
Élevé dans la simplicité, forgé par l’effort, guidé par l’éducation : Kaviraj Sukon incarne l’histoire inspirante de ceux qui transforment le savoir en pouvoir. Parcours d’un homme pour qui l’éducation est une boussole, un horizon… une passion devenue mission.
Dans une petite maison de Mare-d’Australia, village rural bercé par le silence des champs et les voix d’une fratrie unie, s’est dessiné le destin d’un homme que rien ne prédestinait à la politique. Dernier d’une fratrie de cinq enfants, Kaviraj Sukon a grandi dans la simplicité, mais au cœur d’un foyer où les valeurs familiales et l’amour de l’apprentissage faisaient office de boussole. Aujourd’hui ministre, il incarne un parcours bâti sur la rigueur, le respect et une foi inébranlable dans la force de l’éducation.

Quand il évoque son enfance, une image s’impose à lui avec tendresse : celle d’une table familiale autour de laquelle chacun prenait sa place, chaque après-midi, dans une harmonie discrète. Sa mère, figure centrale de cette scène, lisait le journal à voix haute pendant que les enfants faisaient leurs devoirs. Ce tableau n’était troublé que par le frottement des crayons sur les cahiers. « On avait une télévision noir et blanc de 11 pouces, qu’on a gardée jusqu’à l’université. Mais on ne s’en plaignait pas. Les moyens étaient modestes, mais on était riches de volonté », confie-t-il avec un sourire empreint de nostalgie.
C’est dans ce quotidien frugal, mais ancré dans des principes solides, que Kaviraj Sukon apprend la valeur du travail. L’école primaire de Pont Pralin est son premier terrain de jeu intellectuel, avant que ses efforts ne le mènent jusqu’au John Kennedy College, établissement de renom. Il se souvient encore de ces matins où ses parents lui remettaient Rs 10. Le trajet en bus coûtait Rs 8, ne laissant que deux roupies, juste assez pour une boisson gazeuse. « Mais je n’ai jamais laissé cela me freiner », dit-il simplement.
Seul garçon parmi quatre sœurs, il grandit dans un environnement profondément solidaire. Cette configuration familiale lui apprend tôt le partage, la bienveillance et la résilience. Des valeurs qui l’accompagneront tout au long de son parcours.
Grâce à ses résultats brillants, il obtient une bourse qui lui ouvre les portes des études supérieures jusqu’au doctorat. Il devient un expert reconnu dans le domaine des sciences, sans jamais perdre le lien avec ses origines. C’est aussi sur les bancs de l’université qu’il rencontre celle qui deviendra sa femme, Rajshree. Lui, en faculté des sciences, elle, en humanities. « Nos regards se sont croisés à l’université, et quelques années plus tard, nous nous sommes mariés. Cela fait maintenant 28 ans », dit-il avec émotion.
Leur histoire s’est enrichie de deux fils : l’aîné, Yashraj, passionné de droit, s’est aussi tourné vers le design et la 3D ; le cadet, Siddharth, fasciné par les chiffres, poursuit des études en actuariat. Une nouvelle génération qui, à sa manière, poursuit le rêve familial d’excellence et d’engagement.
À la tête de l’Open University pendant plusieurs années, Kaviraj Sukon a été un artisan discret mais déterminé de la transformation du paysage éducatif mauricien. Précurseur de l’apprentissage en ligne, il rêvait de faire de l’enseignement supérieur un levier puissant pour l’économie nationale. Il y a investi toute son énergie, sa vision et son expertise.

Mais en 2015, une épreuve vient tester sa solidité. Un matin, il reçoit un fax : le budget de son institution est drastiquement réduit. « Cela a été un choc. Je savais que cela allait impacter les étudiants, les projets, tout ce qu’on construisait. Mais je n’ai pas baissé les bras », se souvient-il. Plutôt que de céder au découragement, il réunit son équipe, pose un diagnostic lucide et réorganise toute la gestion de l’établissement. « C’est dans l’adversité qu’on se révèle », résume-t-il.
C’est fort de cette expérience, et animé par un désir profond de transformation sociale, qu’il fait le saut en politique. Pour lui, ce n’est pas un changement de cap, mais une suite logique. « Je fais ce travail avec motivation, détermination et surtout, avec conviction. Je crois profondément au destin. Et si le destin m’a conduit ici, c’est que j’ai encore un rôle à jouer. »
Au gouvernement, il cultive une approche à son image : rigoureuse mais humaine. À l’écoute, il consulte, dialogue, construit des ponts entre les institutions et les citoyens. « On ne dirige pas seul. On avance ensemble », insiste-t-il.
Mais derrière le costume de ministre, l’homme demeure fidèle à ses passions simples. Grand amateur de natation et de football, il voue une admiration particulière au club anglais Liverpool. Une passion qu’il partage avec son fils cadet. Ensemble, ils ont réalisé un rêve : visiter Anfield, stade mythique du club. « C’était un moment magique, on s’en souviendra toute notre vie », raconte-t-il, les yeux brillants.
Petit, il jouait au football comme arrière. Aujourd’hui encore, bien que les responsabilités professionnelles l’aient éloigné des terrains, il reste attaché à l’esprit du sport : discipline, travail d’équipe, persévérance.
Végétarien depuis la naissance, il trouve aussi son bonheur dans la cuisine. Il aime préparer le traditionnel « set kari », plat qui incarne ses racines mauriciennes, mais aussi des recettes plus contemporaines comme les pâtes maison pour ses fils – un rituel familial, simple et chaleureux.
Avec son épouse, il partage également une passion apaisante pour le jardinage. « Quand le temps nous le permet, on met les mains dans la terre. C’est apaisant, ça nous rapproche de la nature », confie-t-il. Ce lien avec la terre devient pour lui un espace de recentrage presque méditatif.

Côté musique, son cœur balance entre les ballades puissantes de Céline Dion et la voix apaisante de Taleb Maumoon, qu’il aime écouter après des journées bien remplies. Et s’il devait retenir un seul lieu parmi tous ceux qu’il a visités ? Interlaken, en Suisse. « La nature y est majestueuse, l’ordre impressionnant. C’est une leçon d’harmonie entre l’homme et l’environnement. »
Kaviraj Sukon ne cherche ni à se mettre en avant, ni à se poser en modèle. Mais son histoire, façonnée par l’humilité, le labeur et une foi tranquille en l’avenir, en inspire plus d’un. À ceux qui doutent, il livre ce message : « On ne choisit pas toujours d’où l’on vient. Mais on peut toujours choisir où l’on va. »
Une vérité simple, comme celle qu’on entendait autrefois autour d’une table, dans une maison modeste, où l’on croyait que tout commence par l’éducation.

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