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La légalisation : entre fumée d’espoir et feu de la controverse

Face à la montée inquiétante des drogues de synthèse, la légalisation du cannabis pourrait-elle être une solution ? Le débat divise. Tandis que certains y voient une alternative thérapeutique et un moyen de contrer le marché noir, d’autres estiment qu’il s’agit d’une fausse bonne idée.

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Avi Mohall, instructeur de Karaté : «On ne peut combattre une drogue par une autre…»

aviInstructeur de karaté, Avi Mohall côtoie beaucoup de jeunes. Il parle d’un constat « affligeant ». « La drogue de synthèse fait des ravages dans la société. Elle est davantage présente chez les jeunes due à son accessibilité. Un jeune de 13 à 17 ans peut facilement se procurer de la drogue de synthèse à bas prix », observe l’habitant de Grand-Bois. Il parle aussi d’un manque de loisirs qui joue un rôle dans ce « déclic social ».

La légalisation du cannabis permettrait-elle d’endiguer le trafic de drogue de synthèse, voire de drogues dures ? Pour Avi Mohall, il y a bien d’autres aspects qui n’ont pas été étudiés. Selon le jeune homme, même si le cannabis est moins toxique, cela ne veut pas dire que tout le monde peut en faire une utilisation récréative. Lui plaide pour une étude approfondie du sujet.

« À ce jour nous n’avons pas beaucoup d’études sur la consommation du cannabis. Au niveau médical, il a fait ses preuves surtout dans le traitement thérapeutique, mais à Maurice, je pense qu’il faudra mettre en place des paramètres spécifiques », estime-t-il. Avi Mohall insiste : « On ne peut combattre une drogue par une autre sans savoir les effets à long terme. Je pense qu’il devrait y avoir une meilleure éducation à ce sujet. »

Vishnee Backory Dubessay, directrice d’entreprise : «Le cannabis n’est pas une drogue néfaste»

vishneeVishnee Backory Dubessay, directrice d’une firme spécialisée dans la communication, est catégorique. Aujourd’hui, plus de jeunes consomment de la drogue de synthèse car celle-ci se vend dans tous les coins de rue. La jeune femme est d’avis que si rien n’est fait, ce fléau pourrait prendre une ampleur dramatique.

« La drogue de synthèse est devenue un trafic lucratif. Pour quelques sous, un jeune peut s’acheter une dose facilement par jour et il peut même se tourner vers les drogues dures, s’il en ressent le besoin. Le manque de loisirs est aussi un problème. Le sport et les arts sont les solutions pour décourager la prise de drogue chez les jeunes », avance l’habitante de Quatre-Bornes.

La légalisation du cannabis pourrait-elle être une solution contre le problème de drogue de synthèse ? Vishnee Backory Dubessay souligne que le cannabis n’est pas une drogue néfaste. « Le cannabis est naturel. Dans le milieu médical, il a fait ses preuves. De nombreuses personnes souffrant d’épilepsie peuvent se soigner. Cela a même aidé d’autres personnes à ralentir la progression de leur maladie, fait-elle ressortir. En général, nous aurons des gens plus calmes et sereins que des jeunes en état de zombification qui ne sont plus maîtres d’eux-mêmes. »

Ashvin Gungaram, président de l’ONG AILES : «Cela pourrait constituer une réponse efficace»

ashwinAshvin Gungaram, responsable de l’ONG AILES (Aides, Infos, Liberté, Espoir et Solidarité), exprime une profonde inquiétude face à la prolifération des drogues de synthèse parmi la jeunesse mauricienne. Pour celui qui œuvre auprès des personnes souffrant d’addiction, la situation est alarmante. Il estime qu’une analyse approfondie des lacunes et des faiblesses du système actuel est indispensable avant d’envisager une nouvelle approche.

« Plusieurs facteurs expliquent pourquoi davantage de jeunes et d’adultes se tournent vers les drogues synthétiques. D’abord, leur accessibilité et leur prix abordable jouent un rôle déterminant. Le marché est actuellement inondé non seulement de substances synthétiques mais également de méthamphétamine utilisée comme additif à l’héroïne. Ces produits sont extrêmement addictifs et provoquent des lésions cérébrales irréversibles », explique-t-il. 

« Contrairement au cannabis, à l’héroïne, à la cocaïne, au LSD ou au MDMA, qui sont généralement consommés de façon récréative et dont seulement 15 à 20 % des utilisateurs développent une consommation problématique, les substances synthétiques ont délibérément été conçues pour leurs propriétés hautement addictives », souligne-t-il.

Pour Ashvin Gungaram, la légalisation du cannabis constituerait une réponse efficace, au moins partielle, au problème de consommation des drogues synthétiques fumables. Cette mesure pourrait également, selon lui, être préconisée comme une solution de sevrage ou « exit drug » pour les personnes suivant un traitement de désintoxication.

« La légalisation du cannabis contribuerait à neutraliser le trafic de drogues dures et de synthèse. Elle permettrait également l’accès à un cannabis légalisé, réglementé et contrôlé pour les personnes dépendantes aux produits de synthèse. Le cannabis servirait ainsi d’alternative thérapeutique de soutien, une option inexistante aujourd’hui. »

Sauvilen Coodien, habitant de Poste-de-Flacq : «Il faut un cadre juridique approprié»

sauvalinSelon Sauvilen Coodien, la légalisation du cannabis pourrait contribuer significativement à réduire l’emprise du marché noir. En établissant un cadre réglementaire pour la production et la distribution du cannabis, il serait possible d’affaiblir considérablement les organisations criminelles qui se concentrent actuellement sur la commercialisation de substances plus nocives, notamment les drogues synthétiques, soutient-il.

« Les effets du cannabis sont généralement moins prononcés et présentent moins de dangers que certaines drogues synthétiques, lesquelles peuvent engendrer des réactions imprévisibles et particulièrement graves. » Bien conscient que la question de la légalisation du cannabis suscite de vives controverses, il considère néanmoins que cette mesure pourrait dissuader les jeunes de se tourner vers la consommation de drogues synthétiques ou de substances dures.

Tout en reconnaissant les bénéfices thérapeutiques avérés du cannabis, Sauvilen Coodien insiste sur la nécessité d’élaborer un cadre juridique approprié et d’adopter une stratégie globale. « Les interventions efficaces doivent être conçues en tenant compte des particularités du contexte local, en intégrant des mesures de prévention, des initiatives éducatives, un accompagnement familial et communautaire, ainsi que des politiques publiques rigoureuses. La formation parentale revêt une importance capitale, car l’éducation prend racine au sein du foyer. Il conviendrait également de renforcer les dispositifs de soutien communautaire, sans négliger l’accompagnement psychologique destiné aux jeunes vulnérables. Et il est essentiel d’instaurer des programmes éducatifs dès le plus jeune âge. »

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