Kugan Parapen : «Le fournisseur de carburant devait être payé via la Silver Bank»

• Rajiv Servansingh affirme que la STC n’a pas de compte au sein de cette banque 

Lors de l’émission « Au cœur de l’info » lundi, le débat était axé sur la formule de fixation des prix des carburants, que certains jugent excessifs malgré la baisse mondiale du prix du baril. Mais ce n’était pas le seul sujet abordé. Kugan Parapen, un des invités, a soutenu qu’une pénurie de carburant a été évitée de justesse… 

«Faut-il revoir la formule de fixation des prix des carburants à Maurice ? » C’était la question posée dans l’émission « Au cœur de l’info » animée par Patrick Hilbert le lundi 23 septembre 2024. Parmi les invités : Kugan Parapen, membre de Rezistans ek Alternativ (ReA). Il a commencé par dire qu’une pénurie de carburant a été évitée de justesse. « Moins de deux mois de cela, le dernier cargo contenant du carburant a été bloqué par le fournisseur MMG, car il avait des difficultés à rapatrier son argent », a-t-il expliqué. 

« Pourquoi la STC a-t-elle choisi MMG dans un premier temps ? », s’est demandé le membre de ReA, tout en expliquant le lien entre MMG et la situation actuelle de la Silver Bank. Il a critiqué la décision de la STC de choisir MMG en raison de la possibilité de faire les paiements en roupies, qualifiant cet argument de « bidon ». « Cet argument ne tient pas la route parce que le fournisseur doit convertir son argent vu qu’il n’a pas d’activités à Maurice », a-t-il précisé. 

Le membre de ReA a également établi un lien avec la Silver Bank, en indiquant ceci : « Selon nos renseignements, les paiements ou une partie des paiements devaient se faire à travers la Silver Bank… » Une information qui soulève des questions sur les choix opérés par la State Trading Corporation (STC). 

Ces déclarations alimentent la polémique alors que les consommateurs s’interrogent sur le maintien des prix des carburants malgré une baisse mondiale du prix du baril depuis avril. La semaine dernière, le Petroleum Pricing Committee a, en effet, décidé de maintenir les prix inchangés : Rs 66,20 pour le litre d’essence et Rs 63,95 pour celui de diesel. 

Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice, a été catégorique : les prix doivent être revus à la baisse. « C’est un scandale que la STC maintienne les prix alors qu’il y a une dégringolade sur le marché mondial », a-t-il dit. Il a ensuite ajouté que la STC est devenue « une machine à sous pour le gouvernement ». 

Pour lui, il s’agit la décision de maintenir les prix à un niveau élevé est plus d’ordre politique que technique. « Les prix vont obligatoirement baisser, surtout là à la veille des élections », a-t-il dit.

Manisha Dookhony, économiste a, pour sa part, affirmé que cela ne l’étonne pas que les prix soient restés inchangés. La situation était prévisible, selon elle. « Outre le fait d’attendre la période proche des élections pour les revoir à la baisse, il y a un élément économique important à prendre en compte. Les fonds de la STC ont été transférés aux Consolidated Funds, la forçant ainsi à reconstituer ses réserves. » 

L’économiste a également évoqué les problèmes géopolitiques affectant les frais de transport maritime, notamment dans la région de la mer Rouge. « Cela doit aussi être pris en considération », a-t-elle fait ressortir.

Face à ces accusations, Rajiv Servansingh, directeur général de la STC, est intervenu par téléphone pour clarifier la situation. Il a affirmé que la STC n’a pas de compte à la Silver Bank et que le contrat avec MMG est désormais terminé. 

« Nous avons un contrat avec un nouveau fournisseur. D’ailleurs, deux tankers ont déjà été reçus de la part de ce fournisseur », a-t-il précisé. Il a toutefois semblé vouloir minimiser l’impact du cargo bloqué. Il a précisé que celui-ci n’a pas été une catastrophe et que la situation a été gérée. 

Dans ce débat complexe sur la gestion des prix des carburants, l’économiste Chandan Jankee est aussi intervenu par téléphone. Il a tenu à rappeler l’importance des projets sociaux financés grâce aux fonds de la STC, insistant sur cet aspect comme étant prioritaire.