Joëlle Koomanikooa : sans la scolarisation, elle réussit à sculpter son futur

Porte-clés, décapsuleurs, petites cuillères, Joëlle Koomanikooa sculpte différentes créations à partir du bois. Plus qu’un métier, la sculpture sur bois est une véritable passion à laquelle l’entrepreneure s’adonne depuis plus de 20 ans.  Elle parle aussi de sa participation au Beachcomber Aventure 2017.

Artisane de l’association Beautiful Local Hands, de la Fondation Espoir Développement (FED) Beachcomber, Joëlle fait partie des artisans qui ont travaillé sur les totems de la Beachcomber Aventure 2017, une compétition qui a réuni des agents de voyages pour quatre jours d’aventures. Une première pour cette sculptrice, qui n’a pas eu la chance d’être scolarisée et qui réalise son rêve : vivre de sa passion et aider sa famille à avancer.

« C’est une fierté d’avoir participé au projet de la Beachcomber Aventure 2017.  Nous étions trois artisans à travailler sur les totems », explique Joëlle. Pourtant rien ne prédestinait cette habitante de Ste-Croix à un tel avenir, elle qui n’a pas eu la chance d’aller à l’école.  « Un jour, m’a tante m’a proposée de l’aider à  réaliser une sculpture sur bois », raconte-t-elle. À partir de ce moment,  Joëlle décide de se lancer dans le monde de l’entrepreneuriat en faisant de la sculpture son métier. Cependant, la clientèle se fait rare et elle se voit obligée de travailler dans une fabrique de maquettes de bateaux pour joindre les deux bouts. « J’ai ensuite eu la chance de rejoindre Beautiful Local Hands », poursuit-elle.

Joëlle  compte aujourd’hui,  parmi ses clients, les hôtels Beachcomber, comme le Canonnier Beachcomber, qui lui permettent de vendre ses produits aux clients le soir, ainsi que plusieurs autres entreprises. Parmi les produits les plus demandés, des petites cuillères en bois (à Rs 300), des décapsuleurs en bois (à Rs 500) et surtout ses incontournables porte-clés en bois (entre Rs 200 et Rs 225).  « Les porte-clés en forme de cœur sont très demandés. Les clients me demandent souvent de faire personnaliser leurs pièces, de graver leurs noms ou leurs dates de mariage, souvenir de leur passage à Maurice », indique notre interlocutrice.

Si à ses débuts, Joëlle travaillait dans l’ombre, aujourd’hui elle met en lumière son talent en participant à des expoventes ou en réalisant des sculptures devant les clients dans les hôtels. La langue, cependant, peut être un handicap lors de ventes. « J’arrive à me débrouiller en français et pour ce qui est de l’anglais, je peux compter sur l’aide de mes filles qui m’ont enseignée quelques bases », dit-elle fièrement. Le soutien de la famille est fondamental pour Joëlle. Elle peut d’ailleurs compter sur l’appui de son mari, qui l’aide à livrer des commandes dans les hôtels et à couper le bois, étant, lui aussi, sculpteur de meubles.

Qualité, créativité, respect des délais de livraison, capacité d’adaptation aux exigences et disposition à réaliser des petites productions, sont autant de raisons qui font le succès de cette artisane. Et, ce, même si parfois les ventes ne sont pas toujours au rendez-vous.  Joëlle soutient que la principale difficulté, c’est que souvent les clients ne sont pas conscients du gros travail requis pour la réalisation  des produits de qualité et des pièces uniques. « Ils affichent une certaine réticence à payer le prix demandé », dit-elle. Elle ne se décourage pas pour autant. La satisfaction des clients la motive davantage et lui donne le courage d’avancer.

« Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont aidée depuis mes débuts. », dit-elle.