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Journée internationale des femmes : ces battantes qui avancent contre vents et marées

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La Journée internationale des femmes est célébrée le 8 mars de chaque année. Dans ce cadre, Le Dimanche/L’Hebdo met en avant les histoires inspirantes de deux femmes qui offrent de belles leçons de persévérance. 

Maligei Chengun : «Ne baissez jamais les bras, peu importe les obstacles»

Maligei
Maligei Chengun, (au centre) en compagnie de ses filles, Lovena et Cindy.

Des coups durs, elle en a connu. L’histoire de Maligei Chengun, 59 ans, est similaire à celle de nombreuses femmes. Cette mère de famille s’est toutefois démarquée par sa détermination à exister en tant que femme, malgré les obstacles qui se sont dressés sur son chemin vers la réussite.

Mariée à 22 ans, Maligei a senti son identité s’effacer dans la vie conjugale. En 1998, malheureuse de son union, elle décide de quitter le toit familial avec ses deux filles pour prendre son envol. N’ayant jamais travaillé, ni fait d’études au-delà de l’école primaire, se retrouver seule avec deux enfants à charge est difficile. Cependant, elle doit assumer son choix jusqu’au bout.   

« Au début, je suis retournée chez mes parents. Puis nous sommes allées chez ma tante. Nous n’avions qu’un lit pour trois. C’était trop serré. Alors, à tour de rôle, l’une de nous dormait sur un morceau de moquette, jusqu’à ce que j’aie les moyens d’acheter un petit matelas. Cette pièce était à la fois notre chambre, notre salon et notre salle à manger. Mes filles, qui avaient 7 et 11 ans, faisaient leurs devoirs sur le sol. Pour pouvoir payer leur éducation et subvenir à nos besoins élémentaires, j’aidais mon père dans sa tabagie et je faisais des petits gâteaux que je vendais », raconte-t-elle.

En 2002, Maligei obtient un emploi dans le domaine médical. Après 14 ans de mariage et de nombreux sacrifices, elle se crée enfin sa propre identité. « Ma mère n’appréciait pas trop que je travaille à plein temps et avec des horaires de nuit, parce que les enfants, selon elle, devraient rester seuls. Mais j’ai continué pour eux. »

Sa principale source de motivation a toujours été ses filles, Lovena et Cindy. « Grâce à ce travail, j’ai pu leur donner l’éducation que je n’ai pas eue moi-même. C’était mon rêve de leur offrir la meilleure éducation qui soit afin qu’elles puissent réussir dans la vie. Toutes deux ont fait des études supérieures. Cindy a un BSc en ingénierie électrique et Lovena un master en Project Management. Elles sont ma fierté. Sans oublier le petit-fils que l’une d’elle m’a donné », confie-elle.  

 
En 2010, Maligei a construit sa maison et acheté sa première voiture. Après 20 ans de carrière, elle a été promue Ward Assistant. Elle estime qu’il n’est jamais trop tard pour se fixer des objectifs et célébrer ses accomplissements. 

« J’ai eu mon permis de conduire il y a 5 ans. Il n’y a pas d’âge limite pour concrétiser ses projets. Je dis tout le temps à des femmes divorcées comme moi de ne jamais baisser les bras. Certaines tombent dans le fléau de la drogue ou sacrifient leurs enfants pour vivre leur vie. Moi j’ai sacrifié la mienne pour mes enfants. Depuis que je me suis séparée de mon ex-mari, je mène ma propre bataille. Aujourd’hui, je suis fière d’être indépendante. Je me suis moi-même élevée à ce rang mais je reste humble et je n’oublierai jamais d’où je viens. Ce sont des valeurs que j’ai également transmises à mes filles », conclut-elle.   

Natacha Hippolyte : « J’aime être à l’écoute des gens et alléger leurs peines »

Natacha
Natacha Hippolyte entame sa carrière de travailleuse sociale.

