Khoreissa Gheesa souhaite que justice soit faite. Sa fille Sarah Benazir Gheesa, 25 ans, a été tuée, jeudi, à Les Mariannes. Mithileshwarsingh Abhishek Dhunsoo, le présumé meurtrier âgé de 27 ans, est passé aux aveux. Il est hospitalisé, car il a tenté de mettre fin à ses jours. Il sera traduit en justice.
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Une femme humble, toujours prête à rendre service. C’est en ces termes que ceux qui ont côtoyé Sarah Benazir Gheesa la décrivent. Proches et amis étaient d’ailleurs nombreux à s’être déplacés le samedi 15 septembre à 10 heures, pour rendre un dernier hommage à la jeune enseignante. Son décès plonge une famille entière dans un profond désarroi.
Ceux présents aux funérailles se relaient dans un vain espoir de consoler Khoreissa Bibi Gheesa, la mère de la défunte. Toutefois, leur sollicitude ne semble guère pouvoir apaiser la douleur de cette mère au cœur meurtri. « Mo tifi ti mo lalimier. Li ti fer lazwa so fami. Li finn lev mo latet. Je laisse tout entre les mains de Dieu. Lui seul jugera le meurtrier de ma fille. En tuant ma fille, c’est toute une famille qu’il a détruite. Je ne pardonnerai jamais à cet homme. En arrachant la vie de ma fille, c’est comme s’il m’avait poignardé dans le cœur », pleure Khoreissa Gheesa.
« Mère Teresa »
Le regard dans le vide et le visage marqué par la douleur, elle se remémore la personne douce et aimable qu’était sa fille. Elle confie que Sarah était si humble qu’on la surnommait Mère Teresa au collège. « J’étais émue quand elle me l’a dit. C’était quelqu’un de simple, qui aimait aider ceux dans le besoin. Même à la maison, elle m’aidait à faire certains tâches. Mais j’essayais de l’en empêcher, car je ne voulais pas qu’elle se fatigue, vu qu’elle travaillait au collège et qu’elle donnait des leçons particulières. Elle me répondait alors que cela lui faisait plaisir de m’aider », raconte Khoreissa Gheesa. Elle ajoute que sa fille était également pieuse. D’ailleurs, dit-elle, elle jeûnait pendant dix jours pour une prière. « Cet homme l’a tuée pendant son jeûne. Dieu me fera justice. Je crois fermement en Lui », lance la mère de la défunte.
Mo tifi ti mo lalimier. Li ti fer lazwa so fami. Li finn lev mo latet. Je laisse tout entre les mains de Dieu. Lui seul jugera le meurtrier de ma fille»
La douleur est tout aussi palpable sur le visage d’Irfaan, le frère de Sarah Gheesa. Il précise que les mots ne suffisent pas pour dire à quel point sa sœur aînée était gentille et serviable. « Il n’y avait qu’un an d’écart entre nous. On rigolait bien ensemble. C’était une sœur formidable. Elle était aussi ma meilleure amie. Pour mon mariage, l’an dernier, elle s’était assurée que tout allait bien. Mon ange s’en est allé », confie-t-il. Il dit connaître Abhishek Dhunsoo, un mécanicien de la localité. « Li koze riye ar mwa. Mo pa ti atann li pou fer enn zafer parey », dit Irfaan.
Portée disparue
Il se souvient avoir vu sa sœur vivante pour la dernière fois jeudi. « Gramatin mo finn dir Sarah mo al kit li lekol. Linn dir mwa non ek ki li pou al par bis. Samem dernie fwa ki monn koz ar li. Ce n’est que jeudi vers 17 heures, quand je suis rentré à la maison après le travail, que j’ai appris qu’elle était portée disparue », pleure Irfaan.
Ce jour-là, Sarah Gheesa avait quitté son domicile pour aller travailler. Sauf qu’elle ne s’y est jamais pointée. En début de soirée, jeudi, Abhishek Dhunsoo a tenté de se donner la mort en se pendant, mais ses proches l’ont secouru à temps avant d’alerter la police. Interrogé par les agents, il a révélé qu’il avait rencontré la jeune femme jeudi et l’avait conduite à Les Mariannes, histoire de discuter. Il leur a dit qu’une dispute avait éclaté et qu’il avait abandonné Sarah Gheesa sur les lieux.
Cet homme l’a tuée pendant son jeûne. Dieu me fera justice. Je crois fermement en Lui»
Le jeune mécanicien a ensuite été conduit à l’hôpital SSRN de Pamplemousses, où il est admis. Vendredi, il a été interrogé par les limiers de la Major Crime Investigation Team. Il est alors passé aux aveux. Il leur a dit qu’il avait agressé Sarah Gheesa et qu’il l’avait étranglée, avant de la jeter dans un ravin à Les Mariannes. Il a expliqué avoir commis ce crime après que la jeune femme lui a confié avoir trouvé quelqu’un d’autre.
