Quitter Chelsea ou l'Atletico Madrid dans la fleur de l'âge pour la Super League chinoise? Rarissime par le passé, cette fuite de talents concerne de plus en plus de joueurs sud-américains, attirés par les salaires équivalents à ceux pratiqués en Europe.
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Début février, le championnat chinois s'est fait un nom sur la planète foot. Avec l'arrivée de l'attaquant brésilien Alex Teixeira (ex-Shakhtar Donetsk), 26 ans, au Jiangsu Suning pour 50 millions d'euros, après celles de Ramires (ex-Chelsea), 28 ans, et de Jackson Martinez (ex-Atletico Madrid), 29 ans, le mercato d'hiver chinois a, pour la première fois, dépassé financièrement celui de la prestigieuse et ultra-médiatisée Premier League anglaise. Selon le site spécialisé Transfermarkt, les clubs de la Chinese Super League (D1 chinoise) ont déjà déboursé plus de 280 millions d'euros lors de leur mercato hivernal, alors que les équipes de 1re division anglaise n'avaient elles déboursé "que" 247,3 millions d'euros. Le marché s'achève fin février en Chine. A la différence du championnat nord-américain, où des légendes tels que l'Italien Andrea Pirlo, le Britannique Steven Gerrard ou l'Espagnol Raul ont récemment signé des contrats de "pré-retraite" en or, les joueurs enrôlés ne sont pas au crépuscule de leur carrière.
'Carrières courtes'
"Ils recrutent des joueurs sud-américains parce que nous avons une habilité, une technique et la capacité à résoudre des problèmes, différentes de celles des joueurs asiatiques", explique à l'AFP le Colombien Mauricio Molina, ancien du club brésilien de Santos qui a joué six ans en Corée du Sud. "En tant que professionnels, nous devons voir cela comme une opportunité de travail. Nous avons des carrières courtes et il faut penser à la stabilité économique de nos familles. Il est clair que les joueurs colombiens récemment transférés poursuivent un intérêt économique", ajoute-t-il. Actuellement, sur les 35 joueurs sud-américains qui évoluent en Super League, 26 sont brésiliens, quatre colombiens et trois argentins, selon Transfermarkt, qui dénombre aussi un vénézuélien et un bolivien. "Le joueur brésilien ne se lance pas dans le football pour jouer dans la +seleçao+ ou être recruté par le FC Barcelone. Il le fait pour résoudre des problèmes économiques liés à ses origines modestes. La plupart d'entre eux ont beaucoup de proches et d'amis qu'il doivent soutenir et vont chercher à maximiser les résultats", estime Luis Paulo Rosenberg, économiste et ancien vice-président du club brésilien de Corinthians.
'Tant qu'ils reçoivent leurs millions'
"Ce sont des agents économiques. Si le football chinois est bon ou mauvais, peu importe, tant qu'ils reçoivent leurs millions", souligne-t-il. Mais selon certains experts, cette ruée vers l'or dans l'Empire du Milieu pourrait être néfaste au football brésilien, déjà fragilisé par la profonde crise économique qui secoue le pays. "L'irruption de la Chine est préjudiciable pour le football brésilien car cela provoque une inflation sur le marché, sans trop de consistance. Nous ne savons pas jusqu'à quand vont durer ces investissements, même s'ils semblent obéir à une bulle temporaire", explique à l'AFP Ary Rocco, professeur de marketing sportif à l'université de Sao Paulo. Entré depuis peu dans une nouvelle ère, le football chinois a vu l'arrivée de nombreux magnats qui investissent dans les clubs depuis que le président Xi Jinping, lui-même un fan de ballon rond, avait déclaré en 2011 souhaiter que la Chine se qualifie, accueille, puis gagne une Coupe du monde. Pour l'heure, le pays n'a participé qu'à un seul Mondial, en 2002 en Corée du Sud et au Japon, perdant ses trois matches sans inscrire un seul but. "En Chine, ils voulaient développer le football et ils voulaient savoir pourquoi ils ne progressaient pas. Le problème c'est qu'un jeune ne peut pas commencer à jouer à 16 ans. Désormais, ils ont décidé de mettre le football au programme en primaire et au collège", explique l'Argentin Sergio Garcia, coordinateur de l'école Fondation Atletico Madrid à Buenos Aires. "Je considère qu'investir autant d'argent c'est (...) davantage une opération de marketing qu'une volonté de développer ce sport", conclut celui qui a dirigé il y a quelques années en Argentine une école de jeunes footballeurs chinois.
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