Jo, c’est un mélange détonnant : une voix enjôleuse, une assurance à toute épreuve et une passion débordante pour l’événementiel. Ce natif du Sud, toujours prêt à relever de nouveaux défis, sait faire vibrer son public. Son secret ? Un cocktail unique d’énergie, d’humour et de professionnalisme.
Jonathan Agathin, dit Jo, ne paie pas de mine. En cette fin d’hiver, il se pointe au Victoria Urban Terminal vêtu d’une chemise en tweed à rayures demi-ton « rosy », le col ouvert. En retard, surtout ! Son excuse : pas de place au parking de plusieurs étages du terminal. « Salut, on est quitte », répondons-nous (la veille, nous avions dû annuler le rendez-vous). Il sourit d’un air innocent, mais malicieux.
De la radio aux plateaux d’événements, Jo a toujours eu le micro à la main. Avec sa voix chaude et son énergie communicative, il a su se faire une place dans le monde du spectacle.
Véritable showman qui puise sa force dans son caractère un peu loufoque, il sait mettre l’ambiance et faire danser les foules.
L’animation, c’est toute une histoire. Jo est tombé dans cette marmite en 2016. « J’aime le monde événementiel, cela procure une immense joie de voir des gens heureux sur la piste de danse à se déhancher, à se prêter au jeu et à se défouler », souligne-t-il.
Fiançailles, baptêmes, anniversaires, mariages… Jo offre un service « one-stop-shop », proposant à ses clients l’animation, le catering, les DJs, les jeux de lumière, la décoration, entre autres. « Il faut que mes clients réservent mes services bien à l’avance, car les demandes sont nombreuses », fait-il savoir.
Il confie, dans la foulée, que « les mariages asiatiques ne sont plus comme avant. Les jeunes couples veulent se démarquer. Il leur faut une piste de danse, des DJs et de la bonne musique. Un mélange de styles : funk, twist, zouk, séga, Bollywood. Bref, une palette de sons qui invitent à danser. Si vous voyiez ces jeunes qui s’amusent et même des nanis, dadis, mawsis, c’est tout simplement génial ! »
Hormis la danse, qu’est-ce que Jo propose d’autre pour mettre de l’ambiance et allumer le feu ? Il sourit : « Il y a des jeux comme le White Board qui consiste à poser des questions aux mariés, comme quand et où a eu lieu leur première rencontre, où ils ont l’intention de passer leur lune de miel. Il faut que les réponses soient identiques, sinon c’est le grand rire de la salle, et aussi des questions humoristiques. »
Il précise cependant : « Je ne fais pas du one-man show, car ce n’est pas moi la vedette, mais les nouveaux mariés. » Il aime animer, sans pour autant se donner en spectacle. « Je ne suis pas l’acteur de la soirée, mais bien ceux qui ont choisi que j’anime, que je fasse danser, même les plus sceptiques, les hésitants, les timides et autres qui souvent se marchent sur les pieds. Qu’importe, les invités sont là pour s’éclater. »
Souvent, dit Jo, il s’efface, se fait muet et tout petit, le temps que les convives prennent de l’assurance, se jettent sur la piste, se déhanchent et savourent ce moment de pur plaisir sous le regard de certains aînés, eux-mêmes sous le charme d’une musique résolument d’un autre âge, pas le leur.
Tous ces événements doivent certainement lui rapporter un sacré pactole ? « Oui, j’ai de quoi bien vivre, mais je suis économe et cet argent est mis de côté pour les enfants. Moi, je gagne ma vie avec mon studio en faisant de la pub, de la voix-off, de la voix différée à travers mon agence On Time Advertising, pour des stations comme TF1, M6, Teva, RTBF, France Télé. Je crée également des jingles pour les radios internationales et je suis aussi dans l’immobilier. C’est ainsi que je gagne ma vie humblement. »
Jo adore amuser la galerie. Son débit facile et son bagout lui garantissent encore de très beaux jours comme animateur radio et surtout dans l’événementiel, à amuser la galerie. Sans jamais, toutefois, être le clown de service.
Sa rencontre avec Julien Lepers
Question pour un champion : qui a rencontré Julien Lepers à Maurice pour une « face-to-face » interview ? Nul autre que Jo. « C’était lors des vacances de cet homme de la télévision française chez nous pour son anniversaire, célébré sur Radio Plus dans le Grand Journal de 16 h 30 en 2009. Il y avait aussi une rencontre avec Julien Lepers et ses fans du côté de Phoenix Les Halles. Je l’ai rencontré et je lui ai proposé une interview radiophonique et, quelques jours plus tard, je l’ai eu en ‘live and direct’ sur World Hit Radio en exclusivité. Cela s’était bien passé pour un entretien de 30 minutes. C’était super. Il reste un champion des médias et cela a été ma plus belle rencontre dans ce métier. »
L’animation, ce n’est pas que la voix !
