La force policière au centre des débats - Dev Jokhoo : «Même des policiers suspendus ont été promus»

La situation actuelle au sein de la police à Maurice a été au centre des débats dans l’émission « Au Coeur de l’Info » du mardi 21 janvier 2025, animée par Murvind Beetun. La question de « law and order » et les conditions de travail des policiers ont été abordées, entre autres, par les divers invités.

Dev Jokhoo, ex-chef du National Security Service, a souligné que la police existe depuis 257 ans. Toutefois, jamais auparavant le public n’avait autant perdu confiance en elle. « L’ancien commissaire de police est parti de son propre chef. Cependant, avant son départ, il a positionné ses officiers controversés de la SST et du SSU Intelligence Cell, aussi nommés ‘dirty units’, à qui on fait appel pour faire les sales boulots », a-t-il expliqué.

Des promotions controversées

Ensuite, Dev Jokhoo a déploré les promotions au sein de la force policière. « C’est là où réside le déclin de la force policière. Certains officiers ont rapidement gravi les échelons, passant de simple constable à sergent, inspecteur, et autres grades. Même des policiers suspendus ont été promus, le DFSC (Discipline Force Service Commission) se contentant de valider ces décisions sans réelle opposition », a-t-il fait ressortir. Il a aussi parlé de la VIPSU, considérée comme étant une « pépinière », pour les promotions. 

Désormais, il place sa confiance dans le nouveau commissaire de police, Rampersad Sooroojebally. Il espère que ce dernier pourra redorer le blason de la force policière et restaurer la confiance de la population.

Réformes 

Khushal Lobine, député et leader des Nouveaux Démocrates, est préoccupé par la situation de « law and order » dans le pays. Il a cité un sondage indiquant que 64 % des Mauriciens n’ont pas confiance en la force policière « L’ancien commissaire de police a causé de graves dommages à la force policière. Le principal problème est que tout le personnel est extrêmement démotivé. Les policiers compétents ont été marginalisés, tandis que les ‘chatwas’ ont pris le contrôle », a-t-il ajouté.

L’avocat a souligné qu’une personne respectée est désormais à la tête de la police. « La méritocratie sera le mot-clé avec ce gouvernement », a-t-il affirmé, tout en évoquant les réformes prévues dans le discours-programme. 

Les dérives de l’ancienne administration

L’ex-ASP Roshan Kokil estime que la police doit pouvoir agir librement, sans être dictée par quiconque. Selon lui, certains policiers ont cédé à cause des promotions. « Ce sont les brebis galeuses de l’ancienne administration. Des policiers étaient conscients que s’ils ne suivaient pas les consignes, ils ne seraient pas promus. D’ailleurs, beaucoup l’ont été en récompense de services rendus », a-t-il fait remarquer.
Il n’a pas mâché ses mots. « Si j’avais été un yes man’, je serais ACP aujourd’hui, brillant quelque part dans la police », a déclaré Roshan Kokil. Ce dernier affirme avoir payé le prix de sa franchise avant d’évoquer une série de réformes nécessaires, du recrutement à la formation.

Commission présidentielle

L’avocat Neelkanth Dulloo a proposé la création d’une commission présidentielle où les policiers pourraient exprimer leurs doléances concernant les promotions. Pour lui, il est vital d’instaurer la redevabilité, l’équité et la transparence.

Redistribution des cartes

Le chef inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office, a, lui, affirmé que le nouveau CP a restauré la discipline, la transparence et la bonne gouvernance. Il a, notamment, rendu publique la liste des promus, ce qui, selon lui, redonne confiance. « Certaines unités, mal perçues, ont révisé leur fonctionnement. Il y a eu une redistribution des cartes au sein des différentes divisions », a-t-il ajouté. Certes, a-t-il dit, ces changements nécessitent un plan d’action, toutefois la force policière est sur la bonne voie.