Kiran Juwaheer: «La baisse du pétrole ne se répercute pas de la même manière pour tous les pays»

La surproduction pétrolière qui a fait baisser le prix du baril ne se répercute pas de la même manière pour tous les pays. C'est ce qu'explique Kiran Juwaheer, Managing Director de Vivo Energy Mauritius, dans cet entretien. Comment expliquez-vous la baisse de 20 % de vos ventes en 2015 par rapport à 2014, alors que les coûts opérationnels ont baissé pour la même période ? Cela s’explique largement par un prix du pétrole brut constamment à la baisse sur le marché mondial. Cependant, son impact sur la marge bénéficiaire est nul, puisque les prix des carburants à la pompe sont contrôlés et que la marge est fixée au litre, indépendamment du prix de vente. Le fait majeur de notre dernier bilan est que la marge brute a augmenté de 16 % par rapport à 2014. Cette croissance est grandement attribuée à la vente des produits non contrôlés. Mais de manière générale, je dirais que c’est grâce à des coûts maîtrisés au niveau administratif et de la distribution, que nous avons pu maintenir le cap de la croissance. Comment voyez-vous la tendance des prix des carburants sur le moyen et le long terme ? Le prix du cours du pétrole dépend d’un équilibre entre l’offre et la demande sur les marchés. Plusieurs facteurs viennent conditionner cet équilibre. On assiste, depuis quelque temps dans le monde, à une surproduction pétrolière qui a fait baisser le prix du baril. Cependant, le prix à la pompe répond à une autre logique qui doit tenir compte, en sus du prix du brut, des coûts liés à la fiscalité, aux effets de change, au transport et aux marges de distribution, entre autres. La baisse du baril ne se répercute pas de la même manière pour tous les pays. À Maurice, la fonction de stabilisation des prix à la pompe des carburants revient à  l’Automatic Price Mechanism (APM). Qu'en est-il du gaz ? Le gaz est un produit de première nécessité. Suite à notre innovation, une femme qui vit seule peut facilement transporter sa bonbonne grâce à notre Shell Gas Lite, qui pèse 7 kg de moins qu’une bonbonne en métal. Quant au prix du gaz pour les besoins domestiques, il est subventionné et contrôlé. En ce qui concerne le gaz industriel et l’autogaz, nous avons revu nos prix à la baisse soit à Rs 20,95 le litre. L'accent est mis sur les énergies renouvelables. Cette tendance est-elle une menace pour les énergies fossiles ? Malgré l’intérêt mondial pour les énergies renouvelables, le pétrole restera une énergie incontournable dans les décennies à venir. Le pétrole contribue grandement à l’énergie primaire et à l’énergie finale ainsi qu’à l’énergie des transports. En tant que distributeur de produits pétroliers, nous n’avons pas seulement un rôle économique. Notre responsabilité éthique, écologique et sécuritaire ne souffre d’aucun compromis. Quels sont les projets dans le pipeline ? Nous augmentons notre capacité de stockage pour le bunkering avec un bac de 8 000 m3 d’huile lourde 380 cSt dans notre dépôt à Causeway. Vivo Energy a été la première compagnie à commercialiser l’huile lourde 310 cSt dans le sud de l’océan Indien. D’autre part, après l’ouverture des stations-service Shell à Mare d’Albert et Flacq, nous continuerons à investir pour garantir notre croissance et répondre aux besoins de nos clients.