Le 12 mai marque la Journée internationale de l’infirmière. Ils sont quelque 4 000 dans les secteurs public et privé. Leur mission : dispenser des soins aux patients, surveiller leur état de santé, parmi tant d’autres. Outre le côté professionnel, il y a un engagement personnel. Incursion.
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Bharatee Sungkur : «Les patients sont souvent reconnaissants»
Depuis 2003, Bharatee Sungkur est au service des patients de l’hôpital Victoria. Exerçant au Medical Outpatient Department, elle soutient que le métier est riche en valeurs même s’il n’est pas facile. « La profession est noble. Certes, nous rencontrons parfois des personnes qui nous considèrent comme des servantes, mais il y en a bon nombre qui sont reconnaissant envers nous. Ce qui est aussi encourageant, c’est que les médecins et les autres responsables et collègues sont conscients de notre importance. Ils valorisent notre métier autant que celui d’un médecin ou d’un grand spécialiste », souligne la jeune infirmière.
Bharatee Sungkur ne se laisse pas décourager par les difficultés. « Il y a deux ans, mon fils, gravement malade, avait été admis aux soins intensifs à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo et j’ai réussi à obtenir l’autorisation d’être temporairement transférée à Port-Louis pour y travailler, tout en prenant soin de mon fils. Pour moi, c’était une vraie bénédiction. C’est très difficile pour une mère de voir son enfant souffrir et de ne pouvoir s’en occuper. J’ai eu la chance de pouvoir le faire et je pense à toutes ces mères qui n’ont d’autre choix que de laisser un enfant ou un membre de la famille entre nos mains. Nous avons le devoir de bien nous en occuper car ce sont les infirmières qui sont présentes pour les malades 24 heures sur 24 et pas le médecin. »
Pamela Gaspard : «C’est le côté humain du métier qui m’a attirée»
Cette infirmière compte une vingtaine d’années d’expérience. La Chairperson et membre exécutif de l’aile féminine de la Nursing Association est affectée à la Coronary Care Unit à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo. Elle explique que l’engagement et la volonté ont été le moteur de son parcours jusqu’ici.
« C’est une profession qui demande de l’endurance et de la persévérance et ce n’est pas évident de concilier sa vie professionnelle et familiale. Le plus dur, c’est quand on doit laisser ses enfants et ses proches les jours de fête ou en week-end pour aller travailler. Pour surmonter cela, on pense à notre engagement envers les patients qui attendent qu’on vienne s’occuper d’eux. Il faut aussi pouvoir compter sur un soutien et une compréhension sans faille de la famille. »
C’est le côté humain du métier qui l’a attirée. « Il faut savoir se mettre à la place des patients, les écouter et avoir de l’empathie, confie-t-elle. C’est à cette condition qu’on peut leur donner les meilleurs soins. La base, c’est l’amour et c’est la raison principale de mon choix de devenir infirmière. Toutefois, comme dans tout métier, il y a des hauts et des bas. » Pamela Gaspard raconte les durs moments de son parcours professionnel. « Je crois qu’il n’y a rien de plus pénible que de perdre un patient qu’on a soigné, aidé, rassuré et dont on s’est occupé pendant plusieurs jours. C’est d’autant plus cruel quand ce sont de jeunes patients ou des enfants. Malgré cela, il faut savoir rester professionnel et détaché. Ce n’est pas évident, mais avec le temps et l’expérience, on y arrive. »
Nunda : «Nous avons un engagement envers les malades et leurs proches»
La contribution d’un infirmier est multiple. Il y a l’accompagnement des patients lors de soins, le suivi des prescriptions médicales, l’encadrement matériel et psychologique au quotidien et son éducation pour maintenir ou restaurer sa santé, entre autres. C’est ce qu’explique Nunda de la Medical Intensive Care Unit et Acting Charge Nurse à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo. « Nous avons un devoir envers les patients car c’est nous qui les suivons et donnons les informations nécessaires au médecin. Nous passons beaucoup de temps dans leur accompagnement, mais il faut savoir que notre engagement concerne non seulement ceux qui sont admis, mais aussi leurs proches. »
L’infirmier explique que les malades comptent beaucoup sur les infirmiers pour s’informer de l’état de santé de leurs proches. « Certains parents appellent le médecin traitant pour s’en enquérir mais la plupart viennent s’informer auprès de nous pendant les heures de visites. Nous répondons volontiers à leurs questions. Le plus dur, c’est quand on doit annoncer le décès d’un patient à sa famille. »
Reshmi Ramyead : «C’est un défi quotidien»
Étudiante en troisième année à la Central School of Nursing à Candos, Reshmi Ramyead, 25 ans, s’est découvert une passion pour la profession d’infirmière. « Je lui porte beaucoup de respect car ces trois ans de cours m’ont ouvert les yeux sur son importance. Le nursing, c’est aussi grand que beau comme on nous l’apprend si bien à l’école. Nous sommes présents lorsqu’un bébé ouvre ses yeux à sa naissance. Nous sommes là aussi quand le malade ferme à jamais les yeux. Nous assistons à la vie et à la mort, tout en contribuant au bien-être des autres. »
La jeune stagiaire affirme se sentir grandir à travers le métier qu’elle a choisi. « Je me sens différente et c’est un grand cadeau de se sentir utile. Cela compte aussi pour la famille car avec tout ce qu’on nous apprend dans les cours, nous pouvons les aider dans la maladie.» Reshmi ajoute que les cours sont un vrai défi tous les jours, mais que l’amour du métier lui donne beaucoup de courage pour continuer.
