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La mère de Dinesh, brûlé vif : «Sa dimoun kinn bril mo garson la bizin res dan prizon»

Krishnawtee, âgée de 47 ans, est anéantie.

Dinesh Juttun projetait de se bâtir une maison et de trouver l’amour afin de construire sa vie. Mais ce travailleur acharné, qui laisse derrière lui une famille meurtrie, ne verra jamais ses rêves se concrétiser. Brûlé vif mercredi, il a sombré dans le coma avant de succomber, jeudi matin. 

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Dinesh Juttun n’a laissé à sa mère que les yeux pour pleurer. Krishnawtee, dit Veena, n’en revient toujours pas. « Sa kalite dimoun la, so pinision bizin bien grav. Sa dimoun kinn bril mo garson la bizin res dan prizon. Sinon li kapav fer parey ar enn lot dimoun so zanfan », lance cette mère désespérée dans l’espoir que son appel soit entendu. 

« O lie li bril mo zanfan, plito li ti bat li », ajoute la femme de 47 ans, qui est complètement anéantie. Son fils, qui n’avait que 27 ans, a été brûlé vif le mercredi 29 mars dans le jardin de Plaine-Verte. Le jeune homme, qui était grièvement brûlé sur plusieurs parties du corps, a sombré dans le coma. 

Son agonie a pris fin 17 heures plus tard. Il est décédé le jeudi 30 mars. Cet habitant de Cent-Gaulettes, qui se trouve dans la région de Sébastopol, a été victime d’une vengeance. Pravin Hagutee, un sans domicile fixe de 36 ans, n’aurait pas digéré des remarques qu’il aurait faites à son épouse et il n’aurait pas non plus apprécié qu’il lui « vole » ses effets personnels. Le suspect est en détention policière. 

La dernière fois que Krishnawtee a vu son fils vivant remonte à dimanche dernier. « Kan linn leve sa zour la, linn dir mwa ki linn gagn enn ‘call’ ek ki li pe ale. Monn donn li manze tou. Linn demann mwa Rs 100. Monn donn li », raconte-t-elle. 

Mais dans l’après-midi, Dinesh Jeetun n’est pas rentré. Sa mère s’est aussitôt inquiétée. Le lendemain, elle lui a téléphoné. « Monn demann li kot li ete e li ti dir ki li pou vini. Linn dir mwa ki mardi 5 er li pou fini rantre. Linn dir mwa pa pran traka », raconte-t-elle.

Krishnawtee s’est alors sentie un peu plus rassurée. Elle était loin d’imaginer que c’était la dernière fois qu’elle lui parlait. Mardi, le jeune homme n’est pas rentré. Il aurait passé la nuit à la belle étoile à Plaine-Verte. 

Mercredi, Krishnawtee a appris la terrible nouvelle disant que son fils était entre la vie et la mort. « Monn pas dan sok. Lapolis kinn inform mwa ki Dinesh inn brile ek ki li dan ICU », se remémore-t-elle. 

Jeudi, il a rendu l’âme et ses rêves se sont envolées avec lui. « Li ti pe dir ki pli tar li pou rod enn bon tifi pou li marie. Me avan li ti dir li ti pou fini ranz so lakaz e met aliminiem, parski isi li res dan enn sel lasam. Nou lakaz tipti », explique cette mère meurtrie. 

Elle gardera de son fils le souvenir d’un travailleur acharné. « Li ti pe travay. Li ti pe amen kas lakaz e li ti pe donn so papa », relate Krishnawtee. Son fils était un ouvrier spécialisé dans la fabrication d’ouvertures en aluminium. Parfois, en journée, il s’adonnait aussi à des travaux de maçonnerie.

Pravin Hagutee provisoirement inculpé de meurtre 

Pravin Hagutee, un SDF de 36 ans, a été arrêté dans cette affaire. Il a comparu devant le tribunal de Port-Louis, le vendredi 31 mars. Il est provisoirement inculpé de meurtre et il est maintenu en détention policière.

S’il a avoué avoir aspergé le jeune homme d’essence, il nie toutefois avoir allumé le feu. Selon lui, un autre individu présent dans le kiosque avait déjà mis le feu dans un « bouchon » afin de préparer des doses d’héroïne. Ce dernier a aussi été brûlé. 

Le jeune homme a flambé comme une torche humaine en un temps éclair. Des personnes présentes dans le jardin ont assisté à cette agression barbare avec stupéfaction. 

C’est le constable Sohawon, affecté au poste de police de Plaine-Verte, qui s’est rué dans le jardin muni d’un extincteur. Il est parvenu à éteindre les flammes qui s’étaient emparées de Dinesh Juttun. 

Un habitant excédé : « Partou ena sering isi » 

Dans le jardin de Plaine-Verte, où s’est joué le drame, la police a sécurisé le périmètre. Difficile, malgré l’accès restreint, de ne pas voir les restes de cette tragédie mortelle. Des cendres et des morceaux de vêtements carbonisés sont entassés dans le kiosque où Dinesh Juttun a perdu la vie. 

Si cette affaire a de quoi choquer, les riverains, eux, ne le sont qu’à moitié. Ce n’est pas la première fois qu’ils tirent la sonnette d’alarme sur la situation prévalant dans ce jardin. Celui-ci est devenu le repaire des toxicomanes, des SDF et d’individus peu fréquentables. Seringues et feuilles en aluminium utilisées pour conserver de la drogue, entre autres, jonchent le sol. 

Mais il reste encore quelques valeureux retraités qui continuent de venir se relaxer dans cet espace vert, tant en journée que durant la nuit, histoire de parler de tout et de rien, ou encore pour jouer aux dominos. La présence des toxicomanes ne les dérange-t-elle pas ? Si, bien au contraire. « Nou ti pou kontan kapav amen nou bann ti zanfan zwe isi, me nou pa kapav », déplore l’un d’eux.  

Chaque jour, une fourgonnette de police est mobilisée sur place. « Bann gard la ti bizin mars dan zardin la. Lerla bann toxikoman la pa ti pou pik ladrog. O lie sa, zot res asize dan van lapolis », confie l’un des retraités. « Get sering partou. Zot vinn pike isi. Lalwa absan dan Plaine-Verte », déplore-t-il. 

 

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