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Kishore Beegoo face à la tempête : capitaine de redressement ou fusible politique?

Une question brûle les lèvres : après Rama Sithanen, Kishore Beegoo est-il sur un siège éjectable ? Cela compte tenu du fait que le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger avait publiquement remis en question leur gestion.

Le départ forcé de Rama Sithanen de la Banque de Maurice a eu l’effet d’un signal d’alarme : d’autres têtes pourraient tomber. Dans les couloirs du pouvoir comme dans l’opinion, le nom de Kishore Beegoo revient avec insistance. Et pour cause, le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, n’a pas ménagé ses critiques publiques à l’égard de la compagnie nationale d’aviation.

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Face à ces spéculations, Kishore Beegoo se veut imperturbable. « Je ne peux pas me laisser distraire par des attaques, des critiques et autres spéculations. J’ai une mission importante à accomplir. Ces attaques ne me faiblissent pas, elles renforcent ma détermination. Un gestionnaire ne baisse pas les bras aux moindres obstacles. » Il assure garder le cap et se présente en gestionnaire résilient. Pour lui, l’enjeu est clair : conduire Air Mauritius à bon port, en pleine zone de turbulence.

Le pari du bilan

L’homme conditionne sa crédibilité aux comptes financiers. Il insiste sur les résultats financiers à venir comme preuve tangible : le bilan de la période avril 2024-mars 2025. Selon lui, la trajectoire est claire :
• stabilisation des flux de trésorerie,
• réduction du déficit opérationnel,
• efforts de restructuration des routes avec une rationalisation des dessertes peu rentables,
• et surtout, retour de la confiance du personnel.

« En peu de temps, nous avons inversé la tendance d’une compagnie qui piquait du nez », martèle-t-il.

Il lie ainsi sa crédibilité à un résultat chiffré à venir. C’est un pari de pilotage par indicateur : il invite à juger sa gestion uniquement sur la base des comptes.

98 % vs 2 %

Dans cette lignée, Kishore Beegoo dénonce ceux qu’il qualifie d’éléments perturbateurs à l’intérieur comme à l’extérieur d’Air Mauritius : « J’espère qu’ils réalisent le tort qu’ils font à Air Mauritius. Ils peuvent ne pas m’aimer. Ils peuvent être allergiques à moi. Mais le bon sens veut qu’ils reconnaissent le travail herculéen que le Board et la grosse majorité d’employés réalisent. Qu’ils ne cherchent pas à démoraliser les employés. Comme dit l’Anglais, c’est ’add insult to injury’. »

Le Chairman insiste sur l’importance du soutien massif du personnel. « 98 % des employés donnent tout pour sauver la compagnie. Seuls 2 % cherchent à parasiter et s’attaquent à l’entreprise sur les réseaux sociaux et dans la presse. » Il dénonce certains agendas cachés, estimant que ces comportements sapent le moral d’équipes déjà éprouvées.

Le cas Viljoen : choix stratégique, pas menace

Interrogé sur le retour d’André Viljoen au poste de CEO, Kishore Beegoo nie toute menace pour son poste : « Pas du tout. Le Premier ministre est en contact régulier avec moi. Il soutient notre plan de redressement. Quant à Viljoen, c’est moi qui ai insisté pour son retour. On aurait bien pu recruter un CEO marionnette pour tirer les ficelles derrière lui. Ce n’est pas dans l’intérêt de la compagnie. Il nous fallait un CEO de calibre. »

Il affirme sa vision de gouvernance forte : recruter sur la compétence, pas sur la docilité. Mais, ce faisant, il reconnaît implicitement le risque de conflit avec ceux qui auraient préféré un management plus politique.

« Je partirai volontiers »

Sur la possibilité d’une mise à pied, Kishore Beegoo balaie d’un revers de main : « Je n’étais pas demandeur. J’ai refusé celui de CEO avant d’accepter la présidence. Si demain le Premier ministre estime ne plus avoir besoin de mes compétences, je partirai volontiers. Valeur du jour, il apprécie le travail abattu. Il nous accorde tout son soutien. »

Il rappelle ses sacrifices personnels : « J’ai laissé ma société entre les mains de mes enfants pour me consacrer à Air Mauritius, contre une rémunération de Rs 75 000. Je voyage dans ma voiture avec mon chauffeur, et je paie le carburant. On m’a proposé une révision à la hausse de mes émoluments vu que je cumule plusieurs fonctions en l’absence d’un CEO titulaire. J’ai refusé. Je veux ’lead by example’. »

Plus qu’une question de gouvernance d’entreprise, l’avenir de Kishore Beegoo se joue dans les rapports de force politiques. 

 

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