50 ans après avoir obtenu son indépendance, la nation mauricienne s’est affirmée mais se cherche toujours. Il n’est pas aussi simple de définir le Mauricien, surtout lorsque politique, religion et statut social entrent en jeu. Nous avons sollicité l’avis des athlètes qui ont fait flotter le quadricolore mauricien à travers le monde. Ils nous livrent leur vision de cette nation mauricienne.
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Stephan Buckland est l’un des meilleurs athlètes que Maurice ait connu. Étincelant en sprint court, il s’est fait un nom dans le monde de l’athlétisme. Cet habitant de Résidence Mangalkhan est perplexe en parlant de cette nation mauricienne. « C’est dommage de voir la nation mauricienne telle qu’elle est. J’ai l'impression qu’elle n’est pas encore bien bâtie. Nous sommes divisés en prenant en compte la couleur de la peau, la religion. Mais avant tout, nous sommes tous de la race humaine », explique le sprinteur.
Pour arriver à changer ce décor, Stephan Buckland est d’avis que chacun doit prendre les choses en main. « Le changement est possible mais nous devons arrêter de nous laisser influencer par la classe politique. Le mauricianisme doit exister tous les jours, pas seulement quand un sportif ou un chanteur fait honneur à Maurice », souligne-t-il.
Toutefois, le 12 mars c’est l’occasion de se rappeler l’importance de la nation. Mais la construction d'une nation reste un long processus. La nation mauricienne est en cours de construction. Il y a de temps en temps des obstacles qui viennent se mettre au travers de ce processus.
Mais il y a aussi des événements qui l'accélèrent. Pour Richard Sunee, seul Mauricien ayant remporté une médaille d’or aux Jeux du Commonwealth, la nation mauricienne est en progression. « Je suis fier, depi 50 an nou ankor pe dibout lor nou lipie, me nou bizin pli soude. Nous sommes en cours de construction malgré les difficultés auxquelles nous faisons face. Le peuple mauricien a différentes cultures mais nous devons faire en sorte de bâtir une belle nation mauricienne », fait ressortir Richard Sunee.
Bruno Julie, médaillé de bronze aux Jeux Olympiques en 2008 à Pékin, a réussi l’exploit de s’infiltrer dans le cercle privilégié des médaillés olympiques. Pour avoir une vraie nation mauricienne, la solution est la solidarité
« Avant, pendant et après les Jeux Olympiques, le peuple mauricien était uni avec ferveur autour de cette médaille. Depuis, je n’ai jamais ressenti cette solidarité mauricienne. Pour devenir cette nation mauricienne tant recherchée, nous devons être solidaires dans tous les domaines, que ce soit pour le sport ou autre chose. Avec les fléaux qui touchent notre société, nous devons agir ensemble, car notre société est malade », dit le boxeur.
Pamela Wong, adepte de la pétanque, vise sur la nouvelle génération pour redorer le blason de la nation mauricienne. Cette dernière aimerait voir Maurice avec une culture sportive comme tel fut le cas dans le passé.
« Nous n’adoptons pas cette culture sportive qui peut nous aider à avoir une vraie nation mauricienne. Nous nous concentrons plus sur les études et le travail. Je crois en la capacité de la nouvelle génération d'adopter cette culture. Depuis l’indépendance, il y a eu beaucoup de progrès. Il ne faut pas critiquer uniquement, nous devons bouger et non attendre que le pays bouge pour nous », précise la bouliste.
Nouvelle génération
Quant à Sheila Seebaluck, ancienne sprinteuse et coureuse de demi-fond, elle est d’avis que pour arriver à une vraie nation mauricienne, la route est encore longue. « Il faut se rassembler pour arriver à une vraie nation. Nous devons utiliser les grands événements pour nous rassembler. Avec l’approche des Jeux des Iles en 2019 à Maurice, ce sera une aubaine pour le peuple mauricien. Politiquement, le chemin est encore long », laisse entendre l’ancienne athlète et nouvelle CEO du TFES (Trust Fund for Excellence in Sports).
Dans le monde du football, on le surnomme Monsieur But. Lui, c’est Ashley Mocudé. Entre vraie nation et nation en construction, pour le footballeur c’est du 50-50. « La situation est compliquée. La politique et le communalisme gâchent la nation mauricienne. Le système politique est dépassé. Il faut mettre de l’ordre pour la nouvelle génération car l’exemple vient d’en haut. Les jeunes sont de plus en plus dégoûtés par la politique. Notre pays est en phase de développement mais le travail doit continuer. Cependant, le gros problème reste le mauricianisme. Nous ne devons pas avoir de barrière avec la religion, car nous sommes Mauriciens avant tout. De mon coté, je suis très fier d’avoir représenté le quadricolore mauricien. Ensemble, nous pouvons devenir une magnifique nation mauricienne », précise Ashley Mocudé.
Le billardiste, Saleem Moussa, est quant à lui d’avis que tout le monde a son rôle pour que Maurice s'unifie. « Depuis l’indépendance, l’unité s’est consolidée, mais le meilleur est à venir. Il faut une volonté du peuple mauricien pour devenir cette vraie nation mauricienne », avoue Saleem Moussa.
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