Le mardi 28 février est une date à marquer d’une pierre noire pour Jason (*), 29 ans. Il affirme avoir été kidnappé, à Résidences Barkly, par quatre individus qui l’ont tabassé et séquestré. L’habitant de Forest-Side a profité du fait que ses ravisseurs se soient endormis pour prendre la fuite.
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Les douze heures qu’il a passées entre les mains de ses ravisseurs sont les plus longues de toute sa vie. Jason (*), âgé de 29 ans, soutient avoir été kidnappé par quatre individus, le mardi 28 février, à Résidences Barkly. Ils l’ont ligoté, tabassé et séquestré avant d’appeler ses parents pour leur demander une rançon de Rs 100 000. Mais l’échange ne s’est
pas fait.
L’habitant de Forest-Side a pu déjouer la surveillance des malfrats pour prendre un tout-terrain et s’enfuir. Le jeune homme pense qu’il s’agit d’un acte de vengeance. Quant au présumé cerveau de la bande, il est activement recherché. Il s’agirait d’un habitant de Résidences Barkly qui est déjà connu des services de police.
Les faits remontent au mardi 28 février. Une date à marquer d’une pierre noire pour Jason. Depuis, une phrase ne cesse de le hanter : « Si zot (NdlR : les parents) pa donn kas, nou pou atas de blok dan to lipie ek zet twa kot far Albion. » Si des rumeurs mettant en doute la véracité de son histoire circulent en ce moment, le jeune homme martèle qu’il dit la vérité et qu’il n’est qu’une victime. Arborant un œil au beurre noir et boîtant, Jason a accepté de faire le récit de cette journée cauchemardesque.
« Je devais me rendre à un entretien d’embauche dans un hôtel du Sud », relate-t-il. Il s’est mis sur son trente-et-un et il a pris sa voiture vers midi pour sortir. Il a d’abord fait un crochet pour rendre visite à un ami à Résidences Barkly. « Nous avons discuté. Je ne me suis pas attardé car j’avais rendez-vous à 13 heures », précise Jason.
Mais alors qu’il s’apprêtait à quitter la localité, un jeune lui a fait signe de s’arrêter : « Mo pa konn li. Linn debout devan loto. Monn oblize arete. Enn sel kout linn mont dan loto. » Il explique que l’individu lui a demandé de le déposer un peu plus loin. Or, souligne Jason, lorsqu’il s’est arrêté, l’homme lui a arraché ses clés de voiture avant de lui lancer de but en blanc : « Ena enn prim lor to latet. »
L’habitant de Forest-Side a répondu qu’il devait s’en aller. Toutefois, quand il a voulu descendre, l’autostoppeur l’en a empêché. « Linn lit ek mwa. Linn kriy enn lot garson. Garson-la inn tir mwa lor volan. Linn met mwa derier. Zot inn kondir mwa dan enn lot plas, kouma dir enn lasam », se remémore Jason.
Ligoté avec sa cravate
Il se souvient aussi que les ravisseurs lui ont fait les poches. Ils ont ensuite pris sa cravate pour lui ligoter les mains. « Ils m’ont mis sur un banc. Ils m’ont aussi dit : ‘Tonn fane. To pou kone zordi’. Mon agresseur est ressorti. Il est arrivé quelques minutes après avec le cerveau », explique le jeune homme, qui affirme qu’il connaît ce dernier pour l’avoir rencontré auparavant par l’entremise d’un ami. « Nous nous étions vus quelques fois. C’est tout. Mais il y a eu un vol et j’en ai été témoin. J’avais donné son nom à la police. Il m’a réclamé des explications », ajoute Jason.
