Journée mondiale sans tabac : le tabagisme en recrudescence parmi nos jeunes

En dépit des nombreuses taxes sur la cigarette, l’importation de ce produit reste néanmoins élevée à Maurice. Le nombre de tiges importées l’an dernier frôle la barre d’un milliard. Par ailleurs, « le tabagisme est plus élevé chez les jeunes », a révélé le ministre de la Santé, Anwar Husnoo.

Après avoir longtemps dépassé la barre d’un milliard, les tiges importées ont connu une baisse durant trois années consécutives, soit de 2013 à 2015, pour atteindre à nouveau 1 008 510 000 en 2016. Une nouvelle baisse a été enregistrée l’an dernier, portant le chiffre à 992 289 000. Cependant, ce chiffre diffère de celui que nous avons obtenu d’une source de la Mauritius Revenue Authority qui indique une quantité de 989 284 000.

Le nombre est inquiétant vu les résistances des consommateurs à arrêter la cigarette, selon le Dr Balkrish Beedassy, Focal Point for Tobacco Cessation Services du ministère de la Santé. Un avis que partage également Sanjay Bandu, animateur du Plan de cinq jours de la Ligue Vie et Santé. Selon lui, si de nombreux adultes tentent d’arrêter de fumer pour des raisons de santé et d’argent, certains jeunes ne réalisent pas encore les méfaits de la cigarette sur la santé. Il ajoute que si la prévalence de la cigarette a baissé parmi les adultes, en revanche, elle est en recrudescence chez les jeunes.

Roshan Dauharry, Officer-in-charge à la Tobacco Control Unit du ministère de la Santé, n’est cependant pas de cet avis. Se basant sur le Global Youth Tobacco Survey de 2016 chez les jeunes de 13 à 15 ans, il affirme que « même si la baisse semble insignifiante, la prévalence de la cigarette a diminué chez les jeunes ». Selon l’étude sur les maladies non transmissibles, elle est passée de 21,7 % en 2009 à 19,3 % en 2015, dans l’ensemble de la population. Roshan Dauharry considère que les taxes imposées sur la cigarette et la restriction de fumer dans de nombreux lieux publics, y compris les transports en commun, ont eu les effets escomptés. Cependant, les opinions diffèrent à ce propos.

Par ailleurs, le tabagisme est plus élevé chez les jeunes. « Plus de 44,7 % des hommes, âgés de 18 à 24 ans, ont avoué être des fumeurs », a révélé le ministre de la Santé, Anwar Husnoo. C’était lors de son discours pour le lancement des activités dans le cadre de la Journée mondiale sans tabac, le jeudi 31 mai. Le  même jour, le ministre a présenté huit nouveaux avertissements sanitaires qui seront apposés sur les paquets de cigarettes.

N’ayant jusqu’ici pas de problèmes de santé, les jeunes ne prennent en considération que le plaisir éphémère qu’ils éprouvent en fumant, juge Sanjay Bandu. Ils n’ont pas de contraintes financières puisqu’ils reçoivent suffisamment d’argent de poche, ajoute-t-il. Ce dernier déplore l’accès facile des jeunes à la cigarette, car « certains commerçants transgressent la loi. Ils vendent les cigarettes au détail aux mineurs », soutient-il.

Le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Maurice, le Dr Laurent Musango, a constaté que l’interdiction de fumer dans les lieux publics n’est pas respectée, notamment dans les hôtels ou restaurants. Il demande que des mesures soient prises à cet effet, à l’exemple d’infliger une amende aux propriétaires des établissements concernés.

À ce propos, le ministre de la Santé, Anwar Husnoo, a concédé qu’il y a en effet des lacunes empêchant la mise en application de la loi. Il a annoncé que la Public Health (Restrictions on tobacco products) Regulations 2008 sera bientôt amendée afin d’être plus efficace. Roshan Dauharry, Officer-in-charge à la Tobacco Control Unit, précise auprès du ministère de la Santé que cet amendement est nécessaire afin d’aller de pair avec les changements sociaux intervenus depuis ces dernières années.

La loi sur l’interdiction de la cigarette électronique sera aussi revue. Rappelons que cette dernière est illégale. Les amendes seront aussi revues à la hausse, dit-il.