La famille Dantier : «Nadine doit obtenir justice»

• Vingt-et-un ans après, le coupable court toujours

L’espoir est parfois une fragile fleur qui pousse sur les cendres du désespoir. Pour les proches de Nadine Dantier, cet appel à témoins est leur dernier rayon de lumière dans l’obscurité de l’inconnu, une promesse tenace que, même après 21 ans, la vérité peut encore être révélée et que la justice peut encore être servie.

Nous sommes dans une République du 21e siècle. C’est inconcevable qu’un crime de cette nature demeure impuni ! Il s’agit de Nadine…»

C’était il y a 21 ans. Une nuit qui a volé l’innocence d’une étudiante pleine de promesses. Nadine Dantier, jeune femme de 20 ans, fut arrachée à sa famille, et à ses rêves, dans un acte de violence insensé. Son corps meurtri, déposé sans pitié sur un terrain buissonneux à quelques pas de chez elle, à Albion, pèse depuis lors comme une pierre tombale sur le cœur des siens. 

Pour les proches de Nadine Dantier, l’agonie de l’attente n’a jamais faibli. Chaque lever de soleil apporte avec lui le fardeau de l’absence et l’angoisse des questions sans réponse. Mais aujourd’hui, 21 ans plus tard, une étincelle d’espoir réapparaît dans l’obscurité : un appel à témoins, une prime offerte avec des conditions strictes. Autrement dit, la récompense sera offerte uniquement lorsque les informations reçues conduisent à l’arrestation et la condamnation du coupable. Tout élément réceptionné sera vérifié et contre vérifié. 

« Cela fera bientôt 21 ans (NdlR : le 25 juin) depuis que Nadine a été ôtée à la vie. Nous avons tout essayé au niveau de la famille. Pendant les trois premiers mois, nos visites chez les enquêteurs étaient presque quotidiennes. Nous avons accompagné les policiers dans leurs démarches en vue de la conclusion de l’enquête. Nous avons tout essayé… » racontent les proches de la jeune femme. 

Ma sœur aînée, Nadine, était une personne qui avait énormément à donner et elle attendait beaucoup de la vie»

Mais 21 ans plus tard, soit en 2024, justice n’a toujours pas été rendue. « Personne n’a été traduit en cour. Et pour une fille de 20 ans, innocente, qui avait toute la vie devant elle, c’est tout à fait inadmissible ! » insistent ses proches.

Il reste toutefois un dernier espoir. Maintenant que l’aval du commissaire de police, Anil Kumar Dip, a été reçu, la famille a pris la décision de proposer une prime. « Nous pensons qu’indéniablement il y a quelqu’un, que ce soit une compagne ou un frère, qui soit au courant de certaines choses », disent-ils. 

L’appel à témoins est le dernier espoir de la famille pour retrouver le(s) coupable(s). « Tous nos espoirs reposent dans l’appel à témoins. Nous voulons que le coupable soit traduit en cour et jugé. C’est ainsi que Nadine obtiendra justice », martèlent-ils. 

Cette quête de justice n’a pas été sans conséquences pour la famille de Nadine Dantier. Aux plaies émotionnelles toujours béantes s’ajoutent les séquences physiques. « Dans ce combat, nous avons laissé une bonne partie de nous-mêmes. Notre état de santé s’est détérioré, il y a des séquelles physiques », confient les membres de la famille. 

L’incompréhension les anime. « Nous sommes dans une République du 21e siècle. C’est inconcevable qu’un crime de cette nature demeure impuni ! Il s’agit de Nadine… Demain, ou après-demain, une personne issue d’une autre famille pourrait subir le même sort. C’est pour cela que l’agresseur doit être mis hors d’état de nuire », poursuivent-ils. 

Dans ce combat, nous avons laissé une bonne partie de nous-mêmes»

Cet appel à témoins n’est pas seulement une requête désespérée pour des informations ; c’est une bouée de sauvetage lancée dans l’océan de l’oubli et de l’injustice. C’est la main tendue de la justice cherchant à déchirer le voile de l’impunité. Pour la famille Dantier, c’est aussi une lueur d’espoir dans une nuit interminable, une prière murmurée dans le vent pour que la vérité éclose enfin.

L’attente de la famille par rapport à cet appel à témoins ? « Nous voulons tout simplement que les personnes qui savent quelque chose viennent de l’avant. Tout élément d’information réceptionné sera traité en toute confidentialité. Noter appel est de toucher le cœur des gens. » Caroline Dantier, la mère de Nadine, abonde dans le même sens. « On ne perd pas espoir. On va se battre jusqu’au bout », nous dit-elle.

Le meurtre de Nadine Dantier remonte à juin 2003. La jeune femme, alors âgée de 20 ans et étudiante en ressources humaines à l’université de Maurice, rentrait chez elle un après-midi après un stage. C’est sur le chemin du retour que le drame s’est produit. Vingt-et-un ans plus tard, la famille de la défunte vit toujours dans la douleur. Pourtant, ils continuent de se battre, car l’alternative - abandonner l’espoir - est impensable.
Si Nadine Dantier était toujours en vie, que serait-elle devenue ? « Nadine avait un très bel avenir devant elle. Elle étudiait les ressources humaines à l’université de Maurice. Elle avait beaucoup de qualités humaines », précise la famille. 

« Ma sœur aînée, Nadine, était une personne qui avait énormément à donner et elle attendait beaucoup de la vie. Elle avait plein de projets en tête. Elle voulait faire énormément de choses. À l’époque, elle avait un petit ami et elle se projetait déjà dans l’avenir. Son but était d’avoir un travail comme elle le voulait. Ce qui est chagrinant, c’est le fait qu’elle n’a pas eu tout cela. On lui a ôté la vie et tout s’est brusquement arrêté », se désole Stéphanie, sa sœur cadette.