Pour se venger, poursuit-il, ils l’ont roué de coups. « Zot inn dir nou trouv enn aranzman ek ki mo bizin trouv gro biye mem pou zot les mwa ale. » Selon les dires de Jason, ils lui ont remis son cellulaire. Il raconte avoir appelé sa mère. « Monn dir li mo dan problem, ki mo pe gagn bate ek ki bann-la pe demann Rs 50 000. Apre monn rakrose. »
Mais le présumé cerveau l’aurait contraint à rappeler sa mère. « Mo garson ti pe plore kan linn koz ek mwa. L’individu m’a demandé Rs 60 000, Rs 70 000, puis finalement Rs 100 000. Je lui ai dit que je n’avais pas cette somme. Il m’a alors répondu : ‘Si to al get lapolis, mo pou pik li ek twa osi’ », confie la mère qui, à ce moment précis, pensait qu’elle ne reverrait jamais plus son fils.
Les parents se sont aussitôt rendus au poste de police. Une vaste opération policière a été déclenchée par le Groupement d’intervention de la police mauricienne et la Special Support Unit à Résidences Barkly pour retrouver les suspects. L’exercice n’a rien donné.
Pendant ce temps, selon Jason, ses ravisseurs l’ont fait monter dans une voiture. Ils auraient mis le cap sur Bois-Marchand où ils ont récupéré une femme. « Ils ont repris contact avec mes parents. Ils leur disaient de se rendre au Caudan pour effectuer l’échange. » Mais celui-ci n’a pu se faire et Jason serait resté dans la voiture pendant plus d’une heure.
Course-poursuite sur l’autoroute
Quand les malfrats sont revenus, ils auraient appelé les parents de Jason, leur demandant de les rejoindre sur l’autoroute non loin de la passerelle de Terre-Rouge. « Ils ont repéré la voiture de mon père. Mes ravisseurs ont klaxonné. Comprenant que mes parents n’avaient pas l’argent de la rançon sur eux, ils ne se sont pas arrêtés. Un véhicule de police a tenté de leur barrer la route mais ils sont parvenus à fuir. »
Ils auraient conduit le jeune homme dans un endroit boisé. Jason dit avoir été roué de coups. « Ils n’avaient pas apprecié le fait que mes parents aient informé la police. Ils m’ont dit : ‘Si zot pa donn kas, nou pou atas to lipie ar de blok ek zet twa kot far Albion’. »
Pendant que les recherches se multipliaient pour retrouver Jason, ses ravisseurs l’ont ramené à Résidences Barkly, dans une maison en construction. « Ils ont essayé d’appeler mes parents mais personne ne répondait. Ils ont pris de la drogue et m’ont donné quelques gifles. Plus tard, je les ai entendus ronfler. »
Le jeune homme en a alors profité pour prendre la fuite. Il raconte avoir franchi un mur avant d’atterrir dans une cour. Il y avait une caméra de surveillance. « J’ai fait des signes, en espérant que l’habitant des lieux me voie mais c’était peine perdue. Je me suis caché. » Au bout d’une heure, Jason a décidé de faire le tour de la maison. Il a repéré un tout-
terrain avec les clés sur le contact. « J’ai pris le véhicule pour m’enfuir. » Vers 3 heures mercredi, il est arrivé au poste de police de Curepipe. Les membres de la Criminal Investigation Division de Curepipe ont transféré le dossier à leurs collègues de Beau-Bassin.
« Quand on m’a dit que mon fils avait été retrouvé, je croyais que c’était son cadavre », relate la mère de Jason. Le jeune homme a retenu les services de Me Melanie Nagen. Quant aux ravisseurs, ils sont toujours recherchés par la police.
(* prénom modifié)
Le présumé cerveau recherché à travers le pays
Le présumé cerveau du kidnapping est connu des services de police. Cela fait plusieurs mois que cet habitant de Résidences Barkly est recherché dans plusieurs régions de l’île. Il est soupçonné d’être impliqué dans un braquage perpétré à la station-service de Montagne-Longue en août 2016. Et aussi d’un vol commis chez un couple de retraités à Plaine-Magnien en novembre 2016. Il est fortement soupçonné dans d’autres délits. Les opérations policières se poursuivent afin de mettre la main au collet du suspect.
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