Jibran, ami de Kaushik : «Mo ti aret sa sofer-la pou ladrog, zordi linn touy mo frer»

• Le suspect Jogarah accusé d’homicide involontaire 

Il est sous le choc et n’arrive pas à accepter la disparition tragique de son ami, tué par un camion à Cascavelle, mardi soir. Jibran et Baboo (Kaushik) Dulhumsingh s’étaient connus en 2015 durant leur affectation à la National Coast Guard (NCG). Ils se sont vite liés d’amitié et étaient devenus presque inséparables. Jibran, affecté à la brigade antidrogue, soutient qu’il avait déjà procédé à l’arrestation du suspect pour une affaire de drogue. « Zordi, linn touy mo kamarad », lâche-t-il tristement.  Un rappel des faits. Vers 18 h 30 le mardi 21 novembre, le constable Kaushik Dulhumsingh est en voiture avec son épouse Bhavna, à Cascavelle, en direction de Rivière-Noire. À un moment, un camion, en les doublant, heurte leur voiture. Cette manœuvre interpelle le policier, mais le chauffeur du camion, lui, ne s’arrête pas.

Le constable descend de sa voiture et interpelle un motocycliste, Christopher Pierre. Il lui demande de suivre le camion. Kaushik dira à son épouse de déclencher les feux de stationnement et de rester dans la voiture

Kaushik Dulhumsingh et le motocycliste poursuivent alors le camion, avant de le dépasser un peu plus loin. Mais le malheur va s’abattre sur le jeune élément de la NCG. Le camion fonce sur la moto, écrasant le constable sur son passage. Le chauffeur, un dénommé Kavish Jogarah, sera appréhendé. Ce livreur, habitant Cascavelle, ne détient pas de permis de conduire. Il fait l'objet d'une accusation provisoire de conduite dangereuse et d’homicide involontaire devant la justice. Il est maintenu en détention dans cette enquête qui pourrait comporter un volet pour un délit de meurtre.

Chez les Dulhumsingh, le temps s’est arrêté. Bhavna, la veuve du policier, avait, dans un bouleversant témoignage au Défi Media Group, fait le récit des événements. « Kaushik, avait-elle soutenu, était un homme bon, un fils exemplaire et un mari dévoué. C’était la lumière de notre maison ».Outre la famille de Kaushik, Jibran, son meilleur ami, son frère d’armes, est lui aussi anéanti. « Nou plis ki frer. Mo madam Shereen ousi kamarad ar Bhavna. Pena ler pena minit nou ti ansam », raconte cet élément de l’Adsu. Jibran raconte d’emblée qu’il avait déjà arrêté Kavish Jogarah, suspect dans une affaire de drogue. « Monn deza aret li pou enn zafer ladrog, zordi linn touy mo kamarad », dit-il. Cela remonte à 2021 ; Jibran était affecté à la brigade antidrogue de la Western Division, sous la houlette de l'ASP Ashik Jagai, alors responsable de l'Adsu de l'Ouest. Le suspect Jogarah avait retrouvé la liberté conditionnelle. « L'affaire est toujours devant la justice », dit le policier. Il nous parle aussi de cette amitié voire fraternité qui les unissait, Kaushik et lui. « Nous nous sommes connus en 2015. Nous étions affectés à la garde-côte nationale de l'Ouest. Nounn travay preske kat an ansam, Nou ti plis ki bann bon kamarad. Kaushik ti transfer, me nou lamitie pann sanze, o kontrer, inn vinn pli for ». 

Jibran explique que comme son épouse Shereen et Bhavna étaient de bonnes amies, cela n’a fait que renforcer leur amitié. « Mo ti deza kamarad ar li, apre linn konn Bhavna. Mo madam si ti kamarad ek Bhavna », poursuit le policier. Il y a quelque temps, les deux couples avaient fait un voyage en Thaïlande. « Nou ti prevwar enn voyaz en janvier 2024 », lâche-t-il tristement. Ils avaient prévu de se rendre en Inde pour fêter l’anniversaire de mariage de Kaushik et Bhavna. Ils allaient fêter leur quatre années de vie commune le mois prochain.

« Pena ler pena minit nou ti al kot nou kamarad », poursuit Jibran. Kaushik s'était marié un an avant lui. Les deux couples multipliaient les sorties pour se changer les idées après travail. « Kouma nou lanplwa di tan pemet, nou ti pe fer bann sorti ».

Sur le plan professionnel, Kaushik était un policier dévoué et voulait toujours apprendre pour se perfectionner. « Ti enn perfeksionis dan lavi personel ek profesionel », dit Jibran. Durant leur carrière, après quelque temps à la NCG, les deux policiers ont suivi des voies différentes. « Mo ti ale l’Adsu, Kaushik ti al Northern Division Police. Nou ti gard enn bon relasion, ziska so dernie zour », poursuit Jibran. Le jour du drame, Jibran est de service quand il reçoit un appel de Bhavna. « Linn sonn mwa e deswit monn pran motosiklet mon al laba », dit le jeune homme, qui arrive sur place avant les autres membres de la famille. Il discute brièvement avec Bhavna avant de se rendre sur le lieu de l’impact. Il aura la lourde tâche de procéder à l'identification du cadavre de son ami. « Kouma mone trouv so savat, monn kone limem. Monn konfirme avek mo bann koleg polisie », soutient le constable.

Il revient que peu avant de rendre l’âme, Kaushik ne cessait d’appeler Bhavna. « Ce ne sera pas facile à oublier », dit Jibran.