Interview

Kreepalloo Sunghoon: «Le défi des planteurs c’est de produire plus à moindre coût»

Kreepalloo Sunghoon
La transformation de légumes est un marché à fort potentiel, avance Kreepalloo Sunghoon. Pour le président du Small Farmers Welfare Fund, il est impératif de viser la région, si nous voulons réussir dans ce domaine. [blockquote]«C'est un bon signe que la jeune génération se lance dans de nouveaux types de production»[/blockquote] Pour les six premiers mois de l’année, la production de légumes a chuté de 26,2 % pour atteindre 30 944 tonnes, selon le dernier rapport de Statistics Mauritius. A quoi attribuez-vous un tel déclin ? En début d’année, la production a été affectée par le mauvais temps, notamment les fortes pluies et les cyclones. Certains planteurs ont perdu jusqu’à 70 % de leur production, ce qui représente un important capital. Cela leur a pris du temps avant de pouvoir réinvestir à nouveau dans les champs. Il y a aussi le fait que le rendement a été inférieur aux prévisions initiales, malgré une bonne floraison. Autre raison : certains planteurs ont cessé toute activité. D’ailleurs, la superficie de terre sous culture vivrière a reculé. Peut-on s’attendre à une amélioration de la situation au niveau de la production de légumes ? Les petits planteurs veulent augmenter leur production, mais ils sont confrontés à des difficultés qu’ils n’arrivent pas à surmonter, notamment un manque de capital pour investir. Il y a aussi le problème de main-d’oeuvre. Les planteurs doivent également faire face à une dégénération de certaines variétés de légumes. A titre d’exemple, si un planteur pouvait auparavant récolter 10 à 12 tonnes de pomme d’amour par arpent, il n’obtient maintenant que 6 à 8 tonnes par arpent. Ainsi, il faut s’attendre à ce que la production de légumes s’amenuise d’année en année. Toutefois, il est intéressant de noter que la jeune génération se lance dans de nouveaux types de production, notamment la culture hydroponique et autres « protected cultures ». C’est un bon signe quoique pour certains légumes comme la pomme de terre, la culture se fera toujours de manière traditionnelle. Cependant, ces jeunes ont un problème d’accès au financement et au marché. Cela prendra donc du temps avant qu’ils ne puissent combler le déficit au niveau de la production vivrière. Le ministère de l’Agro-industrie a dévoilé récemment le plan d’action du gouvernement pour augmenter la production de plusieurs légumes d’ici à 2020. Pourra-t-on réaliser ces objectifs dans le contexte actuel ? C’est bien de se fixer des objectifs, mais il faudra dégager des stratégies pour les atteindre. Avec la population et le nombre de touristes qui augmentent, le défi des planteurs c’est de produire plus à moindre coût. Il faudra répondre à la demande du marché, mais en n’oubliant pas dans l’équation que les planteurs doivent gagner leur vie. Que recommandez-vous pour augmenter la production ? Il faudra appliquer de nouvelles techniques de production, introduire de nouvelles variétés de produits, avoir accès au financement à un taux préferentiel, entre autres. Il faudrait aussi que les planteurs aient accès à des informations sur la production. Ainsi, on éviterait une surproduction ou sous-production de certains légumes. Le pays a toujours eu l’ambition de se tourner davantage vers la transformation de légumes, mais il y a eu peu de progression dans ce domaine…. En effet ! Pourtant, des opérateurs ont voulu, à maintes reprises, transformer la pomme d’amour en purée, mais sans succès. Pourquoi ? Tout simplement parce que le marché local est trop petit. Toutefois, la transformation de légumes est un marché à fort potentiel. Il faudra dégager des stratégies afin de viser la région si nous voulons réussir dans ce domaine.
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