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Kugan Parapen, Junior Minister de ReA : « Ramgoolam et Bérenger ont le devoir de réussir »

Avec la sagesse de l’âge et l’expérience acquise au fil des années en politique, le tandem Navin Ramgoolam/Paul Bérenger inspire une certaine sérénité au sein du gouvernement. Selon Kugan Parapen, Junior Minister de Rezistans ek Alternativ (ReA), ces deux leaders ont la responsabilité de mener à bien leur mandat.

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ReA a été, des années durant, un parti extraparlementaire  Qu’est-ce qui a poussé ce parti écolo à s’associer au mainstream ?

C’est la conjoncture politique qui a poussé ReA à adopter cette démarche face au régime MSM, qui représentait ce que notre parti a toujours combattu et ce qu’il y a eu de pire en politique, ainsi que le danger dictatorial que représentait le MSM avec tous ces scandales. Cela a pesé lourd dans notre décision de nous associer à l’Alliance du Changement. L’enjeu était de restaurer la démocratie dans sa pleine valeur. Regardez comment fonctionne le Parlement aujourd’hui, il n’y a pas de comparaison avec l’épisode Sooroojdev Phokeer. Le MSM a porté atteinte à notre démocratie. Une élection repose sur des règles électorales claires. Pour la remporter, il faut trouver la bonne formule. Au départ, ReA pensait pouvoir percer seul ou avec des alliés partageant nos idéaux. Mais en 2024, il était hors de question de diviser les voix de l’opposition. 

Auriez-vous pensé que ReA aurait un jour un ministre, un Junior Minister et une élue ?

Quand on s’engage en politique, on a toujours comme objectif d’occuper un jour un poste important avec des responsabilités pour aider la société. Si ReA se retrouve dans cette position aujourd’hui, c’était dans le domaine du possible, mais je ne pensais pas que cela allait se produire aussi rapidement. ReA a tout le temps eu une approche rigoureuse et disciplinée. Avoir un ministre et un Junior Minister pour ReA, c’est un challenge, mais ce n’est pas hors de notre portée, nous connaissant.

Quel effet cela vous fait-il d’être Junior Minister, vous qui étiez économiste il n’y a pas si longtemps ?

Je n’ai jamais réalisé à quel point les Mauriciens sont subjugués par les ministres et les Junior Ministers. Ils ont trop de respect et d’admiration pour ces postes. À nous de ne  surtout pas prendre la grosse tête.

ReA a remporté son tout premier combat avec la plage de Pomponette redevenue publique. Vos sentiments ?

Le jour où on a fait la fête à Pomponnette était un moment intense et émouvant, car cela représentait la fin d’un long combat. Cet instant a provoqué chez moi, tout autant que les autres militants, une forte émotion. J’ai pleuré, j’avais des larmes aux yeux que je ne pouvais retenir. L’essence de ReA, c’est son combat pour des causes qu’on pense justes comme Pomponnette. En politique, les choses prennent du temps parfois.

ReA a toujours dit prôner la transparence en ce qu’il s’agit du financement de votre parti. Le show de Pomponnette a dû couter avec une estrade à l’américaine, des colonnes de baffles, une sono, des toilettes à sec. Bref, qui a financé ce spectacle grandiose ? Des sponsors, des donateurs, des gros bonnets de la finance ?

Ce show a coûté quelques dizaines de milliers de roupies. Rien que l’estrade a coûté environ Rs 50 000. Certains artistes ont joué gratuitement, d’autres à prix réduits. Déjà, les trois élus de ReA remettent une partie de leurs salaires au parti, puis, il y a eu des membres, des amis, des donateurs. Il n’y a eu aucun intérêt financier privé, ni sponsor. ReA a tout pris en charge financièrement.

ReA est intransigeant quant à la mise en œuvre de son programme propre. Ne craignez-vous pas que ces exigences puissent gêner les partenaires majoritaires de l’Alliance du Changement et pousser votre parti vers la porte de sortie ?

Les demandes de ReA ont été formulées bien avant les législatives. Les trois partis sont tombés d’accord sur notre programme. On a eu un accord signé. Qui dit accord, dit sa mise en œuvre maintenant que la victoire est acquise. Est-ce que tout le programme sera implémenté ? Certaines propositions de ReA ne vont pas plaire à tous au sein de l’alliance. Et ensuite, il y a la réalité politique. ReA est à 3 contre 57.