« La science est une matière difficile d’autant plus que pour moi, ce n’était pas évident, vu que j’étais dans un domaine complètement différent au secondaire. Au fur et à mesure que je découvre la profession, j’en ressens sa noblesse et son importance pour la société. Cela consolide ma persévérance et l’amour du métier. »
Meera Bhuttoo : «Les jeunes viennent par vocation»
« Nous comptons actuellement 803 étudiants dans le cours de General Nursing. Certains sont peut-être là parce qu’ils n’ont pas d’autre choix, mais la plupart viennent par vocation », soutient Meera Bhuttoo, responsable de la Central School of Nursing. Elle explique que les cours, menant au diplôme national en General Nursing, sont reconnus sur le plan international. « Cette formation de trois ans permet aux étudiants de décrocher un diplôme et de s’inscrire à une licence qui leur permet de travailler dans n’importe quel point de santé à Maurice ou ailleurs. »
Valoriser le travail des infirmiers
En tant que médecin, le Dr Dawood Oaris, président de l’Association des cliniques privées, soutient que le travail d’un infirmier est très important. « Le rôle du corps infirmier est primordial. Nous pouvons dire qu’il est la colonne vertébrale d’un hôpital ou autre institution de santé. Dans les établissements privés, le niveau des Health Care Assistants est très bon comparé à celui de l’hôpital public », assure-t-il.
Pour le Dr Dawood Oaris, un infirmier ou une infirmière est d’un grand soutien pour les médecins. « À la clinique, le spécialiste doit souvent se rendre dans d’autres cliniques ou aller voir d’autres patients et il faut une communication constante entre le médecin et l’infirmier ou la nurse. Le spécialiste dépend énormément des informations données par ces derniers. » Il consent que ce n’est pas un métier aisé.
« Il faut qu’il y ait une coopération extraordinaire entre les infirmiers car ce n’est pas facile de travailler avec certains patients. Les horaires et les jours de travail ne sont pas évidents. Le gouvernement devrait aussi valoriser les infirmiers du secteur privé et leur donner la chance et les moyens nécessaires pour augmenter leurs connaissances. »
Brin d’histoire
La Journée internationale de l’infirmière est célébrée dans le monde le 12 mai, jour anniversaire de la naissance de Florence Nightingale. Ses contributions sont nombreuses. Elle a été la première personne à définir que chaque patient a des besoins individuels, que le rôle de l’infirmière vise à satisfaire ces besoins et elle a pris en compte les dimensions santé / maladie, des soins infirmiers. Elle a fait des soins infirmiers une occupation respectée en établissant une formation, en soulignant l’importance d’une éducation continue et en distinguant les soins infirmiers de la médecine. Elle croyait qu’une bonne pratique infirmière ne grandit pas seule, mais qu’elle est le résultat d’études, d’enseignement, d’entraînement et de pratique qui se finalisent dans une base solide qui peut se transférer dans tous les milieux auprès de tous les patients.
C’est une occasion pour réaffirmer son attachement à vouloir améliorer les conditions de travail des professionnels de l’art infirmier. En effet, la pénibilité de ce métier, notamment dans les hôpitaux, est intenable au point que bon nombre d’infirmiers et d’infirmières quittent la profession au bout de quelques années, créant une réelle pénurie auprès des patients, ce qui aggrave encore les conditions de travail.
Durant la Journée internationale des infirmiers, la FSSS-CSN (Fédération de la santé et des services sociaux de la Confédération des syndicats nationaux), qui représente près de 100 000 syndiqués (es) du réseau de la santé et des services sociaux, souhaite qu’une meilleure organisation du travail dans les soins infirmiers diminue les surcharges de travail et les burn-out, dont sont victimes, entre autres, les infirmières. Ces femmes représentent plus du tiers de la main-d’œuvre du réseau de la santé et travaillent dans des conditions difficiles en raison de la pénurie de main-d’œuvre.
Source : Internet
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