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Junaid Fakim raconte la rencontre du 14 octobre

Me Junaid Fakim, ancien commissaire de la FCC, à sa sortie du Tribunal de Rose-Hill.

Dans le cadre de l’enquête visant l’homme d’affaires malgache Mamy Ravatomanga, l’ancien commissaire de la Financial Crimes Commission (FCC), Me Junaid Fakim, a été interrogé « under warning » avant d’être placé en état d’arrestation. Lors de cet interrogatoire, il a également fait une déclaration officielle à la FCC.

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Pour la première fois, Mᵉ Fakim est revenu sur la rencontre du 14 octobre 2025 à Quatre-Bornes, à laquelle participait Mamy Ravatomanga, rencontre qui a déclenché une crise institutionnelle et une affaire politico-financière. L’ancien commissaire affirme avoir quitté la réunion dès qu’il a compris qu’elle pouvait entrer en conflit avec ses fonctions et rejette toute tentative d’influence.

L’affaire Ravatomanga, qui secoue Maurice, s’est transformée en un feuilleton politico-financier. Après son arrivée sur l’île par jet privé puis son arrestation dans le cadre d’une enquête pour blanchiment présumé de plusieurs milliards de roupies, l’homme d’affaires malgache est cité dans un second volet de l’investigation. Aurait-il tenté d’influencer un membre de la FCC ?

Au cœur de ce volet : Me Junaid Fakim, alors commissaire de la FCC, qui a remis sa démission le 25 octobre 2025 et a été interrogé under warning avant d’être placé en état d’arrestation le jeudi 30 octobre 2025.
Dans sa déclaration soumise à la FCC, Mᵉ Fakim explique comment il s’est retrouvé à cette rencontre, la teneur des échanges et pourquoi il a décidé de quitter les lieux. L’avocat rappelle d’abord son statut à la FCC : « I was appointed as Commissioner of the FCC by the President of the Republic on 5ᵗh August 2025 under section 7(3) of the FCC Act. » Il insiste sur le fait que sa fonction était exercée « on a part time basis », et qu’il a continué à pratiquer comme « barrister », tout comme d’autres commissaires avant lui : « As is settled practice with at least two other part time Commissioners of the FCC who are also practising barristers, I continue practising as a Barrister… » Ainsi, explique-t-il, il continuait à rencontrer des clients potentiels dans le cadre normal de sa profession.

14 octobre 2025 : un rendez-vous qui bascule

Toujours selon la version de Mᵉ Fakim, tout commence par un appel téléphonique. Son frère, le Dr Salim Fakim, l’informe qu’un certain Nasser Bheeky, connaissance de longue date de la famille, souhaite le rencontrer. Mᵉ Fakim suppose alors qu’il s’agit d’un rendez-vous de nature professionnelle, possiblement lié à des démarches légales. Il accepte une rencontre à 20 heures au domicile du Dr Fakim, à Quatre-Bornes.

À son arrivée, Nasser Bheeky et son frère étaient déjà présents. La discussion commence, mais un appel reçu par Nasser Bheeky modifie le cours de la soirée. « On disconnecting the call, he apprised us that he wished to introduce us to a prominent businessman », indique l’ancien commissaire. Quelques instants plus tard, Nasser Bheeky demande au Dr Salim Fakim de l’accompagner à l’extérieur. Ils reviennent peu après, accompagnés de trois hommes.  

Selon l’ancien Commissaire, il ignorait que l’un d’eux était Mamy Ravatomanga. Les deux autres sont identifiés comme le gendre de l’homme d’affaires, et David Thomas, un Mauricien.

Mᵉ Junaid Fakim raconte que les échanges ont d’abord porté sur le voyage de Mamy Ravatomanga, son atterrissage d’urgence et le traitement médiatique de sa venue. L’atmosphère aurait changé lorsque le milliardaire aurait évoqué des « problèmes avec les autorités mauriciennes ». Mᵉ Fakim dira avoir d’abord cru que l’homme d’affaires parlait du Passport & Immigration Office. Puis un nouvel élément aurait surgi que l’ancien commissaire de la FCC a inclus dans son statement : « He later spoke about the freezing of his assets which he was expecting to happen imminently. »

Mamy Ravatomanga aurait évoqué le gel imminent de ses biens. C’est à cet instant, selon l’ex-commissaire, qu’il a compris que sa présence pourrait devenir problématique au regard de sa fonction.

Réunion  pas Poursuivie

Selon Mᵉ Junaid Fakim, dans son récit, il s’est excusé, a quitté la pièce et a appelé le directeur général par intérim de la FCC, Sanjay Dawoodarry, afin de vérifier si l’institution était saisie du dossier Ravatomanga. « I wanted to check whether Mr Ravatomanga had any issues with the FCC since I was not aware of same at that point. Mr Dawoodharry confirmed that FCC was envisaging to take some imminent actions against Mr Ravatomanga », a souligné l’ex-commissaire dans son statement.

Estimant avoir été involontairement exposé à une situation de conflit d’intérêts, il a décidé de ne pas poursuivre la réunion. « Upon realising that I could have become privy to information that would place me in position of conflict with my duties at the FCC, I returned to the room, excused myself and left the premises. »

Pas de Contact Direct ou indirect

L’homme de loi a aussi affirmé n’avoir eu aucun contact direct ou indirect avec Ravatomanga, ni avant, ni après cette rencontre. Au moment de la rencontre le 14 octobre 2025, Mamy Ravatomanga n’était ni arrêté, ni sous restriction, a ajouté l’avocat. Il a cité le rapport officiel, signé par le Secretary to Cabinet and Head of the Civil Service, précisant que les systèmes PIT, listes controversées, Interpol et WorldCheck étaient tous « cleared » avant son admission sur le territoire. « I am reassured that at the time I met him, he was not under arrest, and hence lawfully circulating and moving in Mauritius. »

Dans son statement, la motivation invoquée par Mᵉ Junaid Fakim est d’ordre éthique : « I resigned from the FCC on the 25th October 2025, in order not to embarrass the FCC in its functions… » Il dit avoir voulu préserver l’intégrité de l’institution face au bruit médiatique croissant associant son nom à l’enquête. Toutefois, la version de la FCC sur la démission de Junaid Fakim fait polémique puisque l’institution mentionne uniquement « for personal reasons » dans son communiqué.

Dans le camp de la FCC, l’on reproche à Junaid Fakim de n’avoir pas fait état de cette réunion et de n’avoir pas déclaré ses intérêts à la commission.

 

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