Economie

La diplomatie économique: le salut du redécollage ?

Le Chef de la diplomatie mauricienne a eu une séance de travail avec les dirigeants du ministère.
Le nouveau ministre des Affaires étrangères a fait de la diplomatie économique une priorité forte de son action. Vishnu Lutchmeenaraidoo multiplie les activités de son ministère et parle d’une diplomatie axée essentiellement sur le développement économique. Il veut redéfinir la mission de son ministère et le doter d’une nouvelle structure. Vishnu Lutchmeenaraidoo veut que le ministère des Affaires étrangères devienne un catalyseur du développement. Selon lui, nos ambassades à l’étranger doivent pouvoir jouer un rôle beaucoup plus actif dans la promotion de l’investissement, des exportations et des affaires en général au service du pays. Dans ce sillage, il entraîne tous les effectifs de son ministère à faire de ce projet de réforme une réussite. Le ministre se dit persuadé que le ministère pourra contribuer au développement économique « en 2016, 2017 et au-delà ».

La diplomatie économique expliquée

La politique étrangère, aussi appelée « diplomatie d’influence », comprend non seulement les acteurs économiques, mais aussi les services scientifiques, techniques et culturels. Elle inclut également la promotion des divers secteurs, notamment l’investissement, le tourisme ou le commerce régional et international. La diplomatie économique consiste à mobiliser le réseau diplomatique, son influence et ses outils au service des intérêts économiques du pays. Maurice a déjà un important réseau d’ambassades et de consulats à travers le monde et verra bientôt une nouvelle ambassade en Arabie saoudite. Dans un monde globalisé, la redistribution des cartes repose, en effet, en grande partie sur le critère économique. Tous les pays modernes, à travers la diplomatie économique, poursuivent deux objectifs complémentaires : soutenir leurs entreprises sur les marchés extérieurs et attirer des investissements étrangers créateurs d’emplois. À Maurice, ces deux rôles sont joués par des organismes comme l’Enterprise Mauritius ou le Board of Investment (BoI), l’un tombant sous le ministère de l’Industrie alors que l’autre sous les Finances. Le réseau d’ambassades est rarement impliqué dans ces rôles, alors que le potentiel est là. Dans le monde, on parle de plus en plus de la place de l’économie dans la politique étrangère.

Le rôle des ambassades

Le rôle de l’ambassade est essentiellement d’ordre diplomatique, sa mission a trait aux négociations entre les gouvernements. Elle a donc une fonction de représentation de son gouvernement auprès des autorités du pays où elle se trouve. Ainsi, elle sert d’intermédiaire entre deux gouvernements : c’est par elle que passent les messages et son rôle est essentiel dans le cadre des relations bilatérales entre États. L’ambassade occupe également une fonction informative : le personnel diplomatique rapporte à son gouvernement l’actualité du pays de résidence dans tous les domaines. Il arrive que, de par les relations privilégiées qu’ils entretiennent avec les autorités du pays de résidence, les diplomates disposent d’informations qui ne sont pas relayées par la presse. Cet aspect peut revêtir une grande importance lors de la préparation des traités internationaux et des visites officielles.

Les ambassades sous-utilisées

La réforme du ministère des Affaires étrangères survient à un moment opportun où nos missions diplomatiques à l’étranger sont sous-utilisées. Avec l’outil informatique, les ambassades ont quelque peu perdu certains rôles. Par exemple, beaucoup des services sont aujourd’hui offerts directement en ligne et les gens ne se déplacent plus vers les ambassades pour avoir des informations. Avec l’objectif de Maurice d’être une destination idéale pour les investisseurs, notre réseau diplomatique international peut grandement contribuer à promouvoir les atouts du pays. Mais pour y arriver, il faut impérativement que nos ambassades soient équipées d’outils et de ressources humaines nécessaires, des gens qui maîtrisent parfaitement les lois et règlements du « Doing Business », les opportunités d’investissements dans nos secteurs établis et émergents, la politique de l’immigration et les options offertes en matière de résidence à Maurice, les données économiques comparatives des pays de la région, etc.

Le maintien des subsides

Vishnu Lutchmeenaraidoo a lancé un message très fort à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), sur la question des subsides. Il intervenait lors d’un séminaire de l’OMC sur le thème « WTO Agreement on Subsidies and Countervailing Measures » tenu lundi, à l’hôtel Maritim, Balaclava. Selon lui, Maurice a encore besoin d’une politique de subvention et de plans d’encouragement (package of incentives) à ses industries pour poursuivre son développement économique. Face à l’argumentaire, prôné par l’OMC, à l’effet que les subsides accordés par les États à leurs industries nationales finissent par fausser la concurrence à l’échelle mondiale, le ministre des Affaires étrangères a insisté sur le fait que Maurice n’a ni la taille critique ni les moyens de concurrencer les grandes économies à armes égales. Il a réitéré sa position ferme sur le maintien de la politique de subventions et de « package of incentives » aux différents secteurs de l’économie dans la mesure où de petits États comme Maurice ont été exclus de manière injuste des négociations qui avaient abouti à l’accord de l’OMC sur les subsides et les « countervailing measures. » Les grandes puissances économiques avaient, en revanche, maintenu une mainmise sur les négociations et ont pu ainsi préserver, de manière arbitraire, des programmes de subvention au bénéfice de leurs industries. Le Chef de la diplomatie a mis l’accent sur le principe de la discrimination positive qui doit, selon lui, prévaloir dans le cadre multilatéral de l’OMC pour donner la chance aux petites économies de s’engager de manière plus juste dans le commerce international et de se protéger contre toute concurrence déloyale de la part des puissants. « Je ne me soumettrais à aucun dikta ou idéologie qui soit dépassé », a-t-il déclaré en des termes très clairs.  
   

L’exemption des visas

Les Mauriciens se rendant en Russie et en Indonésie pour des séjours de courte durée sont dorénavant exemptés de visas. Un accord entre le gouvernement mauricien et celui de la Fédération de Russie, le 23 décembre 2015, portant sur l’abolition mutuelle de visa, est entré en vigueur le 10 avril 2016. L’accord prévoit l’exemption de visa pour des voyages de citoyens des deux pays pour une période maximale de 60 jours. L’exemption de visa en Indonésie est en vigueur depuis le 10 mars dernier, suivant un décret présidentiel de la République de l’Indonésie signé le 2 mars 2016. Ce décret, qui est une mesure unilatérale prise par les autorités indonésiennes, concerne l’abolition de visa pour 169 pays, dont Maurice. L’exemption s’applique aux séjours d’une durée maximale de 30 jours, et concerne les déplacements à des fins officiels, de business, de tourisme, de visite familiale et sociale ainsi que de transit. Concernant le visa pour l’Inde, l’Electronic Tourist Visa n’est plus payant pour les Mauriciens.

Les principaux axes

La nouvelle diplomatie économique se base sur plusieurs axes. Maurice veut renforcer le lien économique avec des pays clés, qui ont toujours été nos pays amis. Parmi, la Chine, l’Inde, la France, l’Angleterre, la Russie, le Pakistan et nos voisins de la région. Le pays veut également étendre son réseau à l’étranger, d’où l’ouverture d’une nouvelle ambassade à Riyadh, qui sera probablement suivi par d’autres. La promotion des exportations et de l’investissement figure en bonne place à l’agenda. La politique des visas est aussi conçue comme un outil d’attractivité. La sécurité alimentaire, le changement climatique, le commerce et la sécurité dans la région sont parmi les grands enjeux. Il y a aussi l’expiration de l’accord de partenariat ACP-UE dont l’échéance de 2020 approche.
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