Pour faire de la radio, il faut avant tout une voix agréable, facile à écouter. Mais ce n’est pas tout ! Un bon animateur doit aussi avoir de la personnalité, de l’humour, et une certaine culture générale pour mener des conversations intéressantes et éviter les gaffes. Un peu comme un bon vin, il faut un équilibre entre le fond et la forme.
Sa famille, son socle
Sa famille est tout pour lui : sa maman Marie-France, 63 ans, sa grand-mère Maude, bientôt 96 ans, son père Cyril Mario, 65 ans, qu’il « accompagnait pour l’aider à construire des cases en tôle dans la région de New-Grove ».
Jo se dit reconnaissant envers sa mère. « C’est grâce à elle que je suis à l’aise financièrement, elle m’a appris à économiser. Je me remémore la peine qu’elle avait pour sortir des sous de sa besace pour payer mes leçons particulières, car cela faisait un trou béant dans les finances de la famille, et dans mon coeur d’adolescent. Je suis dès lors devenu économe, ce qui me ramène à ‘L’Avare’ de Molière. »
La trentaine bien entamée, Jo a entendu les appels « fer piti. » Il en a quatre et les adore comme un papa poule qui cajole et qui bécote. Les bambinos ont pour prénoms : Adaline, Liam, Havana et Guillaume. Et sa douce chérie : Cathriona. « Je bosse dur, mais je m’échine pour mes enfants et ceux que je porte dans mon cœur. »
La radio, son enfant chéri
Jo vit avec la radio collée à ses basques. Au petit déjeuner, il se branche sur CNN et France 24 pour les infos, puis zappe sur les différentes radios locales. Pas étonnant lorsqu’on sait que la radio est son autre enfant chéri. Une vieille histoire.
« Déjà tout petits, mon frère et moi, nous récoltions de vieux câbles d’électricité abandonnés pour faire des antennes, afin de capter une radio à la Réunion. Je me souviens avoir postulé pour un poste d’animateur bénévole à la MBC sous Trilock Dwarka, pour l’émission sur Sugar FM, remplacée par Cool FM. Je n’avais que 11 ans, un bambin », raconte Jo.
Formé par une équipe composée des cadors de la MBC comme Marguerite Labat, Denis Uckiah, Marie-Michèle Étienne, Pamela Patten qui l’avait recruté, Pascal Pierre, Prakash Sunputh et Jean-Claude Gébert, entre autres, il s’aguerrit petit à petit dans ce monde connu pour être sans pitié. Déterminé à se frayer un chemin, Jo se démène, presque en titubant, en faisant abstraction des bas… par amour pour la radio.
Il démarre sa carrière en duo avec Josée Assame. « J’ai participé à la création de Music FM avec des jingles pour toutes les émissions 24h/24 », se souvient-il. Sa voix est son point fort. La preuve : il cartonne dans pas moins de 45 radios internationales, à travers des pubs, des jingles, entre autres.
Les choses s’enchaînent avec Cool Generation en 2000. Il y travaille comme bénévole, « j’étais encore élève au collège Imperial ». Il raflera par la suite le premier prix d’un concours de jeunes talents organisé par Radio Plus et animé par feu Hans Offmann, remportant notamment un appareil photo et un bon pour un repas dans un restaurant. Jo confie avoir bien accueilli la libéralisation des ondes radiophoniques. « J’ai suivi avec intérêt les tests des transmissions, au lancement de Radio One, avec des jingles qui ont poussé la MBC à se réinventer. Puis est venu le tour de Radio Plus dont le slogan était génial : ‘Pou apel enn sousou enn sousou’. Cette radio a comblé une lacune en permettant aux auditeurs d’intervenir ‘live and direct’. À cette époque, c’est Hans Offmann qui faisait le buzz. »
Selon Jo, Top FM a également apporté sa touche avec un nouvel habillage d’antenne différent, avec des top horaires et des jingles à la British, ce qui a donné de la couleur à l’antenne. Mais, avoue-t-il sans langue de bois, « la MBC demeure ma préférée. D’ailleurs, j’y suis en tant qu’animateur freelance depuis 15 ans et j’estime qu’il faut une radio publique que Jacques Maunick a aidée à transcender et qui a permis aux animateurs de formater leurs émissions sans restriction aucune ».
Il caresse le rêve d’avoir un jour une radio à lui pour faire du talk-show à l’américaine.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !