La dépression : la maladie de la tristesse

Plus de 300 millions de personnes à travers le monde, selon l’OMS, souffrent de dépression. Dans l’émission « En toute confidence » sur Radio Plus, animée par Stéphanie, le psychologue clinicien Nicolas Torrijos dévoile les particularités de cette maladie psychique qu’il surnomme « la maladie de la tristesse ».

Quels sont les signes d’une dépression ?
Elle se caractérise principalement par une perte de motivation par rapport aux habitudes quotidiennes. Se lever le matin, manger, se rendre au travail, s’occuper de l’entretien de sa maison… paraissent insurmontables. Maintenir des relations épanouissantes avec les autres devient une véritable épreuve. En général, une personne en situation de dépression ou de déprime a du mal à communiquer. Un autre signe visible et qui ne trompe pas, c’est une profonde tristesse. Un mal-être apparent.

Dans le contexte mauricien, quelles en sont les principales causes ?
La plus récurrente reste la perte d’un être cher. En général, lorsqu’un décès mène à une dépression, c’est qu’il y a probablement déjà, en amont, un terrain dépressif. Outre un décès, la dépression peut être provoquée par d’autres pertes : le départ des enfants du cocon familial, la perte d’un emploi, la retraite. Et il y a aussi les traumatismes, comme la maladie, un accident et un abus sexuel ou un événement, dont on ne peut pas parler ou qu’on ne peut digérer émotionnellement. Dans tous les cas, la dépression peut ne pas survenir sur le moment, mais peut-être même 20 ans après.

Y aurait-il des personnes plus à risques que d’autres ?
Oui. Les personnes les plus à risques d’être atteintes de symptôme psychologique aussi lourd que la dépression sont généralement celles qui ont des difficultés à comprendre, à accepter et à exprimer leurs émotions. Cela résulte très souvent de notre éducation. Par exemple, quand un enfant est agité, ce qu’il entend des adultes, c’est de rester tranquille. Du coup, c’est ce qui crée des blocages chez cet enfant devenu adulte, qui croit qu’exprimer ses émotions négatives est une faiblesse. En fait, pas du tout ! Il faut qu’on soit connecté à ses émotions – tristesse, peur, colère – qu’on arrive à les reconnaître et à les exprimer.

Quid des ados ?
On ne peut définir sur le moment si un ado souffre de dépression ou d’une simple déprime. Les adolescents sont plus fragiles du fait d’être dans un processus d’individuation et de différentiation par rapport aux transmissions familiales. Il y a la nécessité de grandir et de devenir adulte. Cependant, les ados sont plus susceptibles d’exprimer une forme de dépression passagère alors que chez l’adulte, en général, elle s’installe dans la durée.

Comment sortir de son état dépressif ? Faut-il absolument consulter un médecin ?
Il faut déjà reconnaître et accepter son état. Et en fonction de son amplitude, il faut bien évidemment se faire aider. Il ne faut surtout pas hésiter à se tourner vers un psychiatre. Il est le seul à pouvoir vous prescrire des médicaments adéquats. En cas de dépression, un traitement médical et trouver un espace pour exprimer ses émotions sont les meilleurs moyens de s’en sortir.

Quelles peuvent être les conséquences d’une dépression non traitée ?
La dépression non traitée peut mener à une tentative de suicide ou à un suicide réussi. C’est l’ultime conséquence qui montre la perte totale de sens. Autrement, on est sujette à des sautes d’humeur : agressivité, colère… On peut se cogner contre le mur, s’acharner sur les enfants ou autres membres de la famille. On peut aussi tomber dans des addictions : alcool, drogue… et/ou agir sur une impulsion.

Guérit-on d’une dépression ?
C’est possible si on a eu le bon traitement et le bon accompagnement psychologique à travers une thérapie qui vous aidera à aller au fond du problème, comprendre ce qui l’a déclenché et ce qu’il y a en arrière-plan. La dépression n’est qu’un symptôme, une souffrance en soi. Il faut comprendre sa source et la surmonter pour ne pas y retomber.