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Kalyan Tarolah : portrait d’un ex-enseignant dans l’œil du cyclone

Kalyan Tarolah et Latchmee Devi Adheen. Kalyan Tarolah et Latchmee Devi Adheen.

Le Parliamentary Private Secretary Kalyan Tarolah a fait parler de lui dans une affaire de sexto. Cet ex-enseignant est pourtant décrit comme quelqu’un de discret, d’humble et de silencieux.

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Qui est  donc ce Kalyan Tarolah qui se trouve au centre de la dernière affaire qui éclabousse le gouvernement ? Sur les réseaux sociaux, l’une des blagues qui reviennent le plus souvent est que la véritable nouvelle, c’est qu’il existe un Parliamentary Private Secretary (PPS) qui s’appelle Kalyan Tarolah. Le Dimanche/L’Hebdo a approché certains des activistes qui l’ont côtoyé, comme adversaires ou comme alliés, pour se faire une meilleure idée de la personne.

Au moment où Tarolah décroche son ticket pour les élections de 2014, il est membre du bureau politique du Mouvement socialiste militant (MSM) depuis à peine deux ans. Il a commencé à côtoyer Pravind Jugnauth à l’époque où ce dernier occupait encore le terrain de la circonscription no 11, Rose-Belle/Plaine-Magnien. Il habitait la circonscription, à Quatre-Sœurs, avant d’emménager plus tard au no 10, à Bel-Air, où son épouse travaillait au supermarché Winner’s jusqu’à tout récemment.

Kalyan Tarolah est enseignant de profession, spécialisé dans l’éducation des sourds et muets. Son engagement politique avec le MSM lui fera perdre son poste dans la Fonction publique, à l’époque où Vasant Bunwaree était ministre de l’Éducation. Il était alors supply teacher.

Conversion

Hindoue, il s’est converti à l’islam, il y a plusieurs années. Un élément que ses adversaires mettaient en avant-plan durant la campagne de 2014, au point où les responsables de mosquées s’étaient mêlés de l’histoire pour le soutenir.

Ajay Guness, qui a été son adversaire durant ces élections, dit connaître Kalyan Tarolah depuis 2005. « Nous étions en alliance avec le parti soleil et il était agent. Il était proche de Fakim, le candidat du MSM », se rappelle le secrétaire général du Mouvement militant mauricien (MMM). Selon ce dernier, Kalyan Tarolah lui avait alors laissé l’impression d’une personne humble. « Je l’ai connu, bon garçon. Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête », a conclu Ajay Gunness.

Guy Louise, habitant de Bramsthan et membre du comité central du MSM, revient sur le parcours du PPS. « Je l’ai connu à l’époque où il enseignait l’hindi. Il a commencé à avoir des ennuis quand il est devenu actif au sein du MSM. Pravind l’a pris au Sun Trust pour qu’il donne un coup de main là-bas. » À partir des élections de 2005, il laboure le terrain comme activiste et passe beaucoup de temps à distribuer des tracts dans les foires de la circonscription. « C’est un garçon tranquille, qui parle peu », déclare Guy Louise.

Par contre, Kailash Sewganee, membre du Parti travailliste au no 10, affirme que Kalyan Tarolah était plus ou moins inconnu avant les élections de 2014. « Depuis qu’il a été élu, il est évidemment entouré. Et depuis qu’il est PPS, il est souvent en compagnie de Vikram Hurdoyal, qui est président du conseil de district. Ils sillonnent la circonscription ensemble. »

Photos obscènes prises au parlement : Kalyan Tarolah reçoit un avertissement de la police

À la suite de la publication, en milieu de semaine, de photos obscènes envoyées de son portable, le député Kalyan Tarolah a dû se rendre au poste de police de Pope Hennessy, à Port-Louis. Les policiers ont donné un avertissement au PPS. Cela fait suite à une déposition consignée à ce poste de police, par mesure de précaution, par Latchmee Devi Adheen, 26 ans. Cette dernière, qui était accompagnée de l’avocat Akil Bissessur, a demandé à la police de rappeler le député de la majorité à l’ordre pour qu’il cesse de lui téléphoner ou de lui envoyer des textos et autres photos.

