- Aucune preuve pour incriminer l’ex-ministre Yogida Sawmynaden
- La police soupçonne des créanciers de l’entrepreneur
Le rapport de l’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen a été dévoilé, ce vendredi, dans une émission spéciale de TéléPlus. La police n’est pas épargnée dans le document rédigé par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, qui qualifie l’enquête policière d’« exécrable ». La Major Crime Investigation Team (MCIT), en charge de l’affaire, réagit au contenu du rapport et soutient que toutes les thèses qu’il contient ont fait l’objet d’investigations approfondies.
Le mobile du crime
Agent politique du Mouvement socialiste militant, Soopramanien Kistnen était aussi un entrepreneur qui participait à des appels d’offres pour décrocher des marchés publics. Un différend au sujet de l’allocation de contrats pourrait, selon le rapport de l’enquête judiciaire, être à l’origine de sa mort. « It may constitute the strongest motive for the crime », considère Vidya Mungroo-Jugurnath.
Auditionné dans le cadre des travaux de l’enquête judiciaire, Khoumada Sawmynaden, frère de l’ancien ministre du Commerce Yogida Sawmynaden, a expliqué que Soopramanien Kistnen était contrarié de n’avoir pas obtenu un contrat de nettoyage qui a été attribué à la compagnie Neeteeselec, dont la propriétaire est Neeta Nuckched, une amie d’enfance de Yogida Sawmynaden.
Selon le rapport, « several disturbing aspects in relation to the manner in which procurement was handled at the level of different ministries as well as the State Trading Corporation were noted ». Plus loin, on peut lire : « At the centre of this formation is Yogida Sawmynaden. »
La MCIT dit avoir étudié en détail les divers contrats des ministères et de la State Trading Corporation qui tendent à faire penser que l’ex-ministre du Commerce se serait arrangé pour favoriser ses proches. Les enquêteurs affirment qu’aucun élément n’a permis de le démontrer, et encore moins de relier Yogida Sawmynaden au meurtre de Soopramanien Kistnen.
L’affaire de l’emploi fictif présumé de Simla Kistnen, épouse de la victime, en tant que Constituency Clerk de Yogida Sawmynaden, est aussi citée dans le rapport comme une source de litige ayant pu générer un mobile de meurtre. La MCIT précise que l’ancien ministre a été interrogé à ce sujet, puis que le dossier a été transmis au bureau du Directeur des poursuites publiques, où il se trouve toujours aujourd’hui.
Qui a porté ces gants ?
L’enquête judiciaire a balayé la thèse initiale selon laquelle Soopramanien Kistnen se serait suicidé. « Very strong reasons in this case to suggest foul play », écrit Vidya Mungroo-Jugurnath. L’une des pistes débattues au tribunal concerne une paire de gants brûlés au niveau de la paume et des doigts. L’ADN trouvé sur ces gants ne correspond pas à celui de la victime. Ce qui, selon la magistrate, « could possibly directly link them to the death of the deceased ».
Du côté de la MCIT, on explique que 23 policiers se sont rendus sur la scène de crime au moment de la découverte du cadavre de Soopramanien Kistnen, sans compter ceux qui ont participé à la recherche d’indices dans les champs de canne alentour. Or, aucun policier n’a déclaré avoir vu une paire de gants. Pour la MCIT, il est possible que ces gants aient été apportés sur place ultérieurement.
Les enquêteurs poursuivent leurs investigations pour identifier le ou les auteurs du meurtre de Soopramanien Kistnen. La police pense qu’il a pu être victime d’un règlement de comptes à l’initiative de personnes à qui il devait d’importantes sommes d’argent.
Rappel des faits
Le cadavre de Soopramanien Kistnen, entrepreneur et agent politique du MSM, a été découvert partiellement carbonisé dans un champ de canne à Telfair, le 20 octobre 2020. Dans un premier temps, la Central Investigation Division de Moka a conclu à un suicide en se basant sur le premier rapport d’autopsie, qui attribuait la cause du décès à une asphyxie. L’affaire a ensuite été référée à la Major Crime Investigation Team (MCIT).
Depuis, elle a fait l’objet de toutes les spéculations possibles, de la part de membres de partis d’opposition, d’activistes et dans l’opinion publique. L’enquête judiciaire ouverte à la demande du directeur des poursuites publiques a été menée parallèlement à celle de la MCIT entre décembre 2020 et septembre 2021. Ses conclusions n’ont été dévoilées que ce vendredi 14 octobre.
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