Vous connaissez sans doute la chanson « Carri pwasson mamzel » qui passe sur les radios. Par contre, l’auteur-compositeur est, lui, moins connu. Son nom : Ken Saravana, un artiste pas comme les autres. Son podium à lui, c’est la rue. Rencontre…
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Il brave regards et préjugés pour faire de la rue sa scène à lui. Ce « street performer » est de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de honte à jouer sur le trottoir. Cheveux longs, grand et mince, un visage effilé derrière des lunettes de soleil, clarinette aux lèvres, Ken Saravana ne laisse pas indifférent. Sa « baz » se trouve près de la compagnie d’assurance LIC, rue John Kennedy, Port-Louis. Difficile de le rater. Entonnant des mélodies tantôt romantiques et douces, tantôt reprises du répertoire de Bon Jovi ou de celui de Sonu Nigam, Ken Saravana envoûte les passants.
Ce Portlouisien vit et respire la musique dans tous les sens du terme. Hormis la clarinette dont il joue tous les jours de 9 h 30 à midi, il chante et joue de la guitare acoustique et électrique, de la basse, entre autres instruments.
Né dans une famille de musiciens, il est tombé tout jeune dans la marmite des notes. Cette passion ardente et ce respect qu’il a pour la musique, il les tient de son grand-père Marday. À l’âge de 7 ans, il grattait déjà sa petite guitare. Au fond de lui, il savait qu’il était fait pour la musique.
Exploité par les autres
Se retrouver à jouer dans la rue est pour lui une occasion de montrer son talent et n’est certainement pas une honte, comme certains peuvent le croire. «Je n’éprouve aucune honte, je le fais par passion et par amour pour la musique », raconte Ken. Il lui est arrivé de voir certains de ses proches l’éviter, mais cela importe peu quand il est dans son monde musical.
Mais jouer dans la rue n’est pas si simple. Certains se moquent de lui mais les moqueries, il n’en a que faire.
Après avoir travaillé pendant plus d’une dizaine d’années dans de grands hôtels, il a préféré se mettre à son compte.
« Dans les hôtels, c’est plus difficile de se faire connaître du public, en plus d’être exploité par les autres », explique-t-il. Faire entendre sa musique lui procure beaucoup de plaisir.
« Je ne sais pas de quelle humeur sont les gens, mais les voir s’arrêter pour me regarder jouer et sourire me procure du plaisir. S’ils me donnent de l’argent cela va certainement m’aider, mais au final c’est leur appréciation qui compte », confie l’artiste.
Si chanter dans la rue rapporte beaucoup dans les grands pays, ici cela lui rapporte assez pour vivre.
Street performers : Très respectés
« Contrairement à Maurice, dans d’autres pays les street performers sont très respectés. Malheureusement ici, les artistes de rue n’ont pas très bonne réputation », regrette Ken. D’ailleurs, il lui est même arrivé d’être malmené par des policiers alors qu’il jouait à Rose-Hill. « Ils m’ont arrêté parce que je jouais dans la rue. Les policiers ont littéralement saccagé mes instruments, parmi lesquels il y avait une guitare acoustique qu’on ne voit presque plus sur le marché », se souvient-il.
Cela ne l’a pas pour autant découragé ! À Port-Louis, même si l’ambiance est meilleure, il y a toujours la pollution sonore, le mauvais temps qui jouent souvent au trouble-fête.
Malgré ces aléas, notre artiste se voit mal faire autre chose que de la musique, qui pour lui est « comme une épouse, aller voir ailleurs c’est comme la tromper et moi je suis marié à ma musique et je ne la tromperai pas. »
Ken Saravana a de nombreux projets en tête. Il écrit des textes et a même de la matière pour un nouvel album. Cependant, les finances lui manquent pour ses projets. Entre-temps, les amateurs de musique savent où le trouver.
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