Selon l’accusatrice, le PPS Kalyan Tarolah lui aurait promis d’intercéder en sa faveur pour lui trouver un emploi. Le député lui aurait indiqué qu’il entretenait de bonnes relations avec le Chief Executive Officer de Mauritius Telecom.

Dans sa déposition à la police, la jeune femme, qui habite Quatre-Sœurs, accuse l’élu de la circonscription de Montagne-Blanche/GRSE de lui avoir fait parvenir sur Whatsapp, le mardi 11 avril dernier, des photos suggestives et indécentes qu’il avait prises dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, alors que le Parlement siégeait.

Les choses ont pris une toute autre tournure lorsque la mère de Latchmee Devi Adheen a découvert les messages adressés par le député sur le portable de sa fille. Elle a réprimandé le PPS et ce dernier aurait menacé de lui faire perdre son emploi. La maman est employée dans un organisme parapublic.

La fille a mal digérée la menace et a décidé de porter plainte à la police. Elle s’est ensuite confiée à un journal et l’affaire a fait grand bruit sur la Toile.

à son tour, le PPS aurait divulgué certaines photos que lui a adressées son accusatrice.

Depuis, plusieurs journalistes ont tenté d’avoir la version du PPS, mais il est resté injoignable.

Latchmee Devi Adheen se propose de rencontrer à nouveau son avocat pour décider de la marche à suivre. « Ma cliente n’a jamais caché le fait qu’elle était en contact régulier avec Kalyan Tarolah, vu qu’elle avait fait une demande d’emploi à Mauritius Telecom.  Mais elle s’est fait berner », déclare Me Akil Bissessur.

Ce que risque le PPS

Une peine d’emprisonnement de cinq ans et une amende de Rs 1 million. C’est ce qu’encourt le Parliamentary Private Secretary (PPS) Kalyan Tarolah, s’il s’avère qu’il est bien l’auteur des sextos envoyés à Latchmee Devi Adheen, selon Me Neil Pillay, spécialiste des lois des technologies de l’information et de la communication.

« Si les faits qui lui sont reprochés sont avérés, il risque d’être inculpé sous l’article 46 (h) de l’ICT Act », explique Neil Pillay à Le Dimanche/L’Hebdo. Cette section de la loi énumère les délits liés à l’utilisation de l’outil informatique et l’alinéa (h) précise que l’utilisation de tout appareil de télécommunication « for the transmission or reception of a message which is grossly offensive, or of an indecent, obscene or menacing character » en fait partie. « La peine maximale pour ces délits est une amende de Rs 1 million et une peine d’emprisonnement de cinq ans », explique Neil Pillay.

Même si Latchmee Devi Adheen n’a consigné qu’une déposition par mesure de précaution, à la police, contre le PPS, il s’agit d’un délit criminel et les forces de l’ordre devraient enquêter, selon l’avocat. Les choses peuvent cependant se compliquer s’il s’avère que les échanges de messages se faisaient entre personnes consentantes. « Il faudrait alors savoir quel était l’état d’esprit de cette femme à l’époque, mais l’obscénité est quelque chose d’objectif, selon nos lois, et le consentement n’y joue pas un grand rôle », poursuit Neil Pillay.

L’homme de loi prend pour exemple le film Basic Instinct, de Paul Verhoeven, pour illustrer son point de vue. « À Maurice, ce film serait qualifié d’érotique, mais en Arabie saoudite, ce serait un film obscène, voire pornographique. Ce sera à la cour de trancher. »  Par contre, s’il s’avère que, dans le cadre des échanges de sms, celle qui accuse le PPS a participé de plein gré, les choses pourraient changer : « On ne peut  tout de même pas vendre une histoire tirée par les cheveux et dire qu’elle était consentante à l’époque, mais que maintenant, cette histoire la fatigue. »

Dans les colonnes du Défi Plus, samedi, l’avocat et ancien Speaker Ajay Daby a également expliqué que Maya Hanoomanjee aurait pu demander une enquête pour faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles Kalyan Tarolah aurait envoyé les photos de l’hémicycle. Si les faits sont avérés, ce serait alors au Premier ministre de référer  le dossier au Directeur des poursuites publiques pour qu’il demande à la police d’ouvrir une enquête.

 

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