Monde

Kenya: huit chroniqueurs d'un groupe de presse démissionnent

Huit chroniqueurs de premier plan travaillant pour le plus grand groupe de presse au Kenya, le Nation media group (NMG), ont démissionné mardi en dénonçant l'ingérence du gouvernement et le manque d'indépendance de leur employeur. Parmi ces contributeurs, George Kegoro, le directeur général de la Commission kényane des droits de l'Homme (KHRC), Lynne Muthoni Wanyeki, la directrice Afrique de l'Open Society Foundation, la fondation du milliardaire George Soros, et Nic Cheeseman, professeur de politique à l'université anglaise de Birmingham.

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"Je démissionne pour protester contre les atteintes croissantes à la liberté de la presse. Je démissionne en signe de solidarité avec les voix qui ont été réduites au silence. Je démissionne parce que nous devons vivre avec nos convictions", a écrit M. Cheeseman sur son compte Twitter. Dans un communiqué commun, les huit chroniqueurs ont mis en exergue plusieurs incidents ces dernières années qui tendent à remettre en cause l'indépendance de NMG.

Cela comprend le renvoi d'un rédacteur en chef après un éditorial très critique à l'égard du président Uhuru Kenyatta, ou le non-renouvellement du contrat du très populaire caricaturiste Gado, souvent très caustique envers le gouvernement. Le mois dernier, NMG a aussi congédié le directeur de sa station de télévision NTV, Linus Kaikai, après qu'il eut dénoncé la collusion entre les différents propriétaires de médias et le gouvernement à l'occasion de l'investiture symbolique en janvier du chef de l'opposition, Raila Odinga, qui estime avoir remporté l'élection présidentielle de 2017.

NTV et deux autres chaînes avaient été interdites de diffusion pendant une semaine pour avoir tenté de couvrir cette cérémonie d'investiture. Elles n'avaient repris leurs programmes que sur décision de justice. "Une tendance inquiétante est apparue: il semble que l'exécutif est capable d'influencer qui travaille ou contribue à NMG", selon le communiqué. "Censurer des chroniqueurs individuels témoigne d'une intolérance pour les avis discordants et d'une volonté de l'exécutif d'utiliser n'importe quel moyen pour réaliser son objectif, y compris en cooptant des rédacteurs en chef", ajoute-t-il.

Le Nation Media Group a réagi à ces démissions "avec regret" et assuré ses lecteurs qu'il restait "engagé en faveur de la liberté de la presse". "Nous voulons redire que nous avons globalement honoré notre obligation à leur égard en respectant leurs points de vue et que nous n'avons pas altéré leurs positions, si ce n'est en corrigeant des erreurs de base", a-t-il ajouté dans un communiqué.

NMG est le principal groupe de presse en Afrique de l'Est, avec des médias fonctionnant au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie et au Rwanda. La dernière élection présidentielle kényane en 2017 a été marquée par l'annulation d'un premier scrutin, entaché d'irrégularités, puis par un deuxième boycotté par l'opposition.

Le président sortant Kenyatta a été réélu avec 98% des voix lors de cette présidentielle en deux temps marquée par des violences politiques qui ont fait au moins 92 morts, la plupart tuées par la police, selon les organisations de défense des droits de l'Homme. MM. Odinga et Kenyatta ont pris une étonnante initiative au début du mois, en se serrant la main en public et en promettant d’œuvrer de concert pour réconcilier le pays.

 

Souce : AFP

 

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