Natacha Hippolyte, 24 ans, est porteuse d’un handicap physique depuis son plus jeune âge. Toutefois, elle a su surmonter les obstacles pour devenir à chaque fois plus forte. Titulaire depuis peu d’un BSc en Social Work de l’université de Maurice, elle effectue actuellement un stage à la Global Rainbow Foundation. Elle rêve de rendre le monde meilleur grâce à sa personnalité empathique et ses expériences vécues en tant que personne handicapée. 

Natacha a 2 ans quand ses proches remarquent sa différence et demandent un avis médical. C’est le début d’un parcours semé d’embûches. « Ma famille a appris la nouvelle de manière brutale. Le médecin a froidement annoncé que je serais en situation de handicap toute ma vie et qu’il fallait tirer un trait sur ma scolarité et tout autre projet d’avenir. Selon lui, j’étais condamnée à rester à la maison dans un fauteuil roulant. Pour ma mère, c’était un choc. Il lui a fallu du temps pour accepter la situation mais elle s’est toujours battue pour moi. » 

Les années d’école primaire sont difficiles pour Natacha et sa famille. « À l’époque, il n’y avait pas d’assistance pour les enfants en situation de handicap. C’était un défi. Ma mère a dû arrêter de travailler pour rester à la disposition de l’école au cas où j’aurais besoin de quelque chose. »

Son handicap lui vaut d’être victime de discrimination et de harcèlement scolaire. « En Grade 4, j’ai commencé à avoir du mal à suivre le même rythme que mes camarades de classe car j’écrivais lentement. Ces difficultés se ressentaient dans mes notes mais mon enseignante n’a pas fait l’effort de m’accorder une attention particulière. On me faisait comprendre que je n’avais pas ma place dans une école traditionnelle. À un moment, cette attitude est venue également des élèves. Leurs ‘blagues’ pesaient lourd sur ma santé mentale », se souvient-elle.   

Natacha s’en sort néanmoins grâce à des cours particuliers et elle entre au collège. D’autres problèmes surgissent alors. « Je ne pouvais pas voyager en bus comme tout le monde. Je devais prendre un taxi. Cela a un coût. Heureusement, nous avons reçu l’aide d’associations. À un moment, ma mère m’emmenait au collège à pied et elle le faisait sans se plaindre, mais je suis consciente du sacrifice. Mon parcours scolaire a été compliqué mais beaucoup de gens ont contribué à mon succès. Les prières m’ont également beaucoup aidée. »    

Avant de débuter ses études supérieures, la jeune fille fait une pause de deux ans car elle doit subir une intervention chirurgicale. « En 2017, je me suis fait opérer. Pendant ma convalescence, en parallèle de la physiothérapie, j’entamais mes démarches pour mes cours. Je voulais attendre de me remettre complètement avant d’entamer ce nouveau chapitre de ma vie mais les événements ont fait que j’ai commencé mes études un peu plus tôt que prévu. La motivation était là et mon coach, Gaétan Tuyau, m’a boostée pendant cette période », explique-t-elle.

Après trois ans à l’université, Natacha se dit fière de la femme qu’elle est devenue. « Je vois une battante. Je suis fière de moi. Je repense souvent aux moments où j’aurais pu abandonner et je suis extrêmement reconnaissante pour le soutien que j’ai reçu. Sans le soutien indéfectible de mon entourage, de ma maman Kamla, de ma ‘nani’, de Gaétan Tuyau et d’Éloise, tout ça n’aurait pas été possible. »

Si elle a choisi de s’orienter vers le domaine social, c’est parce qu’elle veut rendre meilleure la vie d’autres personnes en situation de handicap. Natacha souhaite aider comme elle a elle-même été aidée. « Mon rêve d’enfance était de devenir psychologue car j’aime être à l’écoute des gens et alléger leurs peines. Mon choix de carrière découle de mon expérience personnelle et du harcèlement scolaire que j’ai subi. Je veux aider les enfants qui vivent la même chose à gérer leurs émotions et rendre l’amour que j’ai reçu à ceux qui en ont besoin. »

 

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