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Kailash Purryag, ancien Speaker : «Il n’est pas question de revoir le mode de nomination»

En tant qu’ancien Speaker, quelle est votre lecture de la situation au Parlement ?
C’est une paralysie totale du fonctionnement parlementaire, un assaut contre la démocratie parlementaire. Aujourd’hui, il n’y a plus de barrières, tout ce qui se passe à Maurice est suivi partout. Cela fait de notre pays, qui était une référence non seulement en matière de démocratie parlementaire, mais aussi de démocratie tout court, un sujet de honte lorsque les pays étrangers nous observent. Cela me fait honte. Le Parlement ne remplit pas le rôle qu’il devrait.

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C’est un abus du pouvoir du Speaker. D’où tire-t-il son autorité ? L’autorité provient des Standing Orders. Les Standing Orders ont été élaborés par des députés de l’Assemblée nationale en juillet 1995. Sir Anerood Jugnauth avait nommé un comité parlementaire pour les réviser. Le Select Committee avait déposé un rapport, limitant le temps des questions. À l’époque de sir Seewoosagur Ramgoolam, il n’y avait pas de limite, le Question Time commençait à 11 h 30 et pouvait parfois aller jusqu’à 19 heures. Cela forçait le gouvernement à rendre des comptes. Lorsque les Standing Orders ont été amendés, le Question Time a été limité.

Le Speaker puise son autorité des Standing Orders. Il n’a pas compris qu’il n’est pas le « boss » du Parlement, mais le serviteur du Parlement. Il doit protéger les droits de la minorité et empêcher le gouvernement d’utiliser sa majorité pour l’écraser. C’est là son rôle. 

Sa plus grande qualité doit être l’impartialité s’il veut que le Parlement fonctionne.

Le Speaker actuel est dans la vulgarité lorsqu’il dit des choses comme « Look at your face ». Il faut maintenir l’autorité, sinon c’est le chaos. Si un parlementaire faute, il faut le rappeler à l’ordre, utiliser sa capacité de persuasion pour que le député comprenne qu’il a mal agi. Il ne faut pas utiliser les Standing Orders pour expulser, « name » et stigmatiser les députés, alors qu’ils représentent le peuple et sont là pour travailler pour leur circonscription.

Il n’a pas compris qu’il n’est pas le « boss » du Parlement, mais le serviteur du Parlement.

Pensez-vous qu’ il faut revoir le mode de nomination d’ un speaker?

Il n’est pas question de revoir le mode de nomination. À l’époque, avec des figures comme Harilal Vaghjee ou Ramesh Jeewoolall, nous avons traversé plusieurs situations sans jamais rencontrer les problèmes que nous voyons aujourd’hui. Même dans nos pires cauchemars, nous n’aurions jamais imaginé cela. J’ai été Speaker, tout comme Razack Peeroo et tant d’autres. En tant que Speaker, nous n’avons jamais été blâmés. Nous avons accompli notre travail correctement. J’ai pris une décision contre le gouvernement lors du vote sur le Budget. Le ministre des Finances a dû retirer la loi. Paul Bérenger avait soulevé un point d’ordre et j’ai tranché en sa faveur, contre le gouvernement.

Quel mode de nomination serait adapté si on devait changer le système ?
La nomination n’est pas un problème. C’est l’homme qui est un problème. C’est l’homme qui fait l’institution. Où aller chercher cet oiseau rare ? L’état d’esprit est important. Un arbitre de match ne doit pas mettre dans sa tête de protéger une équipe contre l’autre. Malheureusement, le Judiciaire n’intervient pas dans les affaires parlementaires, sauf dans les cas où il y a une violation de la Constitution. Il y a une séparation des pouvoirs entre l’Exécutif, le Judiciaire et le Parlement. Aujourd’hui, le Parlement est paralysé. Cette paralysie empêche le fonctionnement de la démocratie parlementaire à cause d’une seule personne.

 

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