
Invité de l’émission Conversations Live, l’économiste Kevin Teeroovengadum a partagé son analyse de la position économique de Maurice face aux tensions géopolitiques mondiales, à l’approche du Budget 2025-2026. Selon lui, le pays doit adopter une stratégie ciblée et renforcer ses partenariats internationaux pour rester pertinent.
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«Maurice n’est qu’un point dans l’océan Indien », rappelle Kevin Teeroovengadum. Avec un produit intérieur brut avoisinant les 15 milliards de dollars, soit approximativement 0,01 % de l’économie mondiale, l’île opère dans un environnement global dominé par les grandes puissances. Une situation que l’économiste ne juge pas forcément défavorable. « Être un petit poisson n’est pas une mauvaise chose dans le contexte actuel », souligne-t-il.
Historiquement tourné vers le commerce, le pays a toujours entretenu des échanges avec l’Est comme avec l’Ouest. Kevin Teeroovengadum estime que cette décennie, marquée par des tensions géopolitiques, des conflits armés et de nouvelles barrières tarifaires, représente à la fois un défi et une opportunité. « Nous savons à quoi nous attendre avec Trump. C’est peut-être le moment de renforcer nos partenariats avec la Chine et l’Afrique », avance-t-il.
Il cite l’exemple de la Chine, dont la politique de l’enfant unique et les investissements massifs dans l’industrie ont permis une croissance rapide au cours des deux dernières décennies. « Ce pays a sorti des millions de personnes de la pauvreté, investi dans la technologie et étendu sa présence en Afrique, notamment à travers les télécommunications, les infrastructures portuaires, routières et ferroviaires », fait-il ressortir.
Pour l’économiste, il est essentiel que Maurice adopte une stratégie plus ciblée en Afrique. Malgré son appartenance à plusieurs accords régionaux, l’île ne peut prétendre à une présence significative sur l’ensemble du continent. Il indique : « Une approche de sniper est nécessaire : choisir deux ou trois pays d’Afrique de l’Est, par exemple, où notre secteur privé peut s’implanter efficacement ». Une manière, selon lui, de se positionner parmi les acteurs les plus performants, plutôt que de se disperser.
Il observe, par ailleurs, que l’Inde et la Chine continuent de jouer un rôle central en Afrique. « L’Inde s’adresse plutôt au secteur privé, tandis que la Chine a longtemps ciblé les marchés publics, bien que cela commence à évoluer avec l’implantation d’entreprises chinoises privées sur le continent », dit-il.
Sur le plan intérieur, Kevin Teeroovengadum estime que le gouvernement est confronté à un dilemme majeur à la veille de la présentation du Budget 2025-2026. « Il faudra trouver un juste équilibre entre la maîtrise des dépenses et l’augmentation des recettes », soutient-il.
Kevin Teeroovengadum alerte aussi sur la situation monétaire du pays. Il appelle à davantage de transparence de la part du gouvernement, notamment face au déficit de la balance commerciale et à la faiblesse des réserves. « Nous n’avons pas de ressources naturelles. Nous ne pouvons pas continuer à importer plus que nous n’exportons, ni à dépenser plus que nos revenus », dit-il.
Concernant la roupie, il critique la gestion actuelle. Selon lui, la Banque centrale a tenté de stabiliser la devise en utilisant des ressources financières empruntées. Il appelle à une réforme axée sur la réduction des importations, le renforcement des exportations et une politique plus agressive d’attraction des investissements étrangers.

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