Kaviraj Bokhoree est sur tous les fronts.
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Son parti En Marche Maurice surfe sur le « macronisme » naissant en France. À peine dépêtré du bourbier de La Butte et de Résidence Kennedy, le voilà à Belle-Rose/Quatre-Bornes, où se tient une partielle.
« Je tiens cette capacité de travail de mon père qui était planteur. Aujourd’hui, il a si bien travaillé qu’il a investi avec succès dans l’immobilier »
Le 27 septembre 2017, Kaviraj Bukhoree s’apprêtait à commencer une grève de la faim, mais une info lui est parvenue à l’effet que le gouvernement serait parvenu à un accord avec les protestataires de Barkly et de La Butte. Du coup, l’avoué devenu star des médias sur le dossier du Metro Express, peut enchaîner cigarettes et tasses de thé.
Dans son étude au rez-de-chaussée de St James Court, à Port-Louis, ce grand gaillard sanglé dans son costume trois-pièces tiendrait plus de l’ogre s’il n’était pas trahi par un accent posé et un sourire désarmant et humain.
« Je viens du milieu rural : Camp-Fouquereau. Mon père était analphabète, mais intelligent. C’est à cause de cela que je me suis appliqué dans les études, jusqu’à devenir lauréat », confie-t-il, entre deux signatures de documents.
Ses bonnes notes en maths et en économie au Royal College de Port-Louis auraient dû le conduire vers la comptabilité, mais il finira légiste. « Pour défendre les causes désespérées comme sainte Rita », explique-t-il. Une statuette de celle-ci orne son bureau à côté d’autres divinités œcuméniques. Il tire une certaine fierté à avoir effectué ses études d’avoué à l’Université de Maurice. Selon lui, celle-ci délivre des cours « nettement plus étoffés que les universités étrangères et indispensables pour comprendre les réalités mauriciennes ».
Lorsqu’il se met à son compte, après son « pupillage » chez l’avoué Pazhany Rangasamy, il héritera, entre autres et d’un coup, de quelque 800 dossiers à la suite de la radiation d’un avoué. « C’était un gros défi, mais avec mon équipe on a bossé sans compter les heures. Je tiens cette capacité de travail de mon père qui était planteur. Aujourd’hui, il a si bien travaillé qu’il a investi avec succès dans l’immobilier. C’est lui qui m’a offert mon appartement et ma voiture », dit-il avec le sourire.
Jugement de Salomon
Comme Rama Valayden, qu’il veut émuler, les causes qu’il défend sont aussi variées qu’opposées les unes aux autres. « Que ce soit pour le syndicat de la police, celui des pêcheurs, la carte biométrique, l’affaire Salim Muthy contre l’État mauricien, la Française Aurore Gros-Coissy, les expropriés de Barkly et de La Butte, il faut que la justice et de l’équité priment et l’emportent », lâche-t-il. Il cite le Jugement de Salomon, réminiscence du pasteur qu’il fut. Il fait valoir la même ligne de justice qui traverse toutes les religions.
Lorsqu’on lui dresse l’analogie entre le parti français En Marche d’Emmanuel Macron et sa propre formation En Marche Maurice, il se défend de tout opportunisme.
« Nous sommes entrés dans une dynamique de remise en cause d’un système gangréné par des partis politiques passéistes, c’est un phénomène mondial. L’ancienne génération de politiciens n’est plus capable de répondre aux aspirations du monde moderne. Il faut certes bâtir sur les fondements de l’histoire, mais les références ont changé de nature, il faut des réponses qui soient cohérentes et réalistes, tout en redonnant ses lettres de noblesse à l’exercice de la politique. Les Mauriciens me jugeront sur mon engagement, qui a été constant aux côtés des exclus du système », fait-il ressortir.
Quand on évoque Roshi Bhadain dont l’engagement semble très présent à Belle-Rose/Quatre-Bornes, il la balaie d’un revers de la main. « Je rappellerai aux électeurs de cette circonscription que Roshi Bhadain a été l’architecte du démantèlement de l’ex-BAI et le négociateur maladroit du traité DTAA avec l’Inde. Il a été partie prenante des décisions de ce gouvernement comme ministre de la Bonne gouvernance. Il faudra qu’il vienne s’expliquer. »
Patronymes et dynastie
S’il refuse de se joindre aux partis qui dominent la scène politique mauricienne, c’est parce qu’ils n’offrent aucun espace aux jeunes et privilégient les patronymes. « Navin Ramgoolam, Arvin Boolell, Pravind Jugnauth, Xavier-Luc Duval et Joanna Bérenger sont tous des enfants avec des patronymes qui assurent la dynastie. Quelle place y a-t-il pour les autres ? Seulement des seconds couteaux. Je ne les vois pas refonder la réflexion politique, car ils ont été investis pour assurer la continuité d’un nom », estime-t-il.
Son programme est-il si différent des autres ? « Oui. Je veux instaurer le règne de la transparence, de la justice sociale, de la démocratie, de la responsabilité, en y associant le secteur privé. Il faut consolider les acquis du Welfare State, tout en s’assurant que toutes les couches sociales obtiennent leur part du gâteau national, mais il faut en même temps encourager et récompenser l’effort. Une nouvelle vision de la société doit être l’impératif des jeunes politiques, avec les enseignements de l’ancienne génération, car je ne souhaite aucune exclusion », assure-t-il.
Aucune rupture avec nos choix économiques n’est au programme, nuance-t-il. L’avoué reprend à son compte et sans le savoir un vieil adage de feu sir Gaëtan Duval : « Ni à droite ni à gauche »
Pour l’heure, Kaviraj Bukhoree travaille à la rédaction de ses discours, réfléchit à son action sur le terrain durant la campagne pour la partielle à Belle-Rose/Quatre-Bornes, qu’il investit le lundi 2 octobre.
« Notre parti va remporter cette élection. J’ai l’habitude du travail sur le terrain, de la communication avec les gens de toutes les couches sociales. Cette élection est décisive, car elle donnera une indication sur le résultat des prochaines élections législatives. Après notre victoire, on va travailler sur la liste de nos candidats pour ces élections », indique-t-il avec une belle assurance.
Quant à sa condition physique et mentale pour la campagne au No 18, il s’en remet à son épouse, professionnelle dans le domaine de la santé, tout en rappelant qu’il est aussi adepte des arts martiaux. De quoi se lancer sur le sentier de guerre...
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