Maurice est en ce moment moins compétitif et la concurrence directe est plus performante. Tel est le constat de Jocelyn Kwok. Le Chief Executive Officer de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Île Maurice (AHRIM) reste, toutefois, confiant que la basse saison touristique sera nettement meilleure.
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En mars, les arrivées touristiques ont chuté de 4,5 %. À quoi attribuez-vous cette baisse alors que nous sommes en haute saison ?
Effectivement, cette chute est source d’inquiétudes pour l’industrie. Il est clair que nous subissons pendant un très court laps de temps et de manière peut-être plus forte les effets négatifs d’un ralentissement économique en Chine, du phénomène des gilets jaunes, couplé de l’attrait renforcé de la politique de continuité territoriale à La Réunion, de l’incertitude autour du Brexit ou encore d’un marché indien peu dynamique. Nos marchés français et allemand se portent bien heureusement, alors que l’Afrique du Sud reste stable. Si nous tentons la comparaison avec nos concurrents directs de l’océan Indien, nous constatons que la plupart d’entre eux ne souffrent pas autant que nous, bien au contraire.
Le seul marché qui est au ralenti en ce moment sur les quatre pays (Maldives, Seychelles, Sri Lanka et Maurice) demeure la Chine. Donc, à l’évidence, Maurice est moins compétitif et la concurrence directe est plus performante. La question de compétitivité est large, car l’offre de la destination Maurice est très diversifiée, que ce soit pour l’aérien, l’hébergement ou les activités recherchées. De plus, le profil du voyageur recherché est lui-même très varié avec une propension à consommer de l’aérien ou de l’hébergement qui n’est pas forcément liée à un pouvoir d’achat. La situation actuelle de baisse de compétitivité devrait nous pousser à formuler des meilleures stratégies pour le tourisme. Avec les autorités et la MTPA, des projets à court terme sont déjà en chantier.
Doit-on craindre l’arrivée de la basse saison ?
Non, pas à ce stade. Les réservations des chambres d’hôtel reprennent en ce mois d’avril et elles sont même en nette amélioration par rapport à l’année dernière pour les trois mois suivants. La basse saison, durant la saison hivernale mauricienne, est en constante progression depuis ces trois ou quatre dernières années et il n’y a aucune raison pour que 2019 soit différente. Maurice 365 est un concept qu’il convient de nourrir et d’enrichir.
Les arrivées en provenance de l’Inde et de la Chine continuent de baisser. Quelles sont nos failles et comment donner un nouveau souffle sur le marché asiatique ?
Ces deux marchés sont très différents et leurs facteurs d’influence également, de même que le service aérien, même s’il est uniquement proposé par Air Mauritius en ce moment. Les deux marchés ont aussi connu des bonds significatifs dans un passé pas très lointain – l’Inde en 2015 et 2016 et la Chine en 2014 et 2015. Il est difficile de dire s’ils auraient dû continuer à croître à cette vitesse ; je crois plus dans la stabilisation de chaque palier de franchissement à un intervalle donné. Cela permet aux acteurs économiques impliqués de se reprendre, de se ressaisir et de mieux s’armer avant de poursuivre une croissance plus intelligente, avec des partenaires mieux affirmés et surtout en vue d’une profitabilité unitaire plus forte.
Ces deux marchés vont rebondir une fois ces questions résolues. Il y a cependant un aspect important qui devrait intéresser les autorités : le touriste indien ou chinois sort tous les jours. Donc, il est davantage exposé à nos infrastructures nationales et à nos opérateurs économiques en dehors de l’hébergement. S’il ramène des expériences négatives trop nombreuses, son pouvoir de prescription se retrouvera fortement diminué. Or, ce pouvoir de prescription est bien le premier facteur d’influence du voyageur asiatique.
Le ministre Anil Gayan a qualifié « notre expérience avec le tourisme chinois » de « décevante » et déplore au passage le « manque de consultations » avec Air Mauritius sur ce dossier. Partagez-vous la même opinion ?
Je n’ai pas de réponse directe à votre question, même si je pourrais deviner la réaction d’Air Mauritius. Le manque de consultations est un phénomène courant, mais l’importance des problématiques à traiter devrait nous dicter une approche plus adaptée, plus intelligente et, surtout, plus convergente. Même si les rôles et les responsabilités sont bien partagés, l’effort de concertation et de coordination doit être égal. Certains acteurs consultent régulièrement, alors que d’autres ont plus de mal ou subissent plus de contraintes en interne.
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