Derrière le petit minois et le sourire charmant d’Ornella Lafleche, 21 ans, se cache une blessure profonde. La Miss Universe Mauritius 2019, coquette et visiblement bien dans ses baskets, a été victime d’attouchements sexuels à l’âge de 8 ans.
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« Ce qui m’est arrivé a fait de moi la femme forte que je suis. Il y a une vie après », confie-t-elle.
Ces agressions sur sa petite personne sans défense ont duré pendant quelques années. Le présumé agresseur était un proche.
« J’avais 8 ans quand cela a commencé. Il n’y a pas eu de pénétration, mais il me caressait dans les endroits intimes et m’amenait aussi à faire des choses, les préliminaires. Le matin, quand ma mère était déjà partie pour le boulot, il prétextait m’aider à me préparer pour l’école. Il entrait dans la salle de bain, me regardait sous la douche et me caressait. Dès fois, il passait à l’acte les dimanches, pendant que ma mère faisait la sieste », raconte Ornella Lafleche, dont les parents sont divorcés.
À cet âge, elle ne comprenait pas que ce qui lui arrivait et c’est sous la menace qu’elle a été soumise à la loi du silence.
« Je ne comprenais pas ce qui se passait. Je savais que ce n’était pas bien. Mais j’avais peur, car il m’avait dit qu’il allait envoyer ma mère en prison. Et comme il occupait un poste où il pouvait le faire, j’avais peur que cela arrive vraiment et je n’ai rien dit pendant plusieurs années », soutient-elle.
Ornella Lafleche a subi divers attouchements, a vécu dans la peur dans l’impossibilité de se défendre et de s’opposer à cet adulte. De plus, elle se sentait dans l’obligation de protéger sa petite sœur qui avait quatre ans de moins qu’elle.
« J’étais toujours sur le qui-vive, car je ne voulais pas que ma sœur subisse la même chose que moi. Je faisais toujours en sorte qu’elle ne soit jamais seule avec lui. Je me sentais responsable de ma petite sœur », raconte-t-elle.
Ce qui m’est arrivé a fait de moi la femme forte que je suis. Il y a une vie après »
Puis, un jour, alors que sa mère s’était disputée avec l’abuseur qui avait d’ailleurs décidé de prendre ses distances, Ornella prit son courage à deux mains.
« J’ai profité de son absence pour dire à ma mère que je ne voulais pas qu’il revienne. Quand j’ai tout raconté à ma mère, je l’ai vu verser des larmes. Je pouvais voir la douleur dans ses yeux. Cela l’a détruite. Ma mère l’a ensuite chassé de nos vies », confie-t-elle.
C’est à l’âge de 19 ans qu’elle porte plainte contre son présumé agresseur.
« C’est bien après que j’ai tout raconté à mon père. D’ailleurs, c’est lui qui m’a encouragé à porter plainte à la police. On m’a appelé pour un “further statement”, mais par la suite, rien. Il n’y a pas eu de suivi. J’attends toujours une réaction des autorités. »
Malgré son lourd passé, elle s’est quand même débrouillée pour réussir dans ses études et avancer dans la vie. Mais elle est souvent rattrapée par cette période douloureuse de sa vie.
« Je fais toujours des cauchemars dans lesquels je le vois. Je me demande comment j’ai pu vivre normalement, malgré ces agressions. Mon thérapeute m’a fait comprendre que les enfants cachent les choses sous la menace et éteignent leur mémoire traumatique pour se retrouver dans un état d’indifférence affective. Cela devient difficile pour les parents de s’apercevoir de quoi que ce soit », explique-t-elle.
C’est la raison pour laquelle elle exhorte les victimes comme elle à ne pas se taire.
« Vous aurez beau dire à vos enfants de se confier s’ils subissent de telles choses, mais c’est tellement difficile de sortir de son silence. C’est la raison pour laquelle je vais mener une campagne prochainement contre les agressions sexuelles et aussi la pédophilie. Le système à Maurice est tel que les choses sont prises à la légère, au grand avantage des abuseurs qui en profitent. Je veux faire comprendre aux victimes qu’il faut dénoncer, afin de faire le deuil et passer à autre chose. »
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