Ce 4 janvier, le monde observe la Journée mondiale du braille. Ce dispositif favorise l’inclusion des apprenants en situation de handicap visuel dans le système éducatif.
Elle s’appelle Khushi Boodhoo. Cette jeune fille attend actuellement les résultats des examens de School Certificate (SC) auxquels elle a participé, après avoir excellé au National Certificate of Education en 2021.
Elle fait partie de la soixantaine d’élèves déficients visuels qui sont scolarisés à Maurice. Il y en a six autres à Rodrigues. Le braille, un outil essentiel pour l’éducation des enfants en situation de handicap visuel, a favorisé leur inclusion et leur parcours scolaire.
La Journée mondiale du braille, célébrée le 4 janvier de chaque année, a été instituée en 2001 par l’Union mondiale des aveugles. Elle rend hommage à Louis Braille, l’inventeur de ce système d’écriture tactile qui permet aux personnes aveugles et malvoyantes d’accéder à la lecture, à l’écriture et à la culture. La République de Maurice s’inscrit dans cette dynamique d’inclusion. Elle compte parmi les pays qui ont intégré le braille dans leur système éducatif pour les enfants en situation de handicap visuel. Grâce à ce dispositif, ils bénéficient d’un accès libre au braille dans les écoles spécialisées.
C’est notamment le cas de Khushi Boodhoo. Née aveugle, elle a pu exercer son droit à l’éducation en apprenant le braille dès son enfance. Cela lui a permis de réussir ses examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC) en 2017 avec un agrégat de 8 et de poursuivre ses études secondaires au Beau-Bassin SSS.
Vishwanee Boodhoo, sa mère, est fière du parcours de sa fille unique. Elle reconnaît le rôle essentiel du braille dans l’éducation de son enfant. Malgré les ressources limitées, elle estime qu’il s’agit d’un outil incontournable pour le développement intellectuel de sa fille et d’autres enfants dans la même situation.
Pour elle, les parents doivent également fournir des efforts pour soutenir leurs enfants, pour qui le handicap visuel n’est pas un obstacle à l’apprentissage. Toutes les facilités mises à la disposition des apprenants déficients visuels incitent les parents à scolariser leurs enfants, dont le handicap visuel est pris en compte par le système éducatif grâce aux efforts de toutes les parties concernées. Elle affirme que le plus grand encouragement qui motive son enfant est le fait que ses parents s’intéressent à ses progrès éducatifs.
Les autorités apportent leur soutien aux parents. Il y a notamment le remboursement des frais de taxi et du ticket d’autobus pour un parent qui accompagne son enfant en situation de handicap à l’école. Ce qui facilite le déplacement des enfants dont le handicap est d’ordre visuel. Ce type de handicap est considéré comme un handicap moteur, car il entraîne des difficultés pour se déplacer de manière autonome.
Malgré quelques lacunes, la transcription des manuels scolaires en braille est assurée par les autorités pour toutes les classes, du primaire au tertiaire, gratuitement. Pour chaque examen, les candidats en situation de handicap visuel reçoivent leurs questionnaires en braille et ceux-ci sont adaptés à leurs besoins éducatifs spéciaux.
De plus, les enseignants de braille, qui sont majoritairement non-voyants, offrent leurs services comme « Braille Reader » et « Braille Transcriber » lors des différents examens nationaux et internationaux.
Le braille reconnu par l’ONU
Le système tactile du braille se compose simplement de 2 rangées de 3 points, permettant 64 combinaisons qui incluent l’alphabet dans plusieurs langues, les accents, la ponctuation, les caractères musicaux, les mathématiques et même les sciences. Au fil du temps, le braille a connu une grande évolution et nous parlons aujourd’hui du braille numérique. Si certains pensent que le braille est démodé ou même révolu avec l’avancée technologique, il ne faut pas oublier que cette forme de communication est reconnue par l’ONU à travers la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CRPD) ainsi que par l’Organisation mondiale de la propriété itellectuelle à travers le Traité de Marrakech.
La SENA innove
En termes d’innovation, la Special Education Needs Authority (SENA) a récemment procédé à la distribution de dispositifs de braille électronique, appelés « Braille Note Touch Plus », à 12 élèves qui utilisent le braille dans le cadre de leurs études. Contrairement à la machine de braille manuelle, qui fait du bruit, le « Braille Note Touch Plus » est un appareil qui combine les fonctions d’une tablette Android et d’un bloc-note, permettant une écriture silencieuse en tout lieu, et notamment en milieu scolaire inclusif.
De plus, pour mieux accompagner les enfants déficients visuels dans leur parcours éducatif, la SENA a recruté une personne qualifiée pour être responsable de ce dossier. Il s’agit d’Aarthi Burtony André, qui a été nommée « Resource Person for Learners with Visual Impairment » par la SENA. Sa nouvelle fonction consiste à identifier les défis que rencontrent les apprenants déficients visuels et à trouver et mettre en œuvre des solutions durables.
Titulaire d’un MBA, elle contribue également à innover et à améliorer le système éducatif des enfants en situation de handicap visuel en misant sur la nouvelle technologie en partenariat avec des experts tels que Bookshare, dont les représentants étaient en mission à Maurice le mois dernier. Aarthi Burtony André a la particularité d’être elle-même non-voyante, ayant perdu la vue à l’âge de 14 ans. Elle a donc appris le braille pour poursuivre ses études.
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