Il a ajouté avoir tenté de mettre fin à ses jours à la colline Mon Amour, mais que sa ceinture s’est cassée. Il serait ensuite retourné chez lui, où il a fait une seconde tentative.Il est hospitalisé. Dès qu’il se rétablira, il comparaîtra devant un tribunal. Si le jeune homme soutient que Sarah Gheesa et lui entretenaient une relation amoureuse, la famille de la défunte réfute cette allégation. « Elle l’estimait seulement comme un ami. Elle se faisait harceler par cet homme », martèle Khoreissa Gheesa.
Témoignages
La belle-sœur de Sarah : «C’était une battante»
« Sarah était une jeune femme compréhensive. C’était le leader de la famille. Elle avait le sens du partage. Aider les gens la remplissait de bonheur. Elle donnait des leçons particulières à la maison. Au mois de janvier, elle ne prenait pas l’argent aux parents de ses élèves, leur disant d’acheter des livres et des cahiers à leurs enfants pour la rentrée. Elle considérait ses élèves comme ses propres enfants. Elle faisait son maximum pour les aider. C’était une battante. Elle laisse un grand vide derrière elle. »
Une amie de la défunte : «Elle était comme une sœur pour moi»
« Je ne peux retenir mes larmes. Sarah était une fille aimable. Elle était comme une sœur pour moi. Zame li ti konn dir non. Li pa ti get so situasion pou li ed lezot. Li ti enn perl rar. Quand j’avais des problèmes, elle trouvait la solution en moins de deux. Je garde de très bons souvenirs d’elle », relate l’amie qui a voulu garder l’anonymat.
Kiran, une collègue de Sarah : «Elle faisait son travail avec beaucoup d’amour»
« C’était quelqu’un qui faisait preuve de beaucoup de patience. Elle faisait son travail avec beaucoup d’amour. Elle était la directrice du French Drama Club au collège. Une de ses élèves a même été élue meilleure actrice débutante. C’était Sarah elle-même qui passait des commandes quand il y avait des gatherings au collège. C’était une femme méticuleuse », raconte Kiran, collègue de Sarah et également chef du département de langue française au collège.
« Ce n’est pourtant pas un homme violent », disent les proches d’Abhishek
Oosmawtee Dhunsoo est sous le choc. Il n’y a pas d’autres mots pour décrire ce qu’elle ressent. Elle ne comprend toujours pas comment son fils Abhishek a pu en arriver là. « Je ne sais pas ce qui s’est passé entre Sarah et mon fils pour qu’il lui ôte la vie. Je ne m’attendais pas à ce que mon fils commette un tel acte. Je dois dire qu’il n’était pas dans son état normal jeudi. Quand il est rentré à la maison après une soirée entre amis, il était ivre. L’alcool lui a détourné l’esprit », raconte la mère de famille.
Elle soutient que son fils n’est pas un homme brutal. Elle relate qu’il a étudié jusqu’au School Certificate (SC) et qu’il a rejoint un centre de formation pour suivre des cours de mécanique, qui était sa passion. « Il travaille comme mécanicien. Tout le monde dans la localité peut témoigner que c’est un homme bien. Zame ou pa trouv li fer koler. Li res dan so ti kwin. Li ena bon ker. Li kontan ed tou dimoun », confie Oosmawtee Dhunsoo.
La sœur d’Abhishek fait ressortir qu’il n’a jamais eu de démêlés avec la justice avant ce drame. « C’est la première fois qu’il a des problèmes. C’est un homme calme. Si li kontan kikenn, li donn li afon dan relasion-la. Ce n’est que la veille du drame que ses amis nous ont appris qu’il était amoureux. Depuis, nous avons perdu la tranquillité d’esprit », raconte-t-elle. Quant au beau-frère d’Abhishek, il relate avoir rencontré celui-ci lundi. « J’étais allé récupérer ma fille de ses leçons particulières. Je l’ai vu et nous avons parlé. Il m’a dit qu’il allait bien. Il ne montrait aucun signe de détresse », dit-il. Les amis du jeune homme sont eux aussi sous le choc. « Abhishek n’est pas un homme violent. Il aime le calme. Si on est dans une situation difficile, il est là pour nous soutenir. Pour nous, il reste toujours notre meilleur ami. Nous sommes de tout cœur avec lui dans ces moments difficiles », conclut Rajiv.
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