Il est l’un des trois directeurs-généraux de la Banque Centrale Populaire du Maroc. Il est en charge du volet international. Dans cet entretien réalisé mardi, au siège social de la Banque des Mascareignes, à ébène, Kamal Mokdad révèle comment une des principales banques marocaines fait son entrée dans le paysage mauricien.
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Où commence et jusqu’où s’étend la Banque Centrale Populaire ?
Au Maroc, qui est notre principal marché, nous disposons d’une part de marché de 28 % dans les dépôts et de 25 % dans les crédits. La BCP dispose également d’environ 1 600 agences à travers le Maroc. Après avoir consolidé sa position dans son marché d’origine, la BCP s’est engagée dans une stratégie de diversification à l’international avec, comme objectif, de devenir la première banque panafricaine, solidaire et à fort ancrage local. Présentement, le groupe est présent dans 14 pays en Afrique et dans 14 autres pays du monde. En Afrique de l’Ouest, nous sommes le troisième principal opérateur.
Par quel mécanisme la BCP effectue-t-elle son entrée dans le monde bancaire mauricien ?
L’ancien actionnaire de la Banque des Mascareignes est la BPCE, le deuxième plus grand groupe bancaire en France. La BPCE est actionnaire à hauteur de 5 % dans la Banque Centrale Populaire. La BPCE a annoncé sa décision de se retirer du marché africain pour se concentrer sur l’Europe. Nous avons déposé une offre ferme pour la reprise de leurs filiales africaines opérant dans six pays. Notre offre a été acceptée. Et l’acquisition de la Banque des Mascareignes par la Banque Centrale Populaire est la première étape de la transaction globale. L’étape suivante devra donc être la Tunisie, le Cameroun, le Congo et Madagascar. Ces acquisitions complémentaires devraient être finalisées au cours du premier semestre du 2019, après obtention des différentes autorisations réglementaires.
La Banque Centrale Populaire viendra-t-elle concurrencer les enseignes existantes ?
Nous ne venons pas nous positionner en tant que compétiteur aux banques traditionnelles telles que la MCB et la SBM Holdings. Notre objectif est d’apporter une forte valeur ajoutée au secteur bancaire mauricien. Dans le segment A (activités locales), il existe une forte concentration de banques pour une population de 1,3 million d’habitants. C’est un marché ayant atteint un seuil de maturité. En s’installant à Maurice, nous apportons un plus : en ciblant les besoins précis de la clientèle locale avec des solutions ayant fait leurs preuves au sein du groupe, tels que la monétique et le numérique.
Qu’en est-il de Maurice en tant que centre financier international ?
La meilleure façon de capter une partie des investissements vers l’Afrique c’est d’avoir une présence physique dans les trois hubs que sont le Maroc, Dubaï et Maurice. Il y a de plus en plus d’intérêts exprimés depuis Maurice pour la partie francophone du continent. Les corridors traditionnels avec l’Inde et la Chine doivent être complétés dans le cadre de cette vision stratégique, par une ouverture vers de nouvelles régions, dont l’Afrique francophone. Aujourd’hui, nous sommes la seule banque de l’Afrique du Nord et de l’Afrique de l’Ouest à être présente à Maurice. Cela nous octroie une carte à jouer. Elle nous donne la possibilité d’accompagner cette vision stratégique en facilitant la connexion entre les investisseurs de la partie francophone africaine et la zone anglophone à travers Maurice.
Quand la Banque des Mascareignes disparaît-elle du paysage mauricien ?
Nous changerons le logo et l’enseigne pour marquer l’appartenance et véhiculer les nouvelles ambitions du groupe BCP. Ce sera fait très bientôt. D’ici janvier, on organisera un événement pour annoncer à nos clients et partenaires, d’une manière plus précise, la nouvelle identité visuelle, la nouvelle marque, et notre vision stratégique pour le marché mauricien.
Est-ce qu’on devrait s’attendre à la fermeture des branches sur le territoire mauricien ?
Absolument pas. Mardi, nous avons tenu une réunion avec tous les collaborateurs de la banque pour leur présenter le groupe BCP, la stratégie et répondre à leurs interrogations. Nous venons à Maurice avec une ambition de développer la banque. Nous n’avons pas l’intention de réduire les effectifs. Au contraire, nous sommes dans une logique de recrutement. Nous maintenons les acquis sociaux du personnel. Nous leur offrons des perspectives de mobilité géographique. Les salariés font désormais partie d’un groupe opérant dans 28 pays. Ils disposent aussi de possibilités de mobilité fonctionnelle. Quelqu’un ayant travaillé dans un département spécifique peut être utile sur autre thématique au sein du groupe. Nous sommes très satisfaits de la qualité du personnel ici. Ils sont motivés.
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