ReA pourrait faire des concessions ?

En alliance, il y a des concessions à faire, cela est valable dans le monde entier. Nous sommes un partenaire minoritaire au sein de cette alliance, mais nous sommes persuadés qu’il y a une volonté réelle des deux leaders de faire des changements. Navin Ramgoolam et Paul Bérenger sont là pour façonner leur héritage politique.

Et si les grandes réformes ne se réalisent pas ?

Si les grandes réformes constitutionnelles ne se réalisent pas, chacun devra en assumer le prix politique, qui pourrait coûter très cher.

Que vous inspire le message de Nouvel an de Navin Ramgoolam à la nation ?

Le message du PM est en droite ligne avec le mandat obtenu à travers les urnes. On a fait des promesses et 2025, il serait temps de se mettre au travail. Il faudra arrêter de venir dire qu’il y a des squelettes. On sait que l’économie va mal avec ce qu’a fait le MSM durant ces dernières années. Mettons-nous au travail.

Le PM a concentré son message sur trois thématiques importantes. Votre avis ?

Les Mauriciens ont appris et compris l’état réel de notre économie. En tant qu’économiste, j’ai été choqué que le MSM ait masqué la vérité catastrophique de nos finances. Il nous faudra avoir une stratégie économique réfléchie et bien travaillée pour redresser la barre. Cela va être difficile et prendra du temps. Puis, il y a les ravages de la drogue qu’il faut absolument combattre sans pitié. Pravind Jugnauth s’est toujours vanté de « kas lerin bann baron ladrog ». Où en sommes-nous ? Un homme sous l’effet de la drogue synthétique tue une fillette de 18 mois. Affolant. L’ex-gouvernement avait une approche conservatrice et classique et voyez le constat après 10 ans. On doit être à l’écoute des spécialistes qui sont sur le terrain et ailleurs dans le monde.

Et quand le PM dit que ceux qui ont fauté devraient rendre des comptes. De la vengeance ?

Il y a un désir de vengeance de la part du peuple qui veut que ceux qui l’ont fait souffrir durant toutes ces années doivent payer et rendre compte de leurs actes. Mais, il ne faut pas que cela devienne une obsession, il faut que cela se fasse dans le cadre de la loi, il faut éviter une chasse aux sorcières.

On met un bémol : il y a certains fonctionnaires qui tentent de se justifier en disant qu’ils n’ont fait que respecter des instructions… 

Je pense ici à certains hauts cadres de la Fonction publique qui ont été partie prenante des combines et qui se cachent en disant effectivement qu’ils n’ont fait que suivre des instructions. Ces fonctionnaires trempés dans des combines sont aussi des complices.

Les attentes de la populations sont grandes, pour dire le moins. Le gouvernement pourrait-il la satisfaire, au moins dans les court et moyen termes ?

On a pris l’engagement, mais on ne pourra pas tout faire en une année et même après. Certaines promesses pourraient peut-être ne pas être honorées. En tant que citoyen, je relativise. Si le présent gouvernement arrive à remplir sa mission, travaille en toute transparence, sans scandales, je pense qu’on serait sur la bonne voie. On a parlé d’un gouvernement de transition, une alliance de convergence.

Ce gouvernement a-t-il un devoir de réussite ?

C’est le 3e 60-0 de Paul Bérenger. Aujourd’hui, il y a la maturité politique de Navin Ramgoolam et de Paul Bérenger et c’est le garant principal de la stabilité de la durée. On a actuellement un gouvernement le plus expérimenté de notre histoire avec la moitié des élus qui ont de l’expérience. Les deux leaders cumulent quatre mandats de Premier ministre. Cela devrait assurément favoriser le bon fonctionnement de ce gouvernement. Tant qu’il n’y a pas de dérives et que la volonté de réussir prime, comment ce gouvernement pourrait-il ne pas durer ?

Serait-ce un devoir pour le tandem d’aller jusqu’au bout de leur mandat ?

Vis-à-vis d’eux-mêmes, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ont le devoir de réussir. Le devoir de bien faire. La réussite est subjective.
 

  • defimoteur

     

 

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