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La France à l’épreuve de son influence dans l’océan Indien

Yvan Martial, ancien journaliste et fin observateur politique. Alain Laridon, ancien député et ambassadeur. Stéphane Mussard, photographe et vidéographe franco-mauricien.

À l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron à Maurice, les 20 et 21 novembre, les perceptions de la politique française dans l’océan Indien apparaissent contrastées. Si le rôle de Paris dans la sécurité régionale demeure reconnu, plusieurs observateurs déplorent un recul de l’influence française au profit de nouveaux acteurs asiatiques.

Pour Yvan Martial, ancien journaliste et fin observateur politique, l’intérêt des Mauriciens pour la politique régionale de la France s’est émoussé. Il juge que la France a perdu du terrain face à la Chine et à l’Inde, très actives en matière de développement, d’infrastructures et de coopération économique. 

Le dossier Tromelin, gelé depuis plusieurs années, revient avec force à l’occasion de cette visite présidentielle. Pour Alain Laridon, ancien député et ambassadeur, le moment est propice pour relancer les discussions : « Il y a vingt ans, Port-Louis avait proposé une cogestion pour assurer la cohabitation et le développement de l’île. C’est un dossier sensible mais incontournable entre deux pays amis. »

Yvan Martial partage cette analyse et estime que la France doit entendre les revendications de Maurice : « La souveraineté de Tromelin ne peut être indéfiniment écartée des discussions bilatérales. »

De son côté, Stéphane Mussard, photographe et vidéographe franco-mauricien, se montre pragmatique : « Maurice n’a pas les ressources pour gérer seule l’îlot et ses eaux. Une cogestion serait une solution réaliste et bénéfique pour les deux pays. »

La sécurité maritime

Si la France est parfois perçue comme distante sur le plan culturel et économique, son engagement militaire reste un élément clé de sa présence dans la région. « La France lutte activement contre la piraterie », rappelle Alain Laridon.

Il souligne que Maurice, qui ne dispose ni d’armée ni de moyens militaires conséquents, dépend en partie des capacités françaises pour protéger ses routes maritimes. « La France a beaucoup contribué à sécuriser les navires mauriciens, seychellois et malgaches. Elle doit poursuivre cet effort », ajoute-t-il. Stéphane Mussard partage également cet avis, estimant que Paris joue un rôle déterminant non seulement par sa marine, mais aussi par sa présence dans les territoires voisins tels que La Réunion et Mayotte, qui ancrent la France dans le bassin indien. 

Malgré ces divergences de perception, un constat revient : la France demeure un acteur incontournable dans l’océan Indien, mais son image est brouillée, parfois affaiblie, et ses priorités régionales mal comprises. La visite d’Emmanuel Macron pourrait permettre de clarifier l’agenda français dans la région, de relancer les échanges autour de Tromelin et de réaffirmer les engagements stratégiques de Paris – sécuritaires, diplomatiques et culturels – auprès d’un partenaire historique, mais désormais courtisé par de nouvelles puissances.

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