Il a des rides et un dentier... et il croque la vie à pleines dents ! Il est dur d’oreille, mais il entend vivre à plein régime. S’il porte des vêtements d’un autre temps, le temps ne semble pas avoir de prise sur Kewolparsad Bisnauthsing. Oui, il fait partie du cercle des centenaires mauriciens. Non, il ne fait pas son âge. Rencontre avec un… jeune vieillard.
Il a 109 ans. Mais il ne les fait pas ! Kewolparsad Bisnauthsing, de Brisée-Verdière, s’exprime couramment en hindi et en créole. Il ne porte pas de lunettes, il se déplace sans aide et il s’adonne encore à ses activités préférées. « Je dois ma longue vie à une bonne santé, ma joie de vivre et ma bonne humeur », confie-t-il. Sa fille Dolly, qui s’occupe de lui, ajoute : « Pa gagn problem ditou ar li. Li fer tou so zafer par limem. »
Une carrière pas comme les autres
Kewolparsad Bisnauthsing naît un 10 octobre 1909 à Brisée-Verdière, un village situé dans l’Est. Il y passe toute sa jeunesse et sa… vieillesse. Né de parents bihari, il est le seul de ses huit frères et sœurs à vivre aussi longtemps. Il est pauvre comme l’est presque tout le monde à cette époque.
Le petit Kewolparsad va à l’école protestante du village. Il raconte : « Monn fini mo siziem, monn sorti premie dan mo klas e lerla mo profeser ki ti enn angle dir mwa vinn travay kouma profeser. » Cependant, après un mois, insatisfait de ses 15 sous de salaire et des conditions de travail, il délaisse l’enseignement pour devenir maçon. Il veut gagner plus d’argent.
Kewolparsad est embauché pour la construction du canal de La Nicolière. « Les Anglais cherchaient de la main-d’œuvre et je me suis présenté à La Nicolière. Au bout de quelque temps, les responsables ont vu que j’étais motivé, mais trop jeune pour cette tâche. Ils m’ont alors conseillé de porter un pantalon d’adulte pour paraître plus âgé », se remémore-t-il.
Par la suite, il est recruté pour les opérations de nettoyage de forêts dans les domaines de l’agriculture, de la culture de thé et de la canne à sucre. Il travaille dur et avec enthousiasme. Même après l’âge de la retraite, Kewolparsad reste actif en cultivant son potager.
La boutique du bonheur
Il ouvre ensuite une boutique. à 20 ans, alors qu’il travaille dans son commerce, il voit entrer deux étrangers. Il les sert comme n’importe quel client. Sans se douter qu’ils sont ses futurs beaux-parents venus de Belle-Rose et qu’ils sont porteurs d’un bonheur en béton ! En effet, il y aura un mariage arrangé, quelque temps après, avec leur jeune fille, Chando. Une union qui dure jusqu’à la mort de celle-ci, à l’âge de 75 ans. « Ils étaient très complices et après la disparition de ma mère, Papa était triste, mais il n’a jamais perdu sa joie de vivre », confie Dolly.
Les Bisnauthsing ont eu six enfants, dont deux fils (l’aîné est décédé), quatre filles, 11 petits-enfants et quatre arrière-petits-enfants. C’est sa fille Krishna qui est désormais l’aînée de ses enfants. « C’est quelqu’un qui aime beaucoup sa famille et il a veillé à ce que chacun d’entre nous ait une bonne éducation », précise Dolly.
Un homme de passions
Si Kewolparsad voue une grande passion aux courses hippiques, il assure parier juste pour le plaisir. Même s’il a déjà touché de gros gains lors de la victoire d’un poulain de l’écurie Gujadhur ! Dolly assure que, même à 100 ans, il se rendait aux Champ-de-Mars pour voir courir les chevaux.Il s’intéresse aussi aux actualités locales. Il lit les journaux et il ne rate, sous aucun prétexte, le journal télévisé en hindustani et en créole. Il aime aussi les séries indiennes et le Mahabaratha.
Son secret de jouvence
Ah, vous auriez aussi voulu vivre longtemps ? Un peu, beaucoup ou pas tellement… Peu importe, vous mourrez d’envie de connaître le secret de la longévité de Kewolparsad, agréablement bavard. C’est tout simplement son style de vie adopté en tout temps, dit-il. « Mo lev boner toulezour. » Il explique qu’il a toujours veillé au grain à sa nourriture et à sa santé en mangeant sans excès. « Mo pann tous enn gout lalkol, ni monn fime », s’empresse d’ajouter le végétarien.
à quatre heures du matin, il est déjà sur pieds. Il est de ceux qui croient que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il débute sa journée par sa toilette et des sessions de prières. Grand dévot du dieu Shiva, il connaît toutes les prières. Il n’hésite pas à nous les réciter. Il ajoute : « Pou viv lontan, bizin res bon ek tou dimoun osi…. Mwa mo fer mo laprier, mo les tou dan lamin bondie. » Il ne s’endort jamais avant ses dernières prières.
Kewolparsad consacre du temps à des exercices physiques et au yoga. Même si, à son âge, il ne peut plus en faire autant qu’avant, il continue la marche et les étirements pour garder la forme. Pas étonnant qu’il ne souffre ni d’hypertension ni de diabète ! Après avoir passé 109 ans sur cette terre, notre plus que centenaire aspire à profiter de chaque instant des années à venir, dit-il. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !
Il aime...
Manger un bon curry de pomme de terre au masala accompagné de dholl et de riz.
Il déteste...
L’alcool, la cigarette, les boissons gazeuses et qu’on… l’interrompt.
Une anecdote
« Lontan nou ti mizer, pa ti ena boku linz, dimoun ti ena enn sel linz. Zot lav li tanto kan zot sorti travay. Lerla fer li sek avek labrez pou kapav mete so landemin. Mo bien kontan aster mo trouv dimoun ena bokou linz e tou kalite linz. Asterla pli bon ek pli fasil. »
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