduellement, la perception que les garçons font mieux que les filles au travail a disparu et aujourd’hui, toute personne qualifiée, peu importe le genre, peut aspirer à un emploi dans la Fonction publique. »
Quant aux autres changements au niveau de la Fonction publique, la syndicaliste souligne qu'aujourd’hui, les femmes fonctionnaires peuvent contribuer au Civil Service Family Protection Scheme. Ce qui fait que si la femme décède, son époux ou ses enfants mineurs ou étudiant à l’université ont droit à une allocation financière provenant de sa contribution à ce fonds.
Charlène Cunden-Sholay : « Les femmes ont vaincu plusieurs obstacles »
Conseillère en gestion d’entreprise, Charlène Cunden-Sholay gère sa firme de comptabilité. Elle se réjouit que les femmes aient pu vaincre de nombreux obstacles et aient réussi à s’imposer dans le monde du travail. « Aujourd’hui, plusieurs sont des chefs d’entreprises alors qu’avant, c’était inimaginable. »
Rehana Ameer : « Il faut mieux protéger les femmes au travail »
La secrétaire de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions reconnaît que la condition des femmes s'est bien améliorée, notamment sur le lieu de travail. Toutefois, elle affirme que, selon des témoignages qu’elle a reçus, certaines femmes sont toujours victimes de harcèlement sexuel et de discrimination au travail. Elle explique que plusieurs préfèrent garder le silence par peur de représailles ou pour préserver la réputation de leur famille.
Elle estime que la Journée internationale de la Femme aurait dû être l’occasion pour les autorités de réfléchir en profondeur sur ce problème et de venir avec des résolutions afin de mieux protéger les femmes sur leur lieu de travail.
Isabelle Arekion : « Il y a un manque d’encadrement »
Cadre administratif, Isabelle Arekion trouve que la femme mauricienne a beaucoup évolué durant ces dernières années. Toutefois, elle estime qu’il y a un manque d’encadrement pour l’aider à mieux s’épanouir. « On a toujours cette perception que les femmes ne peuvent faire aussi bien que les hommes dans certains domaines, bien qu’elles aient prouvé le contraire. »
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