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Jumeaux mort-nés : les siamois Balloo exposés au défunt musée de la SMF

Heerabye Balloo Heerabye Balloo n’est jamais allée voir le bocal qui contenait ses bébés et qui était exposé au musée.

C’est dans une maison en paille à Palma que Heerabye Balloo donne naissance à des jumeaux siamois en 1953.

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La sage-femme lui annonce que c’est une fille et un garçon nés avec le ventre collé l’un à l’autre. La jeune mère n’a alors que 15 ans. Dix minutes plus tard, ses nouveau-nés poussent leur dernier souffle.  

Cette histoire datant de 1953 sort enfin des tiroirs. Personne n’en aurait pris connaissance, hormis quelques proches et les enfants de Chandrassen et Heerabye Balloo qui l’ont maintes fois entendue. Pourtant, sans le savoir, nous sommes de nombreux Mauriciens à avoir vu les jumeaux siamois mort-nés de ce couple, lors d’une excursion scolaire ou d’une sortie en famille.

Précieusement conservés dans un bocal, ces bébés hors du commun étaient exposés au Musée de la Special Mobile Force (SMF) à Vacoas jusqu’à sa fermeture en 1998. Un ancien sergent de police de la SMF confirme la présence dudit bocal renfermant les siamois. Le retraité confie qu’il en a fait plusieurs photos dans le passé et qu’elles sont disponibles dans les archives de la SMF.

Retour en 1953

Le Défi Quotidien est parti à la rencontre de Heerabye Balloo, la maman de ces bébés siamois de 1953, en sa résidence de Quatre-Bornes.  Aujourd’hui âgée de 80 ans, elle fouille dans ses souvenirs. Elle revient sur cette naissance qui a suscité la curiosité de beaucoup de personnes en 1953. « Je me suis mariée à l’âge de 14 ans. J’en avais 15 lorsque j’ai donné naissance à des jumeaux siamois », raconte Heerabye Balloo. Elle ajoute qu’étant alors elle-même une enfant, elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait.

Son époux Chandrassen Balloo est triste lorsqu’il apprend la nouvelle. « Mo misie ti byen sagrin. Mo ena enn garson ek sink tifi. Kan mo panse mo ti pou ena enn lot garson ek enn tifi ankor si zot ti viv », dit-elle le cœur gros. C’est dans la maison de sa mère Najubye Luximon à Palma qu’elle a enfanté de ces jumeaux siamois qui n’ont, hélas, pas survécu.

Si le malheur s’abat sur la famille Balloo, cet évènement exceptionnel pour certains et étrange pour d’autres, attise la curiosité du voisinage. Parmi, des personnes informeront le personnel hospitalier d’alors pour qu’il aille voir ces défunts bébés « collés » l’un à l’autre.

« Boukou dimoun ti pe vinn get bann baba-la. Apre bann dimoun lopital ti vini ek zot finn pran zot. Zot ti dir mo misie zot pou apel li. Me zame zot inn fer li. Apre monn tann dir bann baba-la dan mize. Zame monn al get zot laba », relate Heerabye Balloo.  

Par contre, sa fille Manyentee et ses cousins sont partis les voir au musée de la SMF en 1984. « C’était triste de les voir ainsi enfermés dans un bocal. Quand je pense que ce sont mes frères et sœurs… », dit-elle.

Le couple Balloo n’a jamais revu le corps de ses enfants siamois. Chandrassen Balloo, ancien chauffeur d’autobus, est mort à l’âge de 81 ans des suites d’une maladie cardiaque. Cela fait sept ans qu’il n’est plus de ce monde.

Heerabye raconte que son mari et elle parlaient souvent de ces bébés, nés dans les années 1950, alors que beaucoup de gens vivaient dans la précarité à Maurice.
Après le décès des jumeaux siamois, le couple Balloo a eu six autres enfants : Vymanrao (âgé de 64 ans), Vijanyantee (62 ans), Rajwantee (60 ans) et Mayentee (58 ans), ainsi que Brinda (51 ans) et Bhimla (49 ans) qui vivent toutes deux à l’étranger.


Où est le bocal des bébés du couple ?

Une piste mène en premier au Musée national de Port-Louis. Mais nous nous heurtons à des portes closes et un employé des lieux affirme que le musée est en rénovation. Nous lui demandons où ont été transférés les objets exposés au Musée de la Special Mobile Force de Vacoas. Selon lui, ils se trouveraient au Musée de Mahébourg.  Cette deuxième piste est caduque. On laisse entendre : « Non. Le bocal n’y est pas. » Nous suivons une troisième piste qui aboutit à un : « On ne peut pas donner d’informations aux journalistes. » Nous avons contacté le Police Press Office pour vérifier l’existence du bocal. Notre rédaction attend toujours une réponse.

 

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