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Krishna Luchoomun: un révolutionnaire «made in USSR»

Le chargé de cours aux Beaux-Arts prouve au quotidien que l’art dépasse toutes les frontières. Son cheminement est parsemé de rencontres et d’expériences inédites qui ont nourri son âme d’artiste. Du 12 au 21 novembre, il propose une nouvelle exposition, « Mes années soviétiques », inspirée de la période de ses études en Russie, à l’Institut français de Maurice. Rencontre. L’art est dans tout ce qu’il fait. Krishna Luchoomun, artiste et chargé de cours aux Beaux-Arts, transmet ses émotions à travers l’art. Il invite à réfléchir, à se questionner et surtout à interpeller. Son tout dernier rendez-vous a lieu à l’Institut français de Maurice, où se tient son exposition inspirée d’une partie de sa vie passée en Russie et qui a fait de lui ce qu’il est. Après ses études secondaires au collège Royal de Curepipe en 1982, il s’envole pour la Russie pour des études artistiques. « Ce choix était incompréhensible pour mes proches. J’avais une bourse en mathématiques, mais j’ai opté pour les arts. Je savais que je voulais faire de l’art », raconte-t-il. Lisette Lim Fat, son professeur d’art, lui insuffle la passion pour l`art et l’encourage à poursuivre ses études en Beaux-Arts. À cette époque, il n’y avait aucune école d’art à Maurice et venant d’une famille de classe moyenne, il lui était difficile d’encourir les frais pour des études à l’étranger. Il profite donc de cette bourse d’études du gouvernement de l’URSS pour intégrer la prestigieuse Académie des Beaux-Arts Repin, à Leningrad en Russie.

Révolutionner l’art

 
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/div> À travers son exposition intitulée : « Mes années soviétiques », le public découvre les vagues d’émotions qui ont submergé l’artiste pendant ses années d’études, de 1982 à 1990. De ce mode de vie stagnante aux expériences douloureuses comme Tchernobyl, survenues pendant son séjour en URSS. Autant d’expériences qui ont marqué le jeune homme d’alors et qui revient avec la folle envie de révolutionner le monde artistique au pays. Cependant, après sept années d’absence, Krishna Luchoomun se butte à pas mal d’obstacles. Le premier a été l’absence de galeristes et d’Art Manager. « L’artiste fait tout, il peint, prépare le vernissage, cherche sa salle d’exposition, vend, cherche des contacts. Cela n’aide pas la créativité », avoue-t-il. Ensuite à son retour au pays, l’artiste a vu ses rêves brisés en se rendant à l’évidence que les galeries fichées dans l’annuaire n’étaient en fait que des centres commerciaux. Il se souvient encore du jour où on s’est moqué de lui en voulant trouver une galerie. « J’ai commencé à chercher les numéros de téléphone des galeries et j’avais vu les Galeries Evershine dans l’annuaire. En appelant, ils m’ont fait comprendre que c’était un centre commercial et non une galerie d’art. Les réalités artistiques étaient dures à accepter », raconte-t-il.

Le partage et les échanges

Krishna Luchoomun commence alors sa carrière dans l’enseignement au collège Renganaden Seeneevassen et opte pour un travail à temps partiel au MIE en tant que chargé de cours. Il gravite toujours autour de l’art et se retrouve ensuite au MGI, où sa mission est maintenant de créer des artistes. En même temps, il s’engage à faire évoluer l’art dans son pays et met en place le projet « pARTage ». « On ne peut rester dans notre bulle. L’art, c’est avant tout le partage et les échanges », fait comprendre l’artiste qui, à travers pARTage, a fait venir 70 artistes étrangers à Maurice pour des résidences artistiques. « On a environ 15 artistes à chaque atelier et le but est vraiment d’avoir des échanges. Les artistes travaillent avec des artistes mauriciens, ensuite rencontrent le public autour d’un débat et font aussi un atelier avec les étudiants des Beaux-Arts », indique Krishna Luchoomun, qui est toutefois contraint de faire moins d’ateliers par manque de financement. « Le soutien à la création artistique est limité à Maurice. Les secteurs public et privé montrent peu d’intérêt », dit-il amèrement en revenant sur les difficultés survenues lors de la participation de pARTage au Biennale de Venise, l’un des plus grands rassemblements artistiques au monde.

Une passion, un métier

Les dons récupérés sont surtout venus des amis artistes à l’étranger et c’est ce qui a permis à sept artistes mauriciens d’y participer. Pour l’artiste, une nouvelle porte s’est ouverte sur le monde à travers cette première participation. « Malgré toutes les critiques, c’est une nouvelle possibilité pour les artistes mauriciens de briller ailleurs ». Malgré le progrès réalisé, les artistes, selon l’artiste, ont toujours du mal à faire de leur passion un métier. « L’art ne nourrit toujours pas son artiste à Maurice. Des trente étudiants qui rentrent aux Beaux-Arts au MGI chaque année, nombre d’entre eux finissent par devenir enseignants et peint un à deux tableaux par an pour exposer », estime Krishna Luchoomun pour qui la lutte continue. Krishna Luchoomun voit évoluer positivement les choses, dont la possibilité aux étudiants du MGI de faire leur maîtrise en Beaux-Arts. « De plus, on a une collaboration avec l’IFM qui offre une bourse d’études chaque année à un candidat pour poursuivre leurs études à Marseille », indique-t-il. Selon lui, de telles voies aident les artistes à s’enrichir artistiquement et d’avoir une ouverture d’esprit…
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