L’enlèvement d’une jeune femme, le lundi 30 janvier, reste un mystère. La victime et le complice du suspect, Hans Heeroo, disent ignorer la raison de ce kidnapping. Ils se sont confiés au Défi Plus.
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Nous sommes lundi après-midi et le quartier de Cité-Vuillemin, à Beau-Bassin, est sur le qui-vive. La nouvelle sur l’enlèvement d’une femme de 21 ans se répand comme une traînée de poudre. La sœur de la victime alerte la police. Dans sa déposition, elle affirme qu’un dénommé Hans Heeroo, habitant la localité, et un autre jeune homme, Yash Hemraz, qui serait l’ex-petit ami de sa sœur, ont kidnappé celle-ci avant de la séquestrer au domicile du premier nommé.
La victime, Aurélie (prénom modifié) raconte le calvaire qu’elle a vécu pendant les deux heures de son enlèvement : « J’allais récupérer mes deux enfants dans le 4x4 de ma cousine et de son ami. Mais une fois à l’intérieur, la porte s’est rouverte brusquement. En une fraction de seconde, Hans Heeroo, qui tenait un couteau, m’a forcée à monter dans sa voiture. Yash Hemraz, qui était au volant, a démarré en trombe. »
Ils ont alors pris la direction de Mont-Roches. « Hans dir mwa : ‘To kontan koumsa ?’ J’avais peur car il était assis à mes côtés avec son couteau dans la main. À un moment, il a murmuré à l’oreille de Yash et j’ai cru au pire. Finalement, nous avons quitté Mont-Roches pour retourner chez Hans. Une fois arrivée, j’ai tenté de m’enfuir mais ils m’ont injuriée. Yash m’a demandé de nous réconcilier mais j’ai refusé », ajoute Aurélie.
L’ex petit-ami d’Aurélie et Hans Heeroo ont conduit la victime dans une des chambres où ils l’ont enfermée à clef. « Dans la chambre, Hans a ordonné à Yash de se rendre à la boutique. J’en ai profité pour tenter de m’enfuir, mais Hans m’a devancée. Fou de rage, il m’a couverte d’insultes, il a pris mon portable et il m’a laissée seule dans la chambre où j’étais prisonnière. »
Aurélie doit son salut à la police qui a réussi à la localiser. Hans Heeroo s’est enfui. C’est la concubine de ce dernier qui est venue libérer la jeune femme. « Elle m’a dit de dire à la police que Hans ne m’avait pas kidnappé mais que je suis montée dans la voiture de mon plein gré. Je suis saine et sauve mais j’ai toujours peur. J’ai frôlé la mort. Je ne sais pas pourquoi Hans m’a kidnappée et quel est le rôle de Yash dans cette affaire. »
Hans Heeroo : l’homme aux tatouages
Hans Heeroo, 31 ans, est connu dans la région comme l’homme tatoué. « Il s’est récemment fait piquer le front et il compte plus d’une dizaine de tatouages sur le corps », affirme une de ses voisines. Il est au chômage et passe toute la journée avec ses chiens. Il vit avec sa concubine dans la maison de trois étages de ses parents. Hans Heeroo ne se déplace qu’à moto ou alors il se fait véhiculer à bord de sa Honda Civic.
S’il est connu dans la région pour être un amoureux de chiens de race, ses activités qualifiées de « louches » ne passent pas inaperçues. « Li dan trasman li. Li pa koz boukou, me li agresif. Ena mem ki dir ki li dan ladrog sintetik me pa kapav konfirm ou », avancent certains voisins.
Lundi dernier, il a ordonné à un de ses chiens, un Rottweiler, d’attaquer les policiers qui étaient devant sa maison. L’un d’eux, ayant subi des morsures à la tête et à l’abdomen, a été hospitalisé. Lors d’une perquisition mardi, la police a saisi plusieurs sabres, un coup-de-poing américain et des armes tranchantes. Point de drogue ni de grosses sommes d’argent. Mais en raison de son lourd casier judiciaire, il est soupçonné d’avoir demandé à Yash Hemraz de tout enlever. Hans Heeroo a été arrêté plusieurs fois pour vol avec violence et des délits de drogue.
Toujours en cavale - Yash Hemraz : «Je suis innocent»
Originaire d’un faubourg de la capitale, Yash Hemraz, 23 ans, est considéré par la police comme le « bras droit » de Hans Heeroo. Le jeune homme dément ces allégations avec force. Il s’est confié au Défi Plus vendredi matin. « Je ne savais pas si on allait kidnapper la fille que j’aime. Hans m’a demandé de le véhiculer dans sa voiture car il ne sait pas conduire. C’est en voyant Aurélie en route qu’il a décidé de l’emmener de force. »
Dans la foulée, il ajoute : « J’ai peur. Je ne sais pas ce que la police me reproche. Je suis innocent. J’ai essayé d’aider Aurélie mais Hans m’a ordonné de me rendre à la boutique. Ensuite, la police est venue. J’ai pris peur et je me suis enfui. Je crains pour ma sécurité. Je ne sais pas si je dois me constituer prisonnier. » Interrogé sur sa relation avec Hans Heeroo, Yash Hemraz souligne qu’il n’est que son chauffeur.
« Je loue une chambre chez Hans, mais je constate que je me suis fait des ennemis. Je ne connais rien de ses transactions. Mo pa konn so larout. » Il a tenu à réaffirmer son amour pour Aurélie. « On était ensemble et je l’aime toujours malgré notre séparation. »
Sa vie exposée sur Facebook
Il n’a pas froid aux yeux. Hans Heeroo affiche son attirance pour l’argent en s’exposant sur les réseaux sociaux. Sur son wall, il dit travailler pour Green Money depuis avril 2010. Qualifié par les habitants de sa localité comme étant un dealer, Hans Heeroo n’hésite pas à exposer son train de vie sur sa page Facebook. Bijoux, voiture modifiée, deux motos (une Bajaj Pulsar 200CC et une Honda CBR 125) mais aussi des photos avec un nombre impressionnant de liasses de billets. Il a même publié un cliché sur lequel on le voit recouvert de grosses coupures. D’où vient tout cet argent ? La police soupçonne Hans Heeroo d’être mêlé au trafic de drogue car il est déjà en liberté conditionnelle pour un délit similaire.
La brigade antidrogue entre en scène
Selon nos recoupements, l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) devrait épauler les enquêteurs dans cette affaire. Les activités de Hans Heeroo, soupçonné d’être mêlé au trafic de drogue, intéressent l’Adsu. Il pourrait ainsi être interrogé sur la provenance des liasses de billets de banque avec lesquelles il s’est fait prendre en photo avant de publier les images sur sa page Facebook. Au niveau des Casernes centrales, on explique que les 21 accusations dont il fait l’objet avant sa récente arrestation referont surface. Son interrogatoire pourrait se poursuivre cette semaine. Traduit devant la cour de Rose-Hill le mardi 31 janvier, le Beaubassinois a été reconduit en cellule. Il est poursuivi sous les charges provisoires de kidnapping et d’assaulting polices officer causing effusion of blood. Il restera au Moka Detention Centre jusqu’à sa nouvelle comparution au tribunal prévue le 7 février.
Des molosses pour une forteresse
Plusieurs personnes, soupçonnées d’être mêlées au trafic de drogue, aiment s’entourer de chiens de race. À l’exemple de deux bergers allemands appartenant à Armonzo Capdor (arrêté avec 42,6 kilos d’héroïne à La Réunion), Hans Heeroo nourrissait des molosses, dont des bergers allemands et des Rottweilers. Lors du raid policier mardi dernier, les vétérinaires de la Mauritius Society for Animal Welfare ont récupéré huit chiens de race chez Hans Heeroo. Aucune des bête n’était enregistrée auprès de l’organisme. Les chiens ont été placés en quarantaine.
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