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La misère après la retraite

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Après la retraite, plusieurs vieilles personnes vivent uniquement de leur pension de vieillesse et ainsi, se retrouvent du jour au lendemain dans la misère.

Gérard Cadou, 71 ans, dépend entièrement de sa pension de vieillesse de Rs 5 810 pour faire face aux aléas de la vie. De cette somme, cet habitant de Chemin Grenier, doit déduire Rs 3 000 pour la location de sa maison. Avec la somme de Rs 2 810 restante, il doit payer les factures d'eau, d'électricité, du téléphone et suppléer, aussi à ses dépenses ménagères. Il explique qu'il se retrouve souvent sans le sou. C’est ainsi qu’il est contraint d'acheter à crédit dans la boutique du coin pour pouvoir suppléer à ses  besoins. Étant seul, il affirme qu'il ne reçoit l'aide de personne. Ses enfants sont mariés et ont leurs  propres responsabilités familiales. 

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Gérard Cadou, 71 ans, peine à subvenir à ses besoins.

Il raconte que dans le passé, il a travaillé pendant une dizaine d'années dans une compagnie de construction, puis sur un bateau de pêche. Il affirme qu'il s'est même rendu au Japon pour pêcher des thons. Ensuite, il relate avoir effectué des petits boulots par-ci, par-là. «  Je gagnais bien ma vie, mais malheureusement, comme je travaillais à mon propre compte, je ne contribuais pas à la pension nationale, sinon, aujourd’hui, j'aurais bénéficié d'une somme d'argent additionnelle », dit-il.

Gérard se plaint du fait que les vieilles personnes arrivent difficilement à trouver un travail. Si, elles arrivent à décrocher un emploi, elles se voient proposer fréquemment un salaire de misère.

Le cas de Soneea R. est aussi peu enviable. À 80 ans, elle se retrouve seule et abandonnée par ses enfants. On lui a rendu visite dans la maison qu'elle loue à Rs 3 500 par mois à Chemin Grenier et qui se compose seulement de deux pièces exiguës, dont l'une sert de cuisine. Son mobilier, acquis à l'époque où elle travaillait, consiste que de deux chaises en formica et d'un lit. Elle n'a ni armoire ni table et ses vêtements sont entassés dans des  boîtes.

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Potaya Kuppan plaide pour une augmention
de la pension de vieillesse.

Dans la cuisine, on y trouve une plaque à gaz et des légumes. Comme Gérard  Cadou, Soneea R. dépend que sur sa maigre pension de Rs 5 810 par mois.

Les vieilles personnes arrivent difficilement à trouver un travail...

Elle explique qu'outre ses dépenses ménagères, elle doit aussi payer les mensualités du Housing Loan pour une maison occupée par un de ses enfants. « Mo fine faire demarch pou gagne ene la case. Mo ti fille pe reste ladan et cest mo cash ki pe coupé chaque mois. Depi ki li fine marie, li pas vine guette moi di tout. Heureusement, ki mo banne voisin veille lors moi surtout kan mo malade », dit-elle.

Le président de la Southern Old People Association, Potaya Kuppan explique que plusieurs vieilles personnes se retrouvent dans la même situation que Gérard et Soneea. Lors d'une  fête organisée récemment dans le cadre de la Journée internationale des vieilles personnes, il a plaidé pour une augmentation de la pension de vieillesse. « Certes, je suis reconnaissant envers le gouvernement qui accorde aux vieilles personnes une allocation mensuelle pour leurs vieux jours, mais il faut reconnaître qu'avec la hausse du coût de la vie, comme les prix exorbitants de certains médicaments, un grand nombre de seniors arrivent difficilement à joindre les deux bouts », dit-il. Ce dernier souhaite aussi que le gouvernement lance un plan de logement « low-cost » pour les personnes âgées qui peinent à trouver une maison.

Les  différentes pensions octroyées

À ce jour, 214 317  citoyens de la République, âgés entre 60 et 89 ans, jouissent de la  pension de vieillesse qui est de Rs 5 810 par  mois. Parmi, il y a 209 346 Mauriciens et 4 858 Rodriguais. De plus, 4 063 autres, 3 957 Mauriciens et 106 Rodriguais, dans la tranche d’âge de 90 à 99 ans, touchent une pension mensuelle de Rs 15 810. Parallèlement, 153 Mauriciens et sept Rodriguais âgés de 100 ans et plus bénéficient d’une somme de Rs 20,

810 par mois.

L’État mauricien prévoit une pension mensuelle de Rs 3 000 pour 14 614 Mauriciens et 924 Rodriguais qui sont sévèrement handicapés. Les veuves, soit 18 640 Mauriciennes et 412 Rodriguaises, bénéficient d’une pension mensuelle de Rs 5 810.  De surcroît,
28,600 autres personnes, dont 97 de Rodrigues (tout âge confondu) touchent une pension contributive de l’État.

Dev Luchmun  : « Il faut mieux encadrer les vieilles personnes »

Dev Luchmun
Il est en faveur d'une réunion du plan national de pension contributif.

Le consultant en relations industrielles, Dev Luchmun est aussi en faveur d'une augmentation de la pension universelle (pension de vieillesse) suivant l'octroi du salaire minimal. Il estime qu'après avoir participé activement à l'économie du pays dans leur jeunesse, les retraités doivent pouvoir mener une vie décente. Il fait particulièrement référence aux anciens salariés du secteur privé qui se retrouvent  dans une situation précaire après l'âge de la retraite. Il explique que parmi ces derniers, il y a des personnes qui ont contribué directement à l'économie notamment, les coupeurs de cannes, les employés de la zone franche et du secteur de la construction ou encore des employés du transport.

Il est aussi en faveur d'une révision du plan national de pension contributif qui date d'une quarantaine d'années, afin de mieux encadrer les employés du secteur privé après la retraite. Il aurait souhaité que le plafond de contribution au plan national de pension qui est de Rs 16 995 soit rehaussé. Il trouve regrettable que les pensions pour les salaires les plus élevés soient calculées sur ce plafond maximal. 

 

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