On dit que l’amour ne connaît ni frontière ni barrière. Il y a 30 ans, une personne atteinte du sida repoussait les gens. Même de nos jours, il y a bon nombre de personnes qui ont un regard méfiant sur ceux qui sont atteints de cette maladie transmissible. Dans ce cas, l’amour est-il possible entre un sidéen et une personne non-atteinte du sida ? Oui. Preuve à l’appui.
C’est l’histoire d’un couple pour lequel le sida ne fait aucune différence. Leur récit démontre que l’amour triomphe de tout ! Sarah, 33 ans, et Jérémie, 42 ans, (prénoms modifiés), habitent ensemble dans un faubourg de la capitale. Ils mènent une vie normale, même si l’homme est atteint du Sida. Elle travaille comme machiniste dans une usine, il est maçon.
Ils se sont connus il y a cinq ans. L’oncle de Sarah était incarcéré à la prison de Beau-Bassin et c’est en lui rendant visite qu’elle a fait la connaissance de Jérémie qui purgeait une peine de 18 mois pour une affaire de drogue. « Il a commencé à m’écrire des lettres depuis la prison et, parfois, on avait des conversations téléphoniques, » raconte la jeune femme. « Ce que j’aime avec lui, c'est qu’il a été très franc avec moi. Dès le départ, il m’a révélé être un ancien toxicomane et qu’il était sur un programme de méthadone. Il m’a surtout avoué sa séropositivité. »
Selon Sarah, pour que leurs relations soient possibles, Jérémie s’est renseigné auprès des centres sur le VIH. « Il a alors compris qu’il n’y a pas de risque de contracter le virus si la personne se protège et suit son traitement à la lettre. Il devait aussi apprendre que, chaque six mois, la personne séropositive qui a eu des relations avec sa partenaire séronégative devait faire un test de dépistage en rapport avec les maladies sexuellement transmissibles. »
Sarah affirme que Jérémie ne l'a jamais manqué de respect ni l'obliger à rester avec lui. « C’est mon choix. J’ai souhaité vivre avec lui et je ne le regrette pas. Quand j’étais encore mariée, j’étais une femme battue, maltraitée. Jérémie est séropositif et ancien toxicomane, mais il a de bonnes manières. Le plus important, c’est qu’il sait comment traiter une femme. Depuis sa sortie de prison, le 12 mars 2016, à ce jour, jamais li finn lev la vwa ni lev la me lor mwa. »
C’est en 2012 que le couperet tombe pour Jérémie. Il est diagnostiqué séropositif lors d’un dépistage de Sida effectué par La Caravane de Santé. «Quand j’ai appris que j’étais séropositif, je n’ai jamais imaginé qu’un jour je vivrai une relation amoureuse,» dit-il. «Pour moi, ma vie était terminée. J’ai commencé à avoir le sentiment de connaître une mort rapide. Mo finn panse la vi pena okenn sens et ki mo pa pou viv lontan. Mo finn repanti an rapor ek mo bann errer e, grass à Die, mo finn gagn tretman ki bizin. Zordi mo amenn mo la vie korek. Mais mo anvi pass enn mesaz bann kamarad séropositif: Pas dékouraze ar la vie, suiv zot tretman ek sanz zot la vie. »
Comment ont réagi la famille de Sarah et ses proches quand ils ont appris qu’elle fréquentait un séropositif ?
« Zot finn dir mwa kit li avan mem ki li sorti prizon. Zot dir mwa mo pou ramass sida ek mo pou fer zot tou gagn sa dan la kaz. Zot dir mwa si mo anvi viv ek li, kit zot la kaz ek pa remet lipie kot zot,» raconte-t-elle. Cependant le cœur a ses raisons que la raison ignore. C’est l’amour qui a triomphé. Aujourd’hui, Sarah et Jérémie voient la vie autrement. Ils sont heureux ensemble. Ils envisagent même d’avoir des